journal pdf - Transform Network
journal pdf - Transform Network
journal pdf - Transform Network
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
299<br />
Anthropologique d’abord.<br />
Il se perçoit comme résultat de contacts de civilisations, de cultures et de<br />
groupes ethniques différents. Il tente de décrypter cela. Par l’intermédiaire<br />
de la religion, il réussissait à ne pas tenir compte du colon. Alors il interroge<br />
l’idéologie de la conciliation. Celle qui, depuis la mise en contact brutal et<br />
déshumanisante d’Européens et d’Africains, avait conduit les premiers à affirmer<br />
leur supériorité de droit divin, reconnue par leur très Sainte Apostolique<br />
et Romaine Église, et avait conduit les seconds à « reconnaître à haute et intelligible<br />
voix la suprématie des valeurs blanches ».<br />
Économique concomitamment.<br />
Le pays perçoit clairement que les descendants de colons continuent d’être<br />
au cœur des dispositifs d’exploitation appelés trop facilement « économie insulaire<br />
». Ces descendants appelés « békés » sont insérés dans l’import-export,<br />
contrôlent les marchés de gros, le marché automobile, des matériels et de matériaux<br />
indispensables au bâtiment et travaux publics, etc. Les maîtres d’hier<br />
sont devenus des chefs d’entreprise et les « nouveaux libres » sont devenus<br />
des salariés. Les rapports d’exploitation sont plus clairement analysés dans un<br />
contexte mieux identifié comme colonial.<br />
Politiquement ensuite.<br />
Le pays analyse la continuité politique. L’État français s’impose. Il propose<br />
« des états généraux » pour ce qu’il appelle les « DOM » ou/et les « DFA »<br />
(Départements français d’Amérique). L’État français parle de « continuité territoriale<br />
», la Martinique est la France continuée ! Peyi a se ta nou (Le pays et à<br />
nous), voilà le chant mobilisateur dans tout le pays ces jours- ci, chant repris dans<br />
toutes les manifestations et sur tous les barrages. Le pays se regardant dit hautement<br />
et clairement son exaspération de l’humiliation collective infligée par l’État<br />
français par ses administrations, par ses militaires et ces jours-ci par ses escadrons<br />
mobiles de gendarmerie. Dans le même temps, le peuple, par la plume de ses écrivains,<br />
interroge la classe politique liée par la Constitution française.<br />
Culturellement enfin.<br />
Le pays compose ses symboles. Les traumatismes graves dans la mémoire<br />
collective ressortent dans les chants et les graphismes divers. Le tambour est<br />
l’instrument rythmant les déboulés (défilés de manifestants). Un drapeau appelé<br />
drapeau national martiniquais est porté en tête des manifestations. L’intérêt<br />
de préserver la terre, l’environnement, les ressources locales propres au pays,<br />
se manifeste dans un gros retour à la consommation des produits de l’agriculture<br />
locale. L’idée d’autosuffisance alimentaire se diffuse. Le peuple dans la<br />
rue prend le droit d’avoir des droits. La décolonisation de la Martinique est en<br />
marche aujourd’hui plus organisée.<br />
« Il faut hâter la décolonisation, qu’est-ce à dire Cela veut dire qu’il faut, et<br />
par tous les moyens, hâter le mûrissement de la prise de conscience populaire,<br />
sans quoi il n’y aura jamais de décolonisation.<br />
La Martinique interroge son passé