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a ainsi pesé largement sur le changement de climat politique, que ce soit dans<br />
les débats ou dans les décisions prises, et au-delà des seules transformations<br />
imputables à ces instances supraétatiques.<br />
Ces trois exemples observent une même constante : une pratique intégrative,<br />
avec prédominance de l’orientation socialiste dans le premier cas, capitaliste<br />
dans le troisième (bien qu’avec des oppositions fortes vis-à-vis des États-Unis),<br />
et avec une concurrence entre les deux idéologies dans le troisième bien que<br />
les initiatives restent largement le fait des socialistes. D’une certaine façon,<br />
ces expériences contribuent à ce qu’on puisse, cahin-caha, définir, penser et<br />
construire l’alternative dans la région.<br />
Il est vrai que l’expression « sujet populaire » est un peu vague et diffuse ;<br />
mais beaucoup d’études ont bien montré les attitudes de soumission et de mimétisme<br />
des classes populaires. Ces mêmes classes qui constituent la force de<br />
travail contribuent à l’expansion d’une société d’exploitation. Le capitalisme<br />
en Amérique latine et dans les Caraïbes se développe par plusieurs biais : exploitation<br />
des peuples dits « autochtones », paupérisation des paysans et travailleurs<br />
dans toutes leurs variantes (formels ou informels, précaires ou non,<br />
actifs ou passifs). Il faut y ajouter une large palette de petits et moyens producteurs<br />
et/ou entrepreneurs : ce sont des catégories professionnelles caractérisées<br />
par la possession de leurs moyens de production, oscillant entre des conditions<br />
de vie plus proches des classes dominées et des positions politico-idéologiques<br />
ressemblant à celles des dominantes.<br />
Le tout forme le concept de « peuple », qui est soumis par différents secteurs<br />
aux classes dominantes et à l’hégémonie du capital transnational quelle que<br />
soit son origine (capitalisme développé ou nos scénarios de dépendance et de<br />
subordination). Cette domination est le fait fondateur de la société civile et<br />
elle s’exerce donc sur tout le système social, les relations d’exploitation étant<br />
soutenues par l’État capitaliste. C’est dans l’articulation entre exploitation et<br />
État autoritaire que se trouve la clé de compréhension nécessaire pour mener à<br />
bien les transformations qu’implique le socialisme : la crise est une opportunité<br />
pour les réaliser.<br />
On ne peut pas affronter la crise en tentant simplement d’amorcer un nouveau<br />
cycle. On ne peut pas se borner à sortir de la crise ou nationaliser pour<br />
ensuite reprivatiser. Il ne s’agit pas non plus d’assainir le système financier et<br />
de recréer les logiques commerciales des entreprises ayant survécu à la crise.<br />
Il est nécessaire d’interroger l’ordre établi – à la fois le capitalisme et ses institutions<br />
– aux niveaux local et global. Plus que la recherche d’accords incluant<br />
les pays du Sud aux sommets du Nord (comme pour le G20), il faut une coordination<br />
des pays du Sud qui favorise la rébellion au Nord. Les nouveaux chômeurs<br />
se comptent par millions aux États-Unis, en Europe et en Asie : pour<br />
le moment, les réponses sont encore trop faibles, trop éparpillées. En ce sens,<br />
l’Amérique latine est différente : mais on ne peut plus se résigner à se défendre<br />
Amérique latine et Caraïbes, des alternatives face à la crise