Nuisances sonores aéroportuaires - Centre d'information et de ...
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Est-ce que cela mérite d’être réhabilité ? Quand on pose<br />
c<strong>et</strong>te question, on n’est pas loin <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il ne vaut<br />
pas mieux démolir. Qu’en est-il <strong>de</strong>s habitants, que<br />
souhaitent-ils, que <strong>de</strong>viennent-ils ? D’où l’importance,<br />
d’ailleurs, quand on fait <strong>de</strong>s diagnostics <strong>de</strong> la gêne due au<br />
bruit, <strong>de</strong> prendre en compte la perception <strong>de</strong>s habitants.<br />
Ghislain Pinçon : Un élément <strong>de</strong> réponse est à trouver dans<br />
la loi Solidarité renouvellement urbain (SRU), conçue pour<br />
éliminer les logements les plus insalubres. C<strong>et</strong>te loi précise<br />
un certain nombre <strong>de</strong> critères perm<strong>et</strong>tant d’éliminer les<br />
logements les plus défavorisés, mais aucun critère<br />
d’acoustique n’y figure. On a jugé que l’acoustique n’était<br />
pas un enjeu prioritaire. Alors qu’on connaît <strong>de</strong> nombreux<br />
exemples <strong>de</strong> logements impropres à leur <strong>de</strong>stination pour<br />
cause d’isolation acoustique insuffisante.<br />
Jacques Daliphard : Je souhaiterais insister aussi sur le fait<br />
que, dans certains endroits, notamment à Paris, il n’est pas<br />
question <strong>de</strong> démolir : coefficient d’occupation <strong>de</strong>s sols<br />
oblige, si vous démolissez, vous ne pourrez reconstruire que<br />
trois fois moins <strong>de</strong> planchers. C’est ainsi qu’on réhabilite <strong>de</strong>s<br />
immeubles avec <strong>de</strong>s murs en pans <strong>de</strong> bois <strong>et</strong> <strong>de</strong>s planchers<br />
légers, <strong>de</strong>s poutrelles bois, dans <strong>de</strong>s appartements qui vont<br />
se vendre 6000 euros du m 2 . Un <strong>de</strong>rnier point, assez<br />
important : en réhabilitation, il faut essayer <strong>de</strong> ne pas trop<br />
isoler en faça<strong>de</strong> ; 35 dB, c’est bien, 38, c’est un grand<br />
maximum, en cas <strong>de</strong> contraintes du type boulevard<br />
périphérique ou autoroute. De toute façon, il faut gar<strong>de</strong>r le<br />
dormant <strong>de</strong>s menuiseries existant <strong>et</strong> y adapter un dormant<br />
neuf. En réhabilitation, aller “chatouiller” les murs serait<br />
pire encore que <strong>de</strong> laisser le dormant existant. En matière<br />
<strong>de</strong> bruit aérien, il faut voir ce que l’on peut faire ; côté<br />
bruits <strong>de</strong> chocs, on ne peut pas faire n’importe quoi, enfin,<br />
il faut se poser la question <strong>de</strong>s bruits d’équipement. On n’a<br />
pas toujours le loisir d’intervenir comme il le faudrait. Le<br />
tuyau <strong>de</strong>s WC passe parfois chez le voisin n’importe<br />
comment. Cela relève <strong>de</strong> la recherche d’un compromis, en<br />
essayant <strong>de</strong> gérer tous les apports <strong>de</strong> bruit <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas trop<br />
isoler l’un pour faire émerger l’autre, le bruit d’équipement<br />
par exemple.<br />
Philippe Guignouard : Jacques Daliphard a souligné les<br />
difficultés <strong>de</strong> mise en œuvre liées à un objectif d’isolation<br />
<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> trop poussé. C’est un <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> la question.<br />
Ce qui me semble fondamental, c’est la cohérence <strong>de</strong> tous<br />
les objectifs acoustiques qu’on se fixe pour un bâtiment. Si<br />
l’on isole trop la faça<strong>de</strong>, il faudra fortement isoler vis-à-vis<br />
<strong>de</strong>s bruits intérieurs, <strong>de</strong>s bruits d’impact <strong>et</strong> <strong>de</strong>s bruits<br />
d’équipement. On n’a alors plus <strong>de</strong> solution, en particulier si<br />
l’on conserve les planchers. Il faut donc réfléchir, à l’échelle<br />
<strong>de</strong> l’ensemble du bâtiment, à <strong>de</strong>s objectifs cohérents <strong>et</strong><br />
réalistes prenant en compte les éléments du bâtiment à<br />
conserver. Plutôt que <strong>de</strong> préciser <strong>de</strong>s valeurs, le texte cadre<br />
dont vous parliez pourrait inclure ce type d’avertissement.<br />
Enfin, certes, les p<strong>et</strong>its entrepreneurs n’ont pas tous<br />
l’ampleur financière <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r, en interne, <strong>de</strong>s<br />
compétences en acoustique, mais c’est toute la raison<br />
d’être <strong>de</strong>s compétences externes.<br />
Jacques Daliphard : C’était bien le sens <strong>de</strong> mon propos : les<br />
maîtres d’ouvrage rechignent à faire appel à un bureau<br />
d’étu<strong>de</strong>s, disons-le carrément, avant <strong>de</strong> confier <strong>de</strong>s travaux.<br />
Philippe Guignouard : Méfions-nous <strong>de</strong> la définition<br />
d’objectifs, car c<strong>et</strong>te logique n’est pas toujours synonyme<br />
d’amélioration. Prenez l’exemple <strong>de</strong>s bureaux : aucune<br />
réglementation ne s’applique, pourtant, en quinze ans, les<br />
cahiers <strong>de</strong>s charge <strong>de</strong>s maîtres d’ouvrage sont passés <strong>de</strong> 25 à<br />
30 dB d’isolement entre bureaux à un minimum <strong>de</strong> 38 dB. En<br />
vingt ans, on a n<strong>et</strong>tement plus amélioré l’acoustique <strong>de</strong>s<br />
bureaux que celle <strong>de</strong>s logements. Il est vrai que l’on m<strong>et</strong><br />
beaucoup plus d’argent dans les bureaux.<br />
Aline Gaulupeau : Il me semble malgré tout qu’il y aurait<br />
avantage à convaincre les maîtres d’ouvrage du bien-fondé<br />
d’un diagnostic précis <strong>de</strong> l’existant. D’une part, le<br />
diagnostic peut révéler que la performance acoustique du<br />
bâtiment existant est satisfaisante ; d’autre part, cela<br />
perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> fixer <strong>de</strong>s objectifs réalistes, donc d’estimer la<br />
faisabilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s économies sur le coût <strong>de</strong>s<br />
travaux. Faire appel à un bureau d’étu<strong>de</strong> en acoustique, à<br />
mon avis, se traduit par <strong>de</strong>s économies réalisées sur le coût<br />
du chantier <strong>de</strong> réhabilitation <strong>et</strong>, certainement, sur la qualité<br />
du résultat final.<br />
Jacques Daliphard : Il faudra déployer <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong><br />
persuasion car je connais <strong>de</strong>s entreprises qui ne font même<br />
pas apparaître les étu<strong>de</strong>s sur le <strong>de</strong>vis, car le maître<br />
d’ouvrage n’en veut pas. On noie les étu<strong>de</strong>s dans le prix <strong>de</strong>s<br />
travaux. Je pense que Lafarge connaît ça.<br />
Pascal Ozouf : Je voudrais juste rebondir sur les propos <strong>de</strong><br />
Philippe Guignouard <strong>et</strong> sa conclusion qu’il n’y avait pas <strong>de</strong><br />
solution en réhabilitation. Sachez qu’il en existe <strong>de</strong><br />
relativement simples <strong>et</strong> peu coûteuses. Preuve en est<br />
l’opération “1000 logements”, une expérience menée par les<br />
ministères <strong>et</strong> certains laboratoires : même si, par rapport à<br />
l’objectif initial, la conclusion est plutôt mitigée, il existe<br />
<strong>de</strong>s solutions qui font appel à <strong>de</strong>s structures relativement<br />
faibles en épaisseur mais néanmoins performantes en<br />
acoustique. Un exemple : Placosilence.<br />
Mathias Meisser : Il y a toujours <strong>de</strong>s solutions.<br />
Maurice Auffr<strong>et</strong> : Pour en revenir au renforcement <strong>de</strong>s<br />
performances acoustiques <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s, je crois qu’il faut<br />
aussi penser au problème du renouvellement <strong>de</strong> l’air. Un<br />
appartement isolé acoustiquement, c’est un appartement<br />
étanche en faça<strong>de</strong>, étanche au niveau <strong>de</strong>s portes palières,<br />
étanche partout. Sans apport d’air neuf, on va au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s<br />
problèmes. Et ménager <strong>de</strong>s entrées d’air ne suffit pas : l’air<br />
est fainéant, il ne suffit pas <strong>de</strong> faire un trou dans une faça<strong>de</strong><br />
pour que l’air rentre. Il faut une VMC ou un extracteur, mais<br />
alors, attention aux problèmes <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation<br />
superficielle. Ce phénomène peut entraîner <strong>de</strong>s dégâts<br />
collatéraux très importants <strong>et</strong> aboutir à une <strong>de</strong>struction<br />
d’une partie du bâtiment.<br />
Quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>s résultats en<br />
réhabilitation ?<br />
Michel Villot : J’ai bien compris qu’il fallait être très<br />
mo<strong>de</strong>ste sur les objectifs en ce qui concerne la<br />
réhabilitation, <strong>et</strong> que, souvent, aucun diagnostic n’était<br />
réalisé. On a évoqué précé<strong>de</strong>mment, concernant le neuf, le<br />
problème <strong>de</strong>s domaines d’application <strong>de</strong>s produits, <strong>de</strong> la<br />
difficulté à garantir telle performance sur tel support. En<br />
réhabilitation, c’est encore pire : on y rencontre <strong>de</strong>s<br />
supports <strong>de</strong> toute nature. Quel <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maîtrise atteint-on<br />
en réhabilitation ? Est-ce qu’on n’a pas fréquemment <strong>de</strong>s<br />
surprises ?<br />
De la salle : On rencontre en eff<strong>et</strong> tous les cas <strong>de</strong> figure. Si<br />
bien que si l’on ne sait pas exactement <strong>de</strong> quoi est fait<br />
l’existant… D’autant que les surprises peuvent être <strong>de</strong><br />
taille : il m’est arrivé <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s parpaings <strong>de</strong><br />
pouzzolane au premier étage, <strong>de</strong>s briques creuses au<br />
<strong>de</strong>uxième <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pans <strong>de</strong> bois au troisième. Il faut donc<br />
vraiment aller fouiller. En acoustique, si l’on se contente<br />
d’enlever le parqu<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> remplir avec du béton <strong>de</strong><br />
polystyrène, c’est certain, on dégra<strong>de</strong> les performances.<br />
Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 91