testing - International Labour Organization
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Avec Latifa Boukhrit, l'employeur commence en précisant qu'il a reçu le matin même<br />
une personne avec huit ans d’expérience dans le prêt-à-porter, et qu’il privilégie<br />
l’expérience et le travail en équipe avec les autres vendeuses. Il lui fait remarquer qu’elle<br />
habite loin, lui demande si elle est prête à faire les trajets et insiste sur leur pénibilité<br />
[rappelons que les deux candidates mises en concurrence habitent dans la même<br />
commune].<br />
Quelques jours après ces entretiens, Latifa reçoit une réponse lui signifiant que « le poste<br />
est pourvu » ; pour Marion : « le poste est pourvu mais on vous rappelle si la personne à<br />
l’essai ne convient pas ».<br />
La préférence ou le choix discriminatoire en raison de « l’origine » sont rarement exprimés<br />
comme tels. Quelques formules explicites ont néanmoins été recueillies dans les tests. La<br />
formule suivante est sans doute d’autant plus éloquente qu’elle n’était pas censée être<br />
entendue :<br />
Poste à pourvoir : commis de cuisine dans un restaurant<br />
Modalité de contact initial : envoi de CV par courrier postal<br />
Déroulement du test :<br />
Sans réponse de l’employeur une semaine après avoir envoyé leur CV, les testeuses<br />
relancent par téléphone.<br />
Farida Larbi appelle la première et obtient un employé, qui lui dit que le responsable<br />
n’est pas disponible, et qu’il la rappellera.<br />
Emilie Moulin appelle vite après et tombe sur l'employé, qui lui passe le responsable.<br />
Elle entend ce dernier dire en aparté à son employé : « c'est pas encore une Rachida qui<br />
appelle ».<br />
Après un rapide entretien, l’employeur dit à Emilie qu’il la rappellera ; ce qu’il fait<br />
effectivement trois jours après, pour lui proposer un essai.<br />
Farida n’est pas recontactée.<br />
Formellement dans ce test, la candidate minoritaire s’est simplement vu proposer une mise en<br />
attente. Au vu du déroulement de l’ensemble du test, cette mise en attente apparaît comme<br />
une sorte de discrimination raciste masquée.<br />
Dans les autres cas où elle transparaît, l’expression de la discrimination passe par des propos<br />
moins rudes que les précédents, mais qui parfois peuvent y compris être directement adressés<br />
au candidat concerné. Ainsi Kader Larbi, suite à un premier appel où il avait déjà relevé un<br />
long silence après l’énoncé de son nom, s’est entendu refuser un poste lors de son appel de<br />
relance parce que l’entreprise recherchait « des gens locaux ».<br />
Au moins deux tests ont porté sur des offres d’emploi dont l’annonce elle-même comportait<br />
une formule discriminatoire. Il s’agissait d’annonces où la maîtrise du « dialecte » local était<br />
souhaitée ou exigée — le cas est bien connu en Alsace. Pourtant, lors des conversations de<br />
l’employeur avec les candidates, ce point n’est nullement abordé. Et le résultat final de ces<br />
deux tests est que la candidate minoritaire se voit signifier que l’emploi est pourvu, tandis que<br />
la candidate majoritaire obtient une entrevue.<br />
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