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Deuxièmement, comme les Cajas ne peuvent pas mobiliser des capitaux<br />
aussi facilement que les banques privées peuvent le faire, elles seront obligées<br />
de compter sur les aides d’État plus tôt que leurs concurrents. C’est déjà le<br />
cas (mars 2009) : les Cajas, grandes et petites, ont utilisé jusqu’à 70 % de la<br />
facilité de liquidité offerte par le Trésor.<br />
Troisièmement, de nombreuses Cajas ont compté sur un financement extérieur<br />
par le biais de titres hypothécaires vendus sur les marchés des capitaux<br />
européens au cours des années de la bulle financière, et cette dette vient à<br />
maturité. Ce crédit sera probablement difficile à honorer dans la situation actuelle.<br />
Enfin, le Fonds de garantie des dépôts peut être rapidement épuisé si<br />
l’une des grandes Cajas a besoin d’utiliser cette possibilité. Dans ce cas, la<br />
prétendue bonne santé du système financier espagnol sera aussi victime de la<br />
crise.<br />
Le gouvernement espagnol, depuis un certain temps, prépare l’opinion<br />
publique à une éventuelle intervention dans certaines Cajas. Certaines d’entre<br />
elles ont entamé un processus de fusion par avance, après la révision de<br />
l’évaluation des risques par les institutions internationales. Certains experts<br />
estiment que la situation du secteur financier espagnol pourrait devenir encore<br />
plus critique que celle des États-Unis si les prix des logements continuent à<br />
chuter. Cela pourrait expliquer la récente initiative des petites et moyennes<br />
Cajas qui ont créé une société de portefeuilles d’actifs centralisant les propriétés<br />
invendues et contrôlant leur commercialisation afin d’éviter un effondrement<br />
des prix. L’ingénierie financière avec l’évaluation du bilan de ces<br />
appartements « déchets » peut également retarder l’effondrement.<br />
Crise finanicère et refonte de la société du travail en Espagne<br />
Lune de miel entre classes populaires et rentières<br />
Le complexe logement-plus-finance explique assez bien la situation économique<br />
et sociale en Espagne, ses origines historiques et sa vulnérabilité<br />
actuelle. Les maigres politiques de protection sociale à l’époque de Franco<br />
ont poussé les familles espagnoles à investir dans l’immobilier depuis plus<br />
de cinq décennies. Une maison était plus qu’une maison, c’était un investissement<br />
pour l’avenir. La crise de la société du travail a rendu plus aiguë cette<br />
dépendance à l’égard des investissements immobiliers. Il en résulte une situation<br />
tout à fait unique : 90 % des familles sont propriétaires de leur logement<br />
et 77 % d’entre elles l’ont entièrement payé. L’escalade des prix et les bulles<br />
provoquées par la classe des rentiers ont aussi étrangement favorisé une partie<br />
des classes populaires. Le prix élevé des logements n’a pas seulement retardé<br />
l’âge de l’émancipation des jeunes Espagnols, mais a aussi contribué à faire<br />
des ménages espagnols des « capitalistes » dont l’actif net a atteint 500 % du<br />
PIB. La valeur des logements en Espagne équivaut à 88 % des richesses non<br />
financières, ce qui est le pourcentage le plus élevé des pays de l’OCDE, à