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Daniel Ankarloo, Patrik Vulkan
1990. Les excédents diminueront un peu, peut-être dans le système des retraites,
mais les marges sont encore suffisantes pour éviter un déficit budgétaire
majeur. Cependant, ce qui frappera la Suède est le chômage de masse, que
nous voyons déjà apparaître ; et là le parallèle est évident : c’est exactement ce
que nous avons connu dans les années 1930 et 1990.
Patrik Vulkan : Cela nous amène à la question suivante : comment seront affectés
le capital et la classe ouvrière suédois
Daniel Ankarloo : Ce qui est important c’est la façon dont sera affectée la
classe ouvrière suédoise. Si l’on considère la crise comme un moyen de réajuster
le système temporairement et assez rapidement afin d’aller vers une
nouvelle phase d’accumulation et de destruction du capital mort, c’est-à-dire
des valeurs médiatisées, alors la classe ouvrière continuera de supporter les
coûts par un chômage accru et la diminution consécutive des salaires, tout
comme dans les années 1990. Donc, bien que du point de vue du marché du
travail la crise des années 1990 n’ait jamais pris fin, il y aura une nouvelle
crise qui sera aussi grave que la dernière et peut-être même pire en matière de
chômage. Elle frappera durement et créera du chômage massif pour la classe
ouvrière suédoise.
La question est de savoir comment cela touchera le capital suédois en général.
Les bénéfices des sociétés suédoises ont chuté car, avec la mondialisation,
ils dépendaient davantage de la spéculation que de la production réelle. Les
rapports annuels montrent des fluctuations majeures dans les gains des grandes
sociétés. Les valeurs sur le marché boursier et les valeurs spéculatives
baissent alors que les valeurs issues des activités réelles des entreprises n’ont
pas encore été beaucoup affectées. Toutefois, la situation est extrêmement variable
selon les entreprises. Il est très possible qu’après cette crise nous constations
une concentration accrue du capital en Suède, ce qui est une prédiction
générale que l’on peut faire en se basant sur la théorie marxiste.
Après une crise, le grand capital se renforce au détriment du petit capital.
J’ai aussi entendu et lu des informations venant de certains auteurs, selon lesquelles
le grand capital, comme le trust Wallenberg, restera inactif et attendra
pour acheter des actions et des entreprises à faible coût le moment où les
valeurs seront au plus bas, ce qui aura pour effet une concentration accrue du
pouvoir.
Le capital suédois cherche aujourd’hui à transférer la plus grande part du
coût de la crise vers la classe ouvrière et les contribuables. C’est pourquoi
on renfloue les banques : pour sauver le capital et transférer les coûts vers la
classe ouvrière. C’est un procédé classique pour lequel on a des exemples
historiques très précis. Ce que l’on peut dire au niveau idéologique – qui est
sans doute le plus important pour nous – c’est que le capitalisme et le capital
entrent dans une phase nouvelle. Je l’appelle une phase nouvelle du néoli-