journal pdf - Transform Network
journal pdf - Transform Network
journal pdf - Transform Network
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
129<br />
béralisme. Je ne prétends pas que le néolibéralisme en tant que tel soit mort.<br />
Les arguments idéologiques néolibéraux en faveur du capitalisme sont actuellement<br />
abandonnés par le capital lui-même parce qu’ils sont en train de<br />
perdre leur pertinence. Le capital suédois et le capital en général ont renoncé<br />
à l’idée que le marché libre se régule lui-même, et ses représentants veulent<br />
que l’État agisse pour les protéger. Donc, je pense que nous entendrons des<br />
arguments et des discours très différents de ceux des années 1980 et 1990. Le<br />
néolibéralisme entre dans une phase dans laquelle il se tourne vers l’État afin<br />
de sauver ce qui est possible des privatisations antérieures. Dans la gauche,<br />
peu de gens pensent à cela, surtout dans la gauche libérale qui proclame qu’il<br />
est évident aujourd’hui que l’État est nécessaire pour le capital et que le capital<br />
en prend conscience. Cela est très possible, mais les capitalistes disent que<br />
l’État doit réguler les systèmes bancaires ; ils ne disent pas qu’il faut rendre au<br />
secteur public ce qui a été privatisé. Il est intéressant de constater que tout le<br />
monde parle de la crise et de la nécessité urgente de l’intervention de l’État,<br />
mais personne ne dit que nous pourrions renationaliser le système scolaire, ou<br />
embaucher dans le secteur public, par exemple.<br />
Donc, le capital a une stratégie pour réguler ce qui a besoin de l’être et en<br />
même temps pour que les secteurs dérégulés et privatisés antérieurement le<br />
restent. Il essaie tout simplement de protéger la néolibéralisation qui a déjà<br />
eu lieu.<br />
Patrik Vulkan : Est-il également possible de percevoir les possibilités et stratégies<br />
du capital à long terme ou comment le capital entend tirer avantage de<br />
la situation <br />
Daniel Ankarloo : Oui. Le capital agit sur le court terme mais cela aura des<br />
conséquences sur le long terme. Ce qui intéresse le système politique dans son<br />
ensemble – et c’est ce qui est tragique –, c’est sauver le système. Il existe de<br />
nombreux discours de la gauche sur les agissements actuels qui consistent à<br />
sauver les riches aux dépens des pauvres, ou à sauver les profits des banques.<br />
Je pense que c’est plus profond. Ce qu’ils essaient de faire est de sauver le<br />
système en tant que tel parce que le marché libre et le système du marché – à<br />
savoir le capitalisme – ont besoin régulièrement d’être sauvés d’eux-mêmes.<br />
C’est cela le principal parallèle historique avec les politiques des années 1930<br />
et d’après-guerre.<br />
Il y a certains avantages pour la classe ouvrière dans cette politique mais<br />
il ne faut pas oublier que l’objectif de la politique d’après-guerre a été de<br />
sauver le système de lui-même. Le capital et le capitalisme en tant que système<br />
sont entrés dans une longue ère d’expansion jusqu’aux années 1970. Le<br />
capitalisme n’entrera pas dans une ère semblable après la crise actuelle. Je<br />
ne pense pas toutefois que cela préoccupe le capital. La question est plutôt :<br />
comment sauver le système en tant que tel C’est pourquoi ils avancent l’idée<br />
Une nouvelle phase du néolibéralisme : effondrements et conséquences pour la Suède