journal pdf - Transform Network

198
Herbert Schui
plémentaires. Ce différentiel entre les taux d’intérêt profite aux placeurs ayant
investi dans le fonds. Cette opération – c.‐à‐d. la mise à profit de l’effet de
levier – ne peut fonctionner que tant que l’intérêt du crédit est faible (là encore
en général refinancement à court terme) et que la rentabilité des titres ou la
progression de leur cours est élevée. (4) Les opérations des hedge funds (fonds
spéculatifs) et private equity funds (fonds de capital-investissement) : nombre
de ces fonds se sont rabattus sur l’achat d’entreprises ou de biens immobiliers
– dont de nombreuses habitations du secteur public. Principiellement, la
procédure consistait à créditer au bénéfice du fonds les amortissements réalisés
par des entreprises de production, tandis que les habitations étaient revendues
ou louées plus cher. Ces principaux modèles de business pour le business
sont parachevés par d’autres encore sortis de l’imagination des banquiers, par
exemple les ventes à découvert, les opérations à terme, etc.. 9
Gérer convenablement le volume du crédit
Bien que l’actuelle crise financière trouve son origine dans les crédits hypothécaires
aux États-Unis, il est fondamentalement erroné de rétrécir l’analyse
de cette manière – même si le gouvernement allemand présente cette version
des choses dans son travail de communication en propageant la devise suivante
: le système financier allemand est fiable, l’étranger est responsable de nos
malheurs ! Le déclencheur aurait pu tout aussi bien être une crise monétaire.
C’est maintenant une réorganisation totale du système financier et monétaire
international qu’il faut inscrire à l’ordre du jour. Impératif d’autant plus
urgent que l’assainissement actuel du marché financier a accru plus encore
l’endettement et le volume du crédit. À cela s’ajoutent des déficits publics
accrus afin d’abréger autant que possible la dépression conjoncturelle et de
l’atténuer. C’est ainsi que les conséquences désastreuses des erreurs du passé
(stabilisation à long terme de la demande par le crédit, en combinaison avec
la libéralisation des marchés financiers) sont donc endiguées par un nouvel
endettement.
Les dimensions désormais en jeu ressortent d’une analyse de l’agence de
presse Bloomberg. Partant des données publiquement accessibles provenant
de la banque d’émission, de l’assurance de garantie des dépôts et du ministère
des Finances, cette agence a établi un calcul exhaustif des moyens financiers
requis pour renflouer le système financier américain. Conclusion de cette recherche
approfondie : « Les risques effectifs encourus jusqu’ici par l’État amé-
re re
ricain sont plus de dix fois supérieurs au plan de sauvetage de 700 milliards
de dollars adopté en septembre. En additionnant les divers postes [Banque
centrale et gouvernement], on arrive à 8500 milliards de dollars, soit plus de la
moitié du PIB américain. » 10 Même à supposer que l’agence Bloomberg aurait
forcé la note, le débat sur les divers plans importants de sauvetage ignore sou-