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Nuisances sonores aéroportuaires - Centre d'information et de ...

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quantitatifs que sont la mesure, la surveillance <strong>et</strong> la<br />

cartographie. La réunion publique, les comités <strong>de</strong> pilotage<br />

sont <strong>de</strong>s moyens plus qualitatifs. Le fonctionnement par<br />

comité <strong>de</strong> pilotage, sur une durée limitée ou <strong>de</strong> manière<br />

permanente, se prête bien à l’établissement <strong>de</strong> diagnostics,<br />

étayés par <strong>de</strong>s cartographies. Parmi les outils envisageables,<br />

on citera les enquêtes (d’utilité publique en cas <strong>de</strong> proj<strong>et</strong><br />

conséquent), les questionnaires, les expositions,<br />

l’information par voie <strong>de</strong> presse ou par Intern<strong>et</strong> <strong>et</strong> les<br />

observatoires du bruit, qui sont <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> concertation<br />

pertinents.<br />

Tous ces outils peuvent être mis en œuvre pour nourrir le<br />

débat public <strong>et</strong> porter l’information, mais sans un effort <strong>de</strong><br />

communication fourni par l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs, aucun <strong>de</strong><br />

ces outils ne pourra remplir son rôle. De fait, la finalité <strong>de</strong><br />

toutes ces modalités <strong>de</strong> concertation, le débat <strong>de</strong> fond,<br />

reste souvent centré sur la pédagogie.<br />

Les enjeux <strong>de</strong> la communication<br />

Parmi les nombreuses vertus <strong>de</strong> la communication, j’en<br />

développerai trois. Tout d’abord, la communication incite à<br />

la prise en considération <strong>de</strong> l’environnement sonore au bon<br />

moment, le plus tôt possible donc, <strong>et</strong> à la bonne échelle<br />

(pays, région, département, agglomération, quartier, rue…).<br />

Deuxième bénéfice, la communication facilite le consensus<br />

sur les proj<strong>et</strong>s. Enfin, la communication perm<strong>et</strong> aussi <strong>de</strong><br />

valoriser les actions <strong>de</strong> progrès. Ce <strong>de</strong>rnier point a son<br />

importance : l’amélioration, ou la préservation, <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore a une valeur ; c’est c<strong>et</strong>te valeur sur<br />

laquelle il est important <strong>de</strong> communiquer <strong>et</strong> pas uniquement<br />

sur le coût du bruit. Pour illustrer ceci, je prendrai un<br />

exemple. Vous pouvez gagner quelques décibels en réalisant<br />

<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> réduction du bruit ; votre gain, objectif, se<br />

traduit par quelques pourcents <strong>de</strong> personnes gênées en<br />

moins. D’un autre côté, avec le même gain en décibels, mais<br />

en vous appuyant sur une bonne communication, vous<br />

gagnerez quelques décibels, mais subjectifs c<strong>et</strong>te fois ;<br />

votre gain s’exprime alors en pourcentage <strong>de</strong> plaignants. C<strong>et</strong><br />

exemple quelque peu caricatural vient illustrer le fait que le<br />

taux <strong>de</strong> satisfaction globale est proportionnel au gain en<br />

décibels multiplié par la valorisation <strong>et</strong> les explications qui<br />

accompagnent ce gain. Dans c<strong>et</strong>te équation, apparaît bien le<br />

produit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux termes : si l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux est nul, le résultat<br />

est nul. C<strong>et</strong>te logique est au cœur <strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong><br />

concertation.<br />

Les freins à la communication<br />

Sans intention d’exhaustivité, mais plus pour lancer le<br />

débat, voyons quelques-uns <strong>de</strong>s freins à la communication.<br />

Le coût, le temps <strong>et</strong> la logistique sont à citer en premier<br />

lieu : organiser <strong>de</strong>s réunions avec <strong>de</strong> multiples acteurs n’a<br />

rien <strong>de</strong> simple. Un autre aspect, peut-être un peu<br />

provocateur, tient au fait que la démarche communicante<br />

ne fait pas partie <strong>de</strong> la tradition <strong>de</strong>s ingénieurs, qui ne sont<br />

pas réellement formés à c<strong>et</strong> exercice. Cela s’apprend sur le<br />

terrain. Autre point, fondamental, qui revient<br />

systématiquement : la crainte d’engendrer <strong>de</strong>s attentes, <strong>de</strong><br />

déclencher <strong>de</strong>s hypersensibilités sur les questions <strong>de</strong>s risques<br />

sur la santé, <strong>de</strong>s risques économiques, <strong>de</strong> dépréciation<br />

immobilière notamment, voire <strong>de</strong>s contentieux. Il faut<br />

m<strong>et</strong>tre en balance le risque <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong>s plaintes <strong>et</strong> les<br />

bienfaits <strong>de</strong>s actions. Les incertitu<strong>de</strong>s sur le r<strong>et</strong>our sur<br />

investissement sont un autre frein fréquemment évoqué :<br />

communiquer coûte parfois cher <strong>et</strong> l’on ne sait pas ce que<br />

cela va rapporter ; en revanche, il faut aussi évaluer ce que<br />

l’absence <strong>de</strong> communication risque <strong>de</strong> coûter...<br />

Le frein majeur se situe probablement dans les difficultés <strong>de</strong><br />

la pédagogie sur le thème du bruit. Attention aux pièges <strong>de</strong>s<br />

décibels, aux indicateurs complexes, notamment aux<br />

indicateurs dosimétriques, qui sont très difficiles à expliquer<br />

à un public non connaisseur. Et puis, face à un suj<strong>et</strong><br />

éminemment subjectif, sur lequel les ressentis individuels<br />

sont forts, la sensibilité du public <strong>et</strong> le besoin <strong>de</strong><br />

comprendre compliquent l’exercice <strong>de</strong> pédagogie. Il en va<br />

<strong>de</strong> même <strong>de</strong>s contradictions entre souhaits légitimes<br />

d’intimité <strong>et</strong> <strong>de</strong> relations sociales. D’autant que l’aspect non<br />

linéaire <strong>de</strong> la relation entre bruit <strong>et</strong> gêne, ou <strong>de</strong> la relation<br />

entre dose <strong>et</strong> réponse, ajoute à la complexité <strong>de</strong> la posture.<br />

Pour prendre un exemple bien connu, quand on implante un<br />

tramway en centre-ville, le niveau <strong>de</strong> bruit du trafic routier<br />

baisse localement, ce qui peut se traduire par une<br />

émergence du bruit du tramway <strong>et</strong> occasionner davantage<br />

<strong>de</strong> plaintes, malgré l’amélioration « quantitative » <strong>de</strong><br />

l’ambiance sonore locale. C’est un cas lié à « l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

masque » du bruit qui vaut également pour d’autres<br />

contextes.<br />

Un autre frein tient à la forte transversalité politique, à la<br />

dilution <strong>de</strong>s responsabilités, même si la transposition <strong>de</strong> la<br />

directive <strong>de</strong>vrait clarifier les responsabilités en matière <strong>de</strong><br />

bruit. A mentionner également, la complexité inhérente aux<br />

spécificités <strong>de</strong>s diverses sources <strong>de</strong> bruit, aux contextes<br />

différents, complexité qui se r<strong>et</strong>rouve dans l’interprétation<br />

<strong>de</strong>s textes réglementaires, qui évoluent souvent, ce qui ne<br />

facilite évi<strong>de</strong>mment pas la communication. De plus,<br />

comparativement à d’autres formes <strong>de</strong> pollution<br />

environnementale, le bruit est une nuisance qui se propage<br />

relativement peu : excepté peut être pour le bruit <strong>de</strong>s<br />

avions, les problèmes sont assez localisés <strong>et</strong> leur traitement<br />

nécessite <strong>de</strong>s adaptations aux spécificités locales, au cas par<br />

cas. Ces difficultés peuvent engendrer, on le comprend,<br />

certaines réticences à s’engager dans un plan <strong>de</strong> prévention<br />

<strong>de</strong> bruit dans l’environnement à l’échelle d’un territoire.<br />

Ajoutons enfin le fait que l’on pense souvent — évi<strong>de</strong>mment<br />

à tort — qu’il sera toujours possible <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong><br />

l’environnement sonore lorsque les problèmes <strong>de</strong> bruit<br />

apparaîtront, puisque <strong>de</strong>s solutions curatives existent. C<strong>et</strong>te<br />

illusion <strong>de</strong> facilité nuit <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce à la motivation <strong>de</strong>s<br />

collectivités à communiquer en amont sur le suj<strong>et</strong>.<br />

Des pistes pour faciliter la communication<br />

Ni exhaustives, ni universelles, les quelques pistes que je<br />

propose ici sont plus <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> réflexion qui pourront<br />

contribuer à nourrir le débat dans la suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong> atelier.<br />

Tout d’abord, <strong>et</strong> c’est l’expert judiciaire en acoustique qui<br />

s’exprime c<strong>et</strong>te fois, il convient <strong>de</strong> s’appuyer sur la<br />

réglementation <strong>et</strong> non pas <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rancher <strong>de</strong>rrière elle. En<br />

eff<strong>et</strong>, en cas <strong>de</strong> litige, aux yeux <strong>de</strong>s tribunaux, la conformité<br />

n’est pas une garantie expresse <strong>de</strong> tranquillité, si bien que<br />

le jugement porte plutôt sur la gêne.<br />

Dans le contexte d’un proj<strong>et</strong>, il est opportun <strong>de</strong> désigner<br />

une “personne ressource” : on mobilisera par exemple un<br />

« numéro vert » ou on s’appuiera sur un « observatoire »,<br />

une ressource pertinente à l’échelon local. Autre élément à<br />

gar<strong>de</strong>r à l’esprit, il faut communiquer “juste ce qu’il faut”.<br />

Entre le matraquage, rare dans ce domaine, <strong>et</strong> l’absence <strong>de</strong><br />

communication, source <strong>de</strong> rumeurs ou <strong>de</strong> désinformation, se<br />

trouve le bon compromis. Bien sûr, on s’attachera à<br />

vulgariser le vocabulaire technique, à démystifier autant que<br />

possible, à expliquer le principe du niveau équivalent L Aeq ,<br />

<strong>de</strong>s indicateurs normalisés. Le L Aeq est souvent critiqué en<br />

tant qu’indicateur <strong>de</strong> gêne, mais il <strong>de</strong>meure un indicateur<br />

souvent pertinent : il faut bien insister sur le fait qu’il ne<br />

s’agit pas d’une simple « moyenne » — ce dont, fort<br />

justement, le public ne veut pas —, mais d’une gran<strong>de</strong>ur qui<br />

accor<strong>de</strong> un poids très important aux niveaux les plus forts.<br />

Concernant le L <strong>de</strong>n , nous disposons pour l’heure <strong>de</strong> peu <strong>de</strong><br />

r<strong>et</strong>ours sur les difficultés rencontrées dans son explication. Il<br />

semble néanmoins que le seul fait <strong>de</strong> préciser, sans<br />

forcément montrer la formule, que les sensibilités propres<br />

<strong>de</strong> la soirée <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nuit sont affectées <strong>de</strong> « pénalités » <strong>de</strong> 5<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 121

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