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C’est là que réside la signification essentielle de la crise actuelle pour les dynamiques<br />

sociales et politiques sous-jacentes du pays. Ce qui est nouveau, ce<br />

n’est pas la croissance rapide du chômage ni le désir de profiter de la conjoncture<br />

pour approfondir le degré de précarisation. Ce n’est pas non plus la crise<br />

financière : l’Espagne l’a déjà connue à deux reprises en 1978-1985 et 1993.<br />

Ce qui est nouveau, c’est que la crise du logement peut frapper les Cajas très<br />

durement cette fois-ci et mettre fin à ce système espagnol très particulier de<br />

finance populaire et régional. Mais même cela n’implique pas un changement<br />

radical dans les tendances historiques. Le véritable tournant historique réside<br />

dans la possibilité de prise en main de la finance internationale par les États<br />

et l’éclatement du pouvoir de classe de la finance mondiale. Le grand capital<br />

espagnol perdra alors l’un de ses principaux soutiens et, avec lui, une partie<br />

substantielle de la puissance accumulée depuis le recul de la société du travail<br />

au milieu des années quatre-vingt. Cela mettra à bas le bloc historique monétariste<br />

responsable de la révolution passive et créera des chances pour une<br />

nouvelle alliance basée sur la reconstruction de la société du travail.<br />

Alors que les fusions bancaires en France et les injections de fonds publics<br />

vont de pair avec une présence croissante de l’État dans la gestion, et qu’en<br />

Allemagne une loi a été votée qui permet non seulement de nationaliser les<br />

banques mais même d’exproprier les actionnaires, en Espagne, aux États-<br />

Unis et au Royaume-Uni, la classe des rentiers n’a pas encore été acculée par<br />

les autres fractions du bloc dominant. La crise peut affaiblir ce pouvoir en<br />

fonction de l’existence d’une alternative, c’est-à-dire de la capacité à forger<br />

un nouveau bloc historique autour de la société du travail.<br />

Crise finanicère et refonte de la société du travail en Espagne<br />

Un nouveau bloc historique<br />

Non seulement la simple existence d’un nouveau bloc historique, mais sa<br />

couleur, son équilibre interne, sont des domaines ouverts pour l’avenir. Une<br />

alliance entre travailleurs organisés et non organisés, secteurs non traditionnels<br />

de professionnels urbains – y compris le mouvement « non à la mondialisation » – et<br />

les secteurs d’entrepreneurs innovants, pourrait ouvrir un chemin vers des objectifs<br />

plus ambitieux dans un sens socialiste. Mais si cette transformation se produit<br />

du haut vers le bas, en tant que nouveau pacte entre les politiques et les nouvelles<br />

élites économiques, en incluant éventuellement la fraction la plus conservatrice<br />

des syndiqués, le résultat peut être une révolution passive à la manière de ce qui<br />

s’est passé dans les pays occidentaux après la dernière guerre mondiale. Peut-être<br />

que cette formule se trouve déjà inconsciemment dans l’esprit des hommes politiques<br />

du centre qui ont rejeté le dogme monétariste et qui maintenant parlent de<br />

refondation du capitalisme et d’un second Bretton Woods.<br />

Selon moi, même si la gauche espagnole s’avère incapable de porter une<br />

telle alternative, elle sera néanmoins davantage en capacité de se regrouper à

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