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vent l’addition des diverses mesures. Cette somme s’accroît des programmes<br />
conjoncturels annoncés par le nouveau président américain. Mais dans tout<br />
cela, il ne s’agit jamais que des nouvelles dettes apparues dans le contexte<br />
de la crise financière. Il faut y ajouter l’endettement antérieur au lancement<br />
des opérations de soutien – de même que le très important montant des dettes<br />
anciennes et nouvelles des autres pays industriels pour soutenir les sociétés<br />
financières et la conjoncture. (Ces opérations de soutien lancées par les banques<br />
centrales font clairement apparaître que leurs missions dépassent de loin<br />
la maîtrise des prix qu’elles n’ont jamais cessé de proclamer.)<br />
Si tous ces crédits générés pour soutenir les sociétés financières et industrielles<br />
en particulier et la conjoncture en général devaient constituer la masse<br />
de manœuvre de banquiers – dont, au demeurant, la créativité ne serait pas<br />
jugulée par des lois nationales strictes et des conventions internationales –,<br />
la prochaine crise financière mondiale ne sera pas très longue à venir. Quand<br />
l’endettement est un projet politique aux fins de stabilisation de l’économie,<br />
la gestion de cet endettement ne peut donc pas être décidée en dehors du politique.<br />
La libre circulation internationale des capitaux est ici un arrangement fort<br />
douteux et de plus en plus critiqué. Jagdish Bhagwati (Université de Columbia,<br />
New York), un inconditionnel du libéralisme économique et du libre-échange,<br />
fait observer que le « secteur financier est beaucoup plus difficile à libéraliser<br />
que le commerce extérieur, et cela tient aux risques. […] Le commerce, c’est<br />
comme le dentifrice : chacun sait qu’il faut se brosser les dents régulièrement<br />
mais, s’il vous arrive d’oublier, la dentition ne va pas vous tomber d’un coup.<br />
Mais les produits financiers, c’est comme le feu. Si vous commettez une erreur,<br />
votre maison va brûler entièrement. » 11<br />
Si l’on veut éviter que les crédits anciens et nouveaux ne déclenchent une<br />
nouvelle crise financière, il faut un système financier et monétaire mondial<br />
véritablement nouveau, un autre Bretton Woods. Des capitaux propres en proportion<br />
raisonnable et une meilleure gestion des risques ne sont jamais qu’une<br />
petite partie de la solution : il n’est guère possible de prévenir ainsi les crises<br />
monétaires. Quitte à tenter d’endiguer la crise financière par de nouvelles dettes,<br />
la tâche primordiale la plus urgente consiste alors à les caser sérieusement.<br />
Il s’agit ici de parvenir à un accord avec les grandes banques centrales et les<br />
fonds d’État. Sans doute l’acquisition d’obligations de l’État peut-elle être<br />
ouverte aux investisseurs privés et aux banques, mais encore faut-il empêcher<br />
dans la mesure du possible la commercialisation de ces actifs financiers. La<br />
titrisation de crédits doit être interdite parce qu’elle propage le risque au lieu<br />
de le restreindre. De manière générale, il faudrait couvrir les besoins de financement<br />
de l’État et des entreprises par des prêts mais non pas par des titres. Il<br />
faudrait juguler le commerce des titres existants par des impôts sur le revenu<br />
(par exemple impôts sur les revenus boursiers, taxe Tobin). Des zones limites<br />
Crise financière et keynésianisme abätardi : vers une nouvelle crise financière