Nuisances sonores aéroportuaires - Centre d'information et de ...
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principe, à <strong>de</strong>s exigences d’isolation appropriées. Peut-être<br />
faudrait-il imaginer une quatrième zone du PGS dont les<br />
contours correspondraient à la zone D du PEB. Le problème,<br />
c’<strong>et</strong> que le PEB est établi sur la base d’un horizon lointain <strong>et</strong><br />
que le PGS, lui, traduit la situation sonore actuelle : à trop<br />
vouloir élargir le PGS, on risque d’avoir <strong>de</strong>s PGS plus étendus<br />
que les PEB, car ceux-ci tiennent compte du r<strong>et</strong>rait futur <strong>de</strong>s<br />
avions les plus bruyants. C’est la raison pour laquelle les<br />
Américains ne touchent plus aux contours <strong>de</strong> bruit ; cela fait<br />
dix ou quinze ans qu’ils travaillent avec la même<br />
cartographie L dn 55, qui tient compte <strong>de</strong> l’empreinte sonore<br />
<strong>de</strong>s avions du chapitre 2. Ils savent qu’une nouvelle<br />
cartographie ne pourrait que rétrécir les contours.<br />
Les vertus d’une étu<strong>de</strong> épidémiologique<br />
Monique Vern<strong>et</strong> : J’approuve votre différenciation entre<br />
pathologies induites, eff<strong>et</strong>s cardio-vasculaires en particulier,<br />
<strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s sur le sommeil, qui sont beaucoup mieux<br />
connus, quoique <strong>de</strong> façon très factuelle. On sait les<br />
répercussions du bruit sur le sommeil, mais on a moins <strong>de</strong><br />
certitu<strong>de</strong>s sur les conséquences sur la santé, à moyen <strong>et</strong><br />
long terme, <strong>de</strong>s perturbations du sommeil. Il est vrai qu’en<br />
matière <strong>de</strong> risques <strong>de</strong> pathologies cardio-vasculaires, on est<br />
moins avancés. Je me réjouis donc <strong>de</strong> votre proposition <strong>de</strong><br />
lancer une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> type épidémiologique par cohorte. Il se<br />
trouve que c’est également là un <strong>de</strong>s soucis <strong>de</strong> l’Acnusa :<br />
mener une étu<strong>de</strong> épidémiologique qui apporterait <strong>de</strong>s<br />
connaissances plus affirmées concernant les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s bruits<br />
<strong>de</strong>s avions sur la santé <strong>de</strong>s populations riveraines. Vous avez<br />
parlé aussi du partage <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> l’espace aérien,<br />
ce dont nous <strong>de</strong>vrions beaucoup parler tout au long <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
réunion.<br />
Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Par optimisation <strong>de</strong> l’utilisation du ciel,<br />
le CHSPF comprend le contrôle du respect <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
vols, <strong>de</strong>s manœuvres <strong>de</strong> décollage <strong>et</strong> d’atterrissage, le<br />
développement <strong>de</strong> l’intermodalité avec le réseau ferré, le<br />
renforcement <strong>de</strong>s conditions d’exploitation la nuit… ces<br />
recommandations restent très générales.<br />
Eff<strong>et</strong>s biologiques certains, eff<strong>et</strong>s sanitaires<br />
pas prouvés<br />
Guillaume Faburel : Juste une remarque. M. Grén<strong>et</strong>ier,<br />
dans son exposé, a parlé d’eff<strong>et</strong>s biologiques. Un eff<strong>et</strong><br />
biologique n’est pas forcément un eff<strong>et</strong> sanitaire <strong>et</strong> c’est là<br />
toute la difficulté que posent les eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé.<br />
L’on dispose <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>s sur le lien entre exposition au<br />
bruit — notamment aux bruits impulsionnels ou aux bruits<br />
émis <strong>de</strong> manière irrégulière — <strong>et</strong> un certain nombre d’eff<strong>et</strong>s<br />
biologiques tels que les phases du sommeil, la tension<br />
artérielle, le rythme cardiaque, les sécrétions hormonales. Il<br />
y a tout lieu <strong>de</strong> penser — mais on manque <strong>de</strong> preuves — que<br />
ces eff<strong>et</strong>s biologiques ont <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sanitaires en terme <strong>de</strong><br />
maladies chroniques ou aiguës. Depuis la plénière <strong>de</strong> ce<br />
matin <strong>et</strong> c<strong>et</strong> atelier maintenant, il est étonnant <strong>de</strong> constater<br />
que la notion <strong>de</strong> stress est absente du débat. Or, c’est pour<br />
moi un point absolument fondamental. Si le stress est une<br />
réaction physiologique normale, l’excès <strong>de</strong> stress, en<br />
revanche, a d’importants eff<strong>et</strong>s potentiels sur la santé.<br />
Enfin, selon le ressenti qu’un individu a <strong>de</strong>s décibels qu’il<br />
reçoit, les eff<strong>et</strong>s potentiels sur la santé peuvent être très<br />
différents. Le bruit doit donc être abordé <strong>de</strong> manière<br />
quantitative mais également avec une approche qualitative.<br />
Le bruit du bourdon d’une cathédrale située à 30 mètres<br />
faisant irruption dans l’espace sonore d’une chambre à<br />
coucher n’est pas forcément mal ressenti, mais quand la<br />
même irruption provient d’un avion, les eff<strong>et</strong>s sur la santé<br />
peuvent être très différents.<br />
Monique Vern<strong>et</strong> : Effectivement, la signification, les aspects<br />
qualitatifs <strong>et</strong> subjectifs, sont très importants à prendre en<br />
considération. Concernant les eff<strong>et</strong>s sur la santé, <strong>et</strong> non pas<br />
seulement les eff<strong>et</strong>s biologiques, le mystère reste encore<br />
bien gardé <strong>et</strong> c’est sûrement la question centrale <strong>de</strong>s cinq<br />
ou dix prochaines années : pouvoir apporter <strong>de</strong>s preuves<br />
tangibles <strong>de</strong> l’existence ou non d’eff<strong>et</strong>s sanitaires du bruit.<br />
Nicolas Grén<strong>et</strong>ier : Comme l’a souligné le Dr Ritter, une<br />
modification <strong>de</strong> l’architecture du sommeil n’a pas <strong>de</strong><br />
conséquences immédiates. Cela dit, après plusieurs années<br />
<strong>de</strong> sommeil perturbé, on peut imaginer en revanche qu’il y<br />
ait <strong>de</strong>s conséquences, d’où l’idée d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cohorte,<br />
d’un suivi sur plusieurs années.<br />
De la salle : Une expérience a été menée sur <strong>de</strong>s chats :<br />
placés au milieu d’une piscine, sur un bloc <strong>de</strong> polystyrène,<br />
ils ne pouvaient pas s’allonger, mais simplement rester<br />
assis ; ainsi totalement privés <strong>de</strong> sommeil paradoxal, ces<br />
chats sont morts dans un délai d’environ <strong>de</strong>ux semaines.<br />
On ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas assez aux riverains ce<br />
qu’ils ressentent réellement<br />
Odile Salomé (Collectif contre les nuisances aériennes <strong>de</strong><br />
l’agglomération toulousaine) : Posez la question aux<br />
riverains. Eux savent ce qu’ils subissent. La perturbation du<br />
sommeil engendre un état <strong>de</strong> fatigue, <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong><br />
concentration, <strong>de</strong>s pathologies <strong>de</strong> type hypertension, <strong>de</strong>s<br />
troubles cardiaques. Cela aggrave toutes les pathologies<br />
existantes. Si quelqu’un est mala<strong>de</strong> <strong>et</strong> qu’il est renvoyé chez<br />
lui pour se reposer, il n’y a pas <strong>de</strong> repos possible sous les<br />
avions quand on vit à 6 km du point <strong>de</strong> décollage. Peut-être<br />
faut-il commencer par s’intéresser à ce que ressentent les<br />
riverains. Nous apprécions l’accueil qui nous est fait<br />
aujourd’hui mais cela reste rare. La réalité, c’est que nous<br />
sommes tous acteurs <strong>de</strong> la société <strong>et</strong> qu’il conviendrait que<br />
l’industrie du transport aérien se préoccupe davantage <strong>de</strong> ce<br />
qui se passe sous les avions. Il faudrait créer <strong>de</strong>s comités <strong>de</strong><br />
riverains, à l’instar <strong>de</strong>s comités d’usagers. Et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux<br />
personnes qui vivent sous les avions ce qui les gêne le plus.<br />
Ce serait un moyen d’avancer mais cela ne semble pas dans<br />
l’air du temps.<br />
Monique Vern<strong>et</strong> : Il serait bon en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> prévoir un espace<br />
pour que les riverains <strong>de</strong>s aéroports donnent leur point <strong>de</strong><br />
vue, leur ressenti. Il en existe tout <strong>de</strong> même, mais peut-être<br />
sont-ils insuffisants, ou bien les structures existantes ne<br />
sont-elles pas bien utilisées suivant les endroits. La<br />
concertation constituera le thème central d’un certain<br />
nombre <strong>de</strong>s présentations qui vont suivre. On reparlera donc<br />
<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te question, mais c’est un point important.<br />
Janine Le Floch-Fournier : Une certaine forme <strong>de</strong> comités<br />
<strong>de</strong> riverains existe avec les commissions consultatives <strong>de</strong><br />
l’environnement (CCE). Par ailleurs, un certain nombre<br />
d’étu<strong>de</strong>s ont étudié la gêne ressentie. Je pense notamment<br />
à la gran<strong>de</strong> enquête <strong>de</strong> gêne lancée à l’initiative du<br />
ministère <strong>de</strong> l’environnement <strong>et</strong> du ministère <strong>de</strong>s transports,<br />
à travers laquelle le vécu <strong>de</strong>s populations riveraines d’Orly<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> Roissy a été sérieusement exploré.<br />
Monique Vern<strong>et</strong> : Certes, on a interrogé <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />
milliers <strong>de</strong> personnes habitant près <strong>de</strong>s aéroports dans le<br />
mon<strong>de</strong> entier, mais cela ne signifie pas qu’il faille s’en<br />
arrêter là. Il reste encore bien <strong>de</strong>s points à éclaircir. Il<br />
semble évi<strong>de</strong>nt qu’une personne vivant autour d’un aéroport<br />
a un ressenti concernant la qualité <strong>de</strong> son sommeil, mais,<br />
pour le mé<strong>de</strong>cin, le lien avec <strong>de</strong>s pathologies connues n’est<br />
pas forcément évi<strong>de</strong>nt. Nous pressentons tous que <strong>de</strong>s liens<br />
doivent exister <strong>et</strong> ce sont ces liens qu’il faudrait établir <strong>de</strong><br />
façon formelle.<br />
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Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005