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Mireille Dumas en entretien avec Elisabeth Gauthier, Dominique Crozat<br />

Ceux qui pensent qu’il revient aux organisations syndicales de résoudre les<br />

problèmes de la gauche font non seulement une erreur fondamentale mais ils<br />

prennent le risque d’affaiblir le mouvement revendicatif en le divisant. Le<br />

problème me semblerait mieux posé s’il était posé aux partis politiques de<br />

gauche. C’est à eux qu’il revient de trouver dans les mobilisations actuelles<br />

les ressources à leur rénovation.<br />

Gauthier/Crozat : N’y a-t-il pas des stimulations, des impulsions qui peuvent<br />

venir d’ailleurs Dans le domaine des mouvements sociaux, il y a du<br />

nouveau. Par exemple, l’Appel des appels est une recherche pour s’organiser,<br />

se regrouper, globaliser le mouvement, mais pas directement dans les formes<br />

syndicales ou politiques. Dans la lutte contre le CPE, l’exigence vis-à-vis des<br />

syndicats est finalement venue des jeunes. Le terrain du politique et celui du<br />

syndical ne sont pas aussi clairement identifiés qu’avant. L’idée de Front populaire<br />

circule aujourd’hui.<br />

Dumas : Vous dites que « le terrain du politique et du syndical ne sont pas<br />

aussi clairement identifiés qu’avant ». Je pense exactement l’inverse. Le mouvement<br />

syndical, la CGT pour ce qui la concerne, ont tiré l’expérience d’un<br />

siècle de luttes où politique et syndical se sont entremêlés au point de quelquefois<br />

se confondre.<br />

Lors du Front populaire, les grèves ont suivi l’arrivée de la gauche au pouvoir.<br />

Nous sommes dans une situation sensiblement différente ! Mai 68 est évidemment<br />

dans toutes les têtes. Mais non seulement il n’a pas eu de débouché<br />

politique à gauche, mais il a donné lieu à un renforcement de la droite. Il y a eu<br />

cependant des acquis sociaux et sociétaux importants. La gauche est ensuite<br />

arrivée au pouvoir en 1981. Avant 1981, toutes les revendications syndicales<br />

étaient subordonnées au Programme commun de la gauche. Aujourd’hui, on<br />

a le sentiment que la gauche est derrière le programme de l’intersyndicale.<br />

Ni l’une ni l’autre de ces situations n’est satisfaisante ; il y a probablement un<br />

autre équilibre à trouver pour que chacun soit lui-même et s’apporte mutuellement.<br />

Politique et syndical ne vivent pas, en effet, dans des bulles autonomes,<br />

étanches les unes aux autres. Ce n’est même pas une question de champ ou de<br />

domaine réservés. C’est une question de nature des objectifs et de spécificité<br />

de démarche.<br />

La CGT ne cherche pas à accumuler les mécontentements contre tel ou<br />

tel pouvoir politique pour contribuer à mettre l’opposition à sa place la fois<br />

d’après. Elle a pour objectif de faire progresser la situation des salariés autant<br />

que possible, aussi vite que possible, quelle que soit la nature du gouvernement<br />

en place. Elle construit les rapports de forces et les rassemblements non<br />

pas à partir de ce que les gens ont ou vont voter, mais à partir de ce que sont<br />

les revendications pour changer le réel tout de suite. Naturellement à partir

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