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Armando Fernández Steinko<br />
provoqué un retour progressif à la société de rente qui, à son tour, est devenue<br />
de plus en plus dépendante des centres financiers internationaux.<br />
Depuis le milieu des années quatre-vingt, le poids relatif de la finance et de<br />
l’immobilier n’a cessé de croître. Les gouvernements socialistes successifs<br />
se sont abstenus de toute politique industrielle ou de toute autre intervention<br />
active dans les structures productives du pays et ont bien souvent privilégié<br />
la vente aux étrangers des pans les plus dynamiques de l’industrie publique<br />
et privée à travers des opérations spéculatives. À l’inverse, une politique très<br />
active a été menée pour protéger la propriété nationale des institutions financières,<br />
en venant au secours des nombreuses banques victimes de la crise bancaire.<br />
Un capitalisme hideux<br />
Cette attaque contre la société du travail et, par extension, contre l’économie<br />
de production du pays a eu des conséquences importantes. Tout d’abord, la<br />
qualité de l’emploi et les conditions de travail se sont dégradées en un temps<br />
record au profit des entrepreneurs espagnols moins innovants. Deuxièmement,<br />
les chaînes de production ont été divisées et dispersées sur tout le territoire par<br />
une politique très agressive d’externalisation. Troisièmement, l’emploi s’est<br />
concentré dans des secteurs non durables sur le plan environnemental comme<br />
la construction, le tourisme de masse et l’automobile. Le transport routier est<br />
devenu un facteur clé pour la mobilité sur un territoire dispersé et mal planifié.<br />
Cela permet une dualisation du marché du travail, utilise beaucoup d’espace,<br />
accentue le temps de transport <strong>journal</strong>ier et provoque une consommation<br />
d’énergie et des émissions de dioxyde de carbone de haut niveau. Il ne s’agit<br />
pas seulement de capitalisme mais de capitalisme hideux.<br />
Ce modèle a donné lieu à une extraordinaire flexibilité de l’économie approchant<br />
l’idéal de l’économie ouverte préconisée par les théoriciens néolibéraux.<br />
Le pays a réussi à parvenir à un excédent dans les comptes publics,<br />
même avec un taux de chômage chronique au plancher de 10 %, en étant l’un<br />
des pays aux dépenses sociales les plus faibles de l’UE. Il a également pu<br />
créer, en peu de temps, la moitié des nouveaux emplois de l’ensemble de l’Europe<br />
entre 2000 et 2006, mais les a détruits par la suite encore plus vite. D’où<br />
les raisons pour lesquelles l’ouverture espagnole est systématiquement saluée<br />
par les organismes financiers internationaux.<br />
Le mauvais côté est que la faiblesse de la productivité ne correspond pas<br />
au niveau de la consommation, ce qui provoque le plus grand déficit de la<br />
balance commerciale du monde, plus de 10 % du PIB. Le fait de privilégier les<br />
rentes sur l’économie productive a aussi des conséquences à long terme. Les<br />
entreprises publiques les plus rentables ont été privatisées (Repsol, Endesa,<br />
Telefónica, Banco Hipotecario, etc.) pour financer l’aide sociale pendant deux