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de son identité, de ses choix fondamentaux, la CGT n’hésite pas à intervenir<br />
sur des enjeux politiques majeurs. L’indépendance n’est ni l’indifférence ni la<br />
neutralité. Mais nous récusons la conception qui a très longtemps prévalu en<br />
France, d’un rôle syndical subalterne au rôle politique, voire guidé par lui.<br />
Quant à la référence que vous faites au mouvement sur le CPE, je vous fais<br />
observer que l’action a été conduite par une intersyndicale de 12 organisations<br />
pendant 4 mois, parmi lesquelles 8 syndicats de salariés et 4 syndicats d’étudiants<br />
et de lycéens. Il est vrai que la mobilisation concrète a été « tirée » par<br />
les étudiants et lycéens mais c’est l’intersyndicale qui a permis la rencontre<br />
intergénérationnelle, l’intervention des salariés et, au final, le succès.<br />
J’observe d’ailleurs que la plupart du temps, les associations ou les collectifs<br />
qui se créent pour telle ou telle revendication, telle ou telle cause, le font<br />
à l’appui des grandes mobilisations unitaires et syndicales. Je ne suis pas sûre<br />
que ces mêmes collectifs aient par eux-mêmes des capacités de mobilisations<br />
de masse, au-delà de quelques « coups » médiatiques.<br />
La CGT ne vit pas ces mouvements comme des concurrents mais comme<br />
des sources d’émulations, des compléments à notre activité. La présence en<br />
tête de manif le 29 janvier de l’Association « ni pauvres ni soumis » est un<br />
symbole très fort de cette complémentarité mais aussi de cette solidarité et<br />
fraternité de lutte.<br />
Les associations revendicatives nous alertent sur certains problèmes et,<br />
comme elles sont sur un seul sujet, elles ne le lâchent pas ; alors que syndicalement,<br />
en tant que confédération, on est toujours confronté à des arbitrages<br />
entre priorités. Mais les associations, les mouvements s’expriment d’autant<br />
mieux qu’ils sont dans cet environnement intersyndical qui leur permet de<br />
se manifester. Du coup, tout le monde se trouve lié aux décisions de cette<br />
intersyndicale. C’est en restant sur notre créneau syndical qu’on permet à la<br />
fois que le mouvement ait lieu et que tout ce qui nourrit le mouvement – les<br />
collectifs, les associations, les partis politiques – trouve son espace.<br />
Un dernier point à ce sujet : la résolution des problèmes de la gauche est<br />
d’autant moins l’objectif de l’intersyndicale que les syndicats français ne se<br />
réclament pas de la gauche, pas de la droite non plus. Ce sont des syndicats.<br />
Les débats, les différences voire les divergences entre eux ne portent pas sur<br />
les options politiques mais sur les débats proprement syndicaux : l’approche<br />
de la négociation collective, du rapport de forces, de la notion de compromis.<br />
Le rapport à l’État, à l’entreprise, au marché, à l’Europe sont également structurants.<br />
Cela valorise encore plus que, malgré ces différences fondamentales, les<br />
syndicats réussissent à s’unir.<br />
Crise et mouvement social en France<br />
Gauthier/Crozat : Les Anglais ont une expression : le « market state ».<br />
Comment le débat sur l’intervention de l’État se développe-t-il