26.01.2014 Views

testing - International Labour Organization

testing - International Labour Organization

testing - International Labour Organization

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

(differential treatments) 1 . Elles ne résident pas, comme telles, dans les opinions que l’on peut<br />

en avoir, ni dans les situations qu’elles peuvent entraîner (differential outcomes).<br />

Les exercices statistiques ou économétriques classiques, qui analysent les positions occupées<br />

sur le marché du travail ou dans l’emploi (differential outcomes), ont donc pour limite de<br />

n’offrir qu’une approche indirecte des discriminations 2 . Les écarts éventuellement constatés<br />

entre les situations des personnes selon leurs « origines », s’ils sont systématiques et d’une<br />

certaine ampleur, et s’ils sont mesurés toutes choses égales par ailleurs, vont autoriser à poser<br />

l’hypothèse que des pratiques discriminatoires participent à leur formation ; mais il reste<br />

précisément à identifier les pratiques ou les processus discriminatoires en cause. De leur côté,<br />

les enquêtes d’opinions, de perceptions, de prédispositions ou d’attitudes enregistrent en<br />

général les paroles et non les actes, et font difficilement la part de la dissimulation, de l’autopersuasion<br />

ou du conditionnement dans le discours des personnes enquêtées.<br />

La méthode du « test de discrimination » 3 , en revanche, permet de cerner les pratiques<br />

discriminatoires directement, et dans les faits. Il s’agit d’une technique d’expérimentation,<br />

mais qui procède en situation réelle 4 . Pour pratiquer des tests de discrimination à<br />

l’embauche, par exemple, des opportunités réelles d’emploi sont identifiées, le plus souvent<br />

dans les annonces éditées par la presse ou par les services de placement. Deux « candidats<br />

testeurs », ne différant entre eux que par le critère discriminatoire à l’encontre duquel il s’agit<br />

de tester les pratiques des recruteurs, engagent alors la même procédure de candidature pour<br />

le même emploi. Ces deux « candidatures-tests » jouent en quelque sorte le rôle de stimulus<br />

dans l’expérimentation. Les comportements adoptés en réponse par les recruteurs, qui se<br />

trouvent en situation réelle, vont être scrupuleusement enregistrés.<br />

Le contrôle de l’exercice du test, par la construction précise de deux candidatures en tous<br />

points similaires exception faite du critère dont on veut mesurer l’influence, permet de retenir<br />

ce dernier comme motif des différences de traitement relevées. L’objectif, en même temps, est<br />

de préserver « l’authenticité » de l’enregistrement effectué, en évitant les effets intrusifs et les<br />

biais d’une pratique d’observation qui transparaîtrait comme telle. Cette double ambition, la<br />

force probante d’une expérience contrôlée dans le maintien d’une situation de « vie réelle »,<br />

fait aussi la principale limite des tests de discrimination : ceux-ci ne semblent praticables que<br />

sur les processus d’accès — à l’emploi, au logement, aux services, aux établissements de<br />

loisirs — qui mettent en présence des gens qui ne se connaissent pas. Il est difficile<br />

d’imaginer, par exemple, ce que seraient des tests de discrimination en matière de promotions<br />

professionnelles.<br />

1 Qu’il s’agisse par ailleurs de discriminations « directes » ou « indirectes », selon les qualifications de<br />

droit européen définies dans les directives 2000/43/CE, 2000/78/CE et 2006/54/CE (refonte).<br />

2 Que ces discriminations, une fois de plus, soient par ailleurs « directes » ou « indirectes » selon les<br />

qualifications de droit européen. Il ne faut pas confondre le fait que les statistiques de positions<br />

peuvent permettre un repérage indirect des discriminations — « directes » ou « indirectes » — avec<br />

l’argument, inexact, selon lequel ces statistiques seraient absolument nécessaires, voire suffisantes, au<br />

repérage des discriminations indirectes — elles n’y sont ni toujours nécessaires, ni jamais suffisantes.<br />

3 La commission française de néologie désapprouve l’usage du terme de « <strong>testing</strong> », et recommande<br />

celui de « test de discrimination », défini comme l’opération qui vise à déceler des comportements<br />

discriminatoires en effectuant successivement des démarches analogues au nom de personnes<br />

différentes par leur seule « origine » ou un autre critère prohibé.<br />

4 Pour cette raison, cette technique est souvent appelée aussi le « test de situation » (situation <strong>testing</strong>).<br />

9

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!