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Nuisances sonores aéroportuaires - Centre d'information et de ...

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uit subi <strong>de</strong> nuit surtout, pose <strong>de</strong>s questions en termes<br />

d’acceptation par les populations mais également en termes<br />

<strong>de</strong> santé publique. Le Conseil supérieur d'hygiène publique<br />

<strong>de</strong> France (CSHPF), instance consultative à caractère<br />

scientifique <strong>et</strong> technique placée auprès du ministre chargé<br />

<strong>de</strong> la santé, a donc souhaité ém<strong>et</strong>tre un avis relatif à la<br />

protection <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong>s personnes exposées au bruit <strong>de</strong>s<br />

avions.<br />

Quels sont les dangers du bruit <strong>de</strong>s avions pour les<br />

populations exposées ? En premier lieu, il faut s’intéresser à<br />

la gêne. Le graphique comparant la gêne occasionnée par la<br />

route, le train <strong>et</strong> les avions, graphique présenté ce matin<br />

par Jacques Lambert <strong>de</strong> l’Inr<strong>et</strong>s, montre qu’à niveau sonore<br />

égal, le trafic aérien est plus gênant que le trafic routier,<br />

qui est lui-même plus gênant que le trafic ferroviaire.<br />

Eff<strong>et</strong>s du bruit sur la santé : les pistes<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la gêne, on peut citer trois dangers, même s’il<br />

faut reconnaître que les étu<strong>de</strong>s ne vont pas toutes dans le<br />

même sens. Concernant les eff<strong>et</strong>s sur les performances<br />

scolaires, les résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ten<strong>de</strong>nt, en général, à<br />

montrer une diminution <strong>de</strong>s performances scolaires dans les<br />

écoles exposées au bruit. Par exemple, le Suédois Hygge<br />

montre que l’exposition au bruit <strong>de</strong>s avions est associée à <strong>de</strong><br />

plus faibles performances cognitives <strong>et</strong> que ces<br />

performances augmentent lorsque l’exposition au bruit<br />

disparaît. Les eff<strong>et</strong>s sur la santé mentale sont notamment<br />

établis sur la base <strong>de</strong>s statistiques <strong>de</strong> prescriptions <strong>de</strong><br />

médicaments à visée neuropsychiatrique. Mais toutes les<br />

étu<strong>de</strong>s ne sont pas statistiquement significatives. Quant aux<br />

eff<strong>et</strong>s sur le système cardio-vasculaire, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, une<br />

étu<strong>de</strong> hollandaise notamment, ont montré un risque<br />

statistiquement significatif d’hypertension ; également, une<br />

étu<strong>de</strong> réalisée au moment du déménagement <strong>de</strong> l’aéroport<br />

<strong>de</strong> Munich, a montré <strong>de</strong>s variations significatives <strong>de</strong>s taux<br />

d’hormones chez les enfants.<br />

Les eff<strong>et</strong>s du bruit sur le sommeil<br />

J’en viens maintenant aux eff<strong>et</strong>s sur le sommeil, moment<br />

important qui nous est nécessaire pour récupérer <strong>de</strong><br />

l’épuisement momentané <strong>de</strong> nos capacités physiques <strong>et</strong><br />

mentales. Le bruit peut perturber le sommeil <strong>de</strong> plusieurs<br />

façons : en réduisant la durée totale du temps <strong>de</strong> sommeil,<br />

en jouant sur la latence d’endormissement, en provoquant<br />

<strong>de</strong>s réveils nocturnes prolongés ou bien en provoquant aux<br />

heures matinales un éveil prématuré non suivi<br />

d’endormissement. Les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> début <strong>et</strong> <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> nuit<br />

sont donc les plus fragiles. Si le temps <strong>de</strong> sommeil peut être<br />

perturbé dans certaines limites sans modification importante<br />

<strong>de</strong>s capacités individuelles, à plus long terme, lorsque les<br />

perturbations se répètent <strong>de</strong> manière chronique, les eff<strong>et</strong>s<br />

sont beaucoup plus critiques : fatigue chronique,<br />

somnolence, réduction <strong>de</strong> la motivation au travail, baisse<br />

<strong>de</strong>s performances, anxiété chronique, pertes <strong>de</strong> vigilance <strong>et</strong>,<br />

par conséquent, augmentation du risque d’acci<strong>de</strong>nts. Le<br />

bruit n’influe pas seulement sur la durée totale du sommeil,<br />

il a aussi <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s sur l’architecture du sommeil. Le<br />

sommeil est une succession <strong>de</strong> sta<strong>de</strong>s plus ou moins<br />

profonds, associés ou non au rêve. Si l’on considère<br />

l’hypnogramme d’une personne jeune qui bénéficie d’un bon<br />

sommeil, on distingue le “sommeil lent 1”, qui constitue une<br />

étape intermédiaire entre l’éveil <strong>et</strong> le vrai sommeil, les<br />

sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil lent profond correspondant, eux, sur c<strong>et</strong><br />

hypnogramme, aux sta<strong>de</strong>s 3 <strong>et</strong> 4. Ces sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil lent<br />

profonds interviennent notamment en début <strong>de</strong> nuit. Le<br />

sta<strong>de</strong> du sommeil paradoxal est un sta<strong>de</strong> important pour la<br />

récupération psychique du dormeur. Le bruit est donc<br />

susceptible d’entraîner une modification <strong>de</strong> l’architecture<br />

du sommeil, sans qu’il y ait forcément réveil <strong>et</strong> sans que le<br />

dormeur n’en ait conscience. L’examen <strong>de</strong> l’hypnogramme<br />

d’une personne en bonne santé soumise à un bruit d’alerte<br />

montre <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> sta<strong>de</strong>s, souvent accompagnés<br />

<strong>de</strong> mouvements corporels, changements qui se produisent au<br />

détriment <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sommeil les plus profonds <strong>et</strong> au<br />

bénéfice <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s les plus légers, avec <strong>de</strong>s réveils. Fait<br />

important, l’habituation au bruit en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sommeil est<br />

réelle en termes <strong>de</strong> ressenti mais, en revanche, les fonctions<br />

physiologiques restent affectées par la répétition <strong>de</strong>s<br />

perturbations <strong>sonores</strong>.<br />

Démographie <strong>de</strong> la population exposée<br />

L’Acnusa a recensé 2 millions <strong>de</strong> personnes survolées à moins<br />

<strong>de</strong> 3000 mètres du fait <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux aéroports parisiens.<br />

Également, une étu<strong>de</strong> réalisée à proximité <strong>de</strong> l’aéroport <strong>de</strong><br />

Schiphol (Amsterdam) indique un impact sanitaire plus<br />

marqué dans la zone non réglementée, dû au fait que la<br />

population exposée y est plus importante. Ces informations<br />

incitent à s’intéresser à <strong>de</strong>s territoires dépassant le seul<br />

cadre <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong>s PEB <strong>et</strong> <strong>de</strong>s PGS.<br />

L’avis du Conseil supérieur d'hygiène publique <strong>de</strong> France<br />

D’une part, le CSHPF préconise d’évaluer <strong>et</strong> <strong>de</strong> gérer la gêne<br />

au moyen <strong>de</strong> l’indice L <strong>de</strong>n , avec pour limite L <strong>de</strong>n < 60 dB(A).<br />

D’autre part, le conseil propose d’évaluer <strong>et</strong> <strong>de</strong> gérer la<br />

perturbation du sommeil au moyen <strong>de</strong> l’indice intégré<br />

L Aeq (22h-6h) — critère : L Aeq (22h-6h) < 55 dB(A) — associé à un<br />

indicateur évènementiel basé sur le niveau maximum L Amax, 1s<br />

— critère : moins <strong>de</strong> 10 évènements <strong>sonores</strong> par nuit <strong>de</strong><br />

L Amax,1s > 70 dB(A). Bien que c<strong>et</strong> indice évènementiel ne<br />

fasse pas l’unanimité, en préconisant son utilisation, le<br />

CSHPF rejoint la position défendue <strong>et</strong> par l’Acnusa <strong>et</strong> par<br />

l’OMS, à savoir l’utilisation du L Amax pour protéger le<br />

sommeil. Rappelons tout <strong>de</strong> même, comme cela a été dit<br />

précé<strong>de</strong>mment, que chaque État membre est libre <strong>de</strong> faire<br />

appel à un, ou plusieurs, indicateurs événementiels pour<br />

transposer la directive 2002/49/CE. Enfin, l’utilisation <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong> indicateur évènementiel est également justifiée par une<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2001 qui montre que les liens entre l’exposition au<br />

bruit <strong>de</strong>s avions <strong>et</strong> l’hypertension artérielle est mieux<br />

établie lorsque l’indicateur <strong>de</strong> bruit r<strong>et</strong>enu est le niveau<br />

sonore maximum au passage <strong>de</strong>s avions. Il convient aussi <strong>de</strong><br />

rappeler les autres recommandations émises par le CSHPF :<br />

la nécessité d’optimiser l’utilisation du ciel ; le besoin <strong>de</strong><br />

renforcer la protection au sol comme, par exemple,<br />

l’insonorisation <strong>de</strong>s bâtiments ; la nécessité d’affiner la<br />

connaissance <strong>de</strong> la situation sanitaire française résultant <strong>de</strong><br />

l’exposition au bruit <strong>de</strong>s avions. Pour m<strong>et</strong>tre en œuvre c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière recommandation, le ministère <strong>de</strong> la santé va<br />

élaborer un protocole afin <strong>de</strong> lancer, dès 2006, une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

cohorte.<br />

Débat<br />

L’Acnusa prône l’égalité entre PEB <strong>et</strong> PGS.<br />

Pourquoi ?<br />

Pour l’Acnusa, la vocation du PEB est d’indiquer les zones où<br />

l’on sait qu’il va y avoir du bruit, à l’avenir. Dans ces zones,<br />

mieux vaut, dès maintenant, avoir une démarche <strong>de</strong><br />

prévention, plutôt que d’attendre cinq, dix ou quinze ans<br />

que le bruit y ait atteint <strong>de</strong>s niveaux tels qu’il faille y<br />

insonoriser les logements. Mais cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

moyens. Toutefois, la zone D du PEB, elle, soulève un<br />

certain nombre d’interrogations. Dans c<strong>et</strong>te zone, qui est<br />

assez étendue, toute construction nouvelle répond, en<br />

Actes <strong>de</strong>s 4 es Assises <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’environnement sonore — Avignon — 18, 19 <strong>et</strong> 20 janvier 2005 PAGE 65

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