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que de financiarisation dominante depuis que nous sommes entrés dans l’ère<br />

néolibérale des années 1980.<br />

Ainsi, aux États-Unis qui est le point zéro de ces formes d’accumulation<br />

primitive, 10 000 propriétaires fonciers par jour, en moyenne, perdent leur<br />

maison par saisie. On estime que 10 à 12 millions de foyers américains seront<br />

incapables de rembourser leur hypothèque ces quatre prochaines années et,<br />

dans les conditions actuelles, perdront leur maison. Ceci est une forme brutale<br />

d’accumulation primitive : se voyant offrir la possibilité (plutôt un mirage, un<br />

mensonge) de posséder une maison, les foyers à revenus modestes utiliseront<br />

cependant leurs petites économies ou futurs revenus comme apport.<br />

Ce type de complexité destiné à retirer une forme de valeur ajoutée à quelque<br />

niveau que ce soit (petits et modestes ou gros et riches) explique aussi<br />

pourquoi notre système financier est en crise permanente. Ainsi, ce que nous<br />

appelons une crise fait en réalité partie du processus de capitalisme financiarisé<br />

: la machine continue à tourner. La financiarisation d’un nombre croissant<br />

de secteurs, constatée depuis les années 80, est devenue à la fois un signe de<br />

puissance de cette logique financière et un signe de son épuisement. Lorsque<br />

tout a été financiarisé, la finance ne peut plus en tirer profit. Elle a besoin de<br />

secteurs non financiarisés pour avancer. La dernière frontière est l’argent des<br />

contribuables, de l’argent réel, démodé, non financiarisé.<br />

Le capitalisme financiarisé a atteint les limites de sa propre logique<br />

Il a extrêmement bien réussi à tirer profit de tous les secteurs économiques<br />

grâce à leur financiarisation. Il a pénétré une telle partie de chaque économie<br />

nationale, notamment dans le monde très développé, que les parties de l’économie<br />

dans lesquelles il peut aller puiser du capital non financier aux fins de<br />

sa propre survie sont devenues trop petites pour offrir la quantité de capital<br />

nécessaire à la sauvegarde du système financier. La valeur globale des actifs<br />

financiers (à savoir la dette) à travers le monde en septembre 2008, période<br />

d’explosion de la crise, était trois fois et demie supérieure (160 billions de<br />

dollars) à la valeur du PIB mondial. Le système financier ne peut être sauvé<br />

en puisant dans l’argent que nous avons.<br />

Ceci révèle à son tour les abus extrêmes d’économies entières, rendus possibles<br />

par des formes extrêmes de financiarisation. Avant la « crise » actuelle<br />

par exemple, la valeur des actifs financiers américains avait atteint 450 % du<br />

PIB (Rapport McKinley 2008), soit 4 fois et demie le PIB. Dans l’Union européenne<br />

elle représentait 356 % du PIB. Plus généralement, le nombre de pays<br />

où les actifs financiers dépassent la valeur de leur produit national brut a plus<br />

que doublé, passant de 33 en 1990 à 72 en 2006.<br />

Outre la question de savoir si nous voulons vivre dans une économie capitaliste,<br />

même les économies capitalistes n’ont pas besoin d’actifs financiers qua-<br />

Retour à l’accumulation primitive et instruments financiers complexes

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