Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoire2 Cadre analytique :conceptualisation de la protection socialeAvant de passer en revue les enjeux de la protection sociale en Côte d’Ivoire dans les Chapitressuivants, il convient d’exposer tout d’abord ce que nous entendons par « protection sociale ».La première partie de ce chapitre présente les fondements conceptuels de la protection sociale,tandis que la deuxième partie anlyse de plus près les différentes composantes contributives et noncontributives de la protection sociale.2.1 Fondements conceptuels2.1.1 Risque, vulnérabilité et capacitéLes notions de risque, vulnérabilité et capacité sous-tendent l’idée de protection sociale.La protection sociale est généralement vue comme l’ensemble des mesures publiques ou à butnon lucratif qui visent à réduire la vulnérabilité des populations aux risques et l’impact des chocs,éviter l’emploi de stratégies d’adaptation néfastes et garantir des niveaux minimums de dignitéhumaine.La notion de risque est de plus en plus comprise d’une manière ample, englobant toutes sortesde risques de nature économique, politique, sanitaire, socioculturelle ou environnementale qui estnuisible au bien-être et aux droits des individus (ODI et <strong>UNICEF</strong>, 2009a). Il est utile de distinguerdeux grandes classes de risques : les risques idiosyncratiques, qui touchent des ménages ou despersonnes individuellement (par exemple une maladie ou le chômage) ; et les risques covariants, telsque les chocs économiques, climatiques ou politiques qui affectent l’ensemble d’une communauté,d’une région ou d’un pays. La nature des risques détermine la pertinence des divers outils de laprotection sociale (voir ci-dessous), appliqués individuellement ou en combinaison. Il est importantégalement de prendre conscience que ces outils ne peuvent pas faire face seuls à certains typesde risques, surtout ceux de nature covariante, qui requièrent aussi des actions à d’autres niveaux,par exemple une bonne gestion de l’économie, des mesures de protection environnementale oudes actions de prévention, gestion et résolution de conflits.Deux concepts connexes sont ceux de la vulnérabilité aux risques et de la capacité de gérerles risques. La notion de « groupes vulnérables », très répandue dans les conceptualisations de laprotection sociale, tient son importance du fait que la vulnérabilité aux risques est accentuée chezcertaines catégories de la population. En effet, les degrés de vulnérabilité varient selon la situationéconomique des ménages (niveau de revenus, épargne, biens, propriété foncière, bétail, etc.), larésidence (zones géographiques et milieux rural et urbain), le cycle de la vie (petite enfance, âgescolaire, adolescence, âge adulte et troisième âge), le genre, les handicaps et l’état de santé, lesniveaux de connaissances ou d’instruction des individus et les relations sociales, notamment dansles sociétés marquées par des problèmes d’exclusion ou de discrimination sociales. Souvent cesfacteurs de vulnérabilité se renforcent mutuellement, créant des handicaps doubles ou multiples.Il y a une relation inverse entre la vulnérabilité et la capacité à gérer les risques. Selon Rousseau(2003), cette relation peut se traduire par la formule suivante :vulnérabilité =risquecapacitéUn individu ou un ménage aura un niveau de vulnérabilité plus faible si, face aux mêmes risques,son stock de capacités lui permet de mieux résister aux chocs. En revanche, son niveau devulnérabilité sera plus élevé si son stock de capacités est trop faible pour lui permettre de réaliserles ajustements nécessaires pour protéger son bien-être.3
Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoire2.1.2 Pauvreté, vulnérabilité et capacitésLa relation entre pauvreté, vulnérabilité et capacités mérite une attention particulière. Lemanque de ressources fait de sorte que le ménage pauvre est mal placé pour gérer les risques.Par exemple, il peut ne pas réussir à envoyer ses enfants au centre de santé en cas de maladie dûau fait qu’il n’a pas les moyens nécessaires pour payer les frais de consultation (ou de transport)ou d’acheter les médicaments, ou il peut être contraint à diminuer son capital productif afin detrouver les moyens de payer les soins. En cas de catastrophe naturelle ou choc économique, leménage peut se trouver sans moyens suffisants (épargne, assurance, accès au crédit) pour gérerles conséquences du choc et se voir obligé de recourir à des stratégies d’adaptation qui lui sontnéfastes à long terme, telles que la vente de biens productifs et le retrait des enfants de l’école, cequi implique le désinvestissement en capital productif et capital humain. Le ménage devient ainsiencore moins productif et peut passer en dessous ou s’écarter davantage du seuil de pauvreté.Une autre caractéristique importante de la vulnérabilité économique est un état d’aversion au risque,qui peut bloquer les petits investissements nécessaires pour améliorer la productivité et le bien-êtreà long terme.2.1.3 La protection sociale vue sous l’angle de la « promotion » des capacitésL’importance donnée aux capacités est à la base de la conceptualisation moderne de laprotection sociale qui va au-delà d’une simple « protection » des groupes défavorisés, dans lesens passif ou réactif du terme, pour mettre un accent fort sur la « prévention » des risques (ou dela vulnérabilité aux risques) et surtout sur la notion de « promotion » des ménages ou des individusen situation de haute vulnérabilité à travers le renforcement de leurs capacités en capital humainet en capital productif, afin qu’ils puissent se prendre en charge et sortir de leur situation depauvreté et de vulnérabilité sur une base durable. Quelques auteurs (par exemple, Devereux etSabates-Wheeler, 2004) vont plus loin pour mettre en relief le potentiel « transformatif » de certainesmesures de protection sociale qui renforcent les capacités des pauvres et s’adressent auxcontraintes structurelles de la discrimination et de l’exclusion sociale.Cette vision signifie que le renforcement de la protection sociale n’est pas seulement un impératifpour la protection des couches pauvres et vulnérables contre l’impact des chocs exogènes etpour éviter le passage des non pauvres en dessous du seuil de pauvreté. En permettant auxménages défavorisés de cumuler des biens productifs, d’améliorer leur productivité, d’accéder auxservices sociaux de base et d’investir dans leurs enfants, les politiques et programmes de protectionsociale sont aussi des composantes essentielles de stratégies à long terme pour lutter contre lapauvreté chronique, stimuler la croissance économique et assurer l’atteinte des Objectifs du Millénairepour le Développement (OMD). C’est dans cette perspective que l’Union Africaine a reconnu que« la protection sociale a des impacts positifs multiples sur les économies nationales et est essentiellepour créer le capital humain, rompre le cycle de pauvreté intergénérationnelle et réduire les inégalitéscroissantes qui handicapent le développement économique et social de l’Afrique » (UA, 2008).2.1.4 La vision « promotionnelle » de la protection sociale des enfantsLes enfants sont plus vulnérables que les adultes, et des actions de protection socialequi ciblent les enfants ont des impacts à long terme sur le développement humain et laréduction de la pauvreté. La vulnérabilité accentuée chez l’enfant est une conséquence directede son immaturité physique et psychosociale, surtout pendant la petite enfance, étape du cyclede la vie pendant laquelle les risques de non-survie sont particulièrement élevés dans les paysles moins développés. Les enjeux de la protection de l’enfant deviennent encore plus sérieuxdans le cas des enfants qui vivent en dehors d’un cadre familial sain, exposés à des risquesélevés de maltraitance, négligence et abus. Dans ces cas, des mesures de protection spécialiséesont souvent requises. De manière plus large, des mesures de protection sociale qui renforcent lacapacité des ménages à assurer une nutrition adéquate, l’accès à l’eau potable, des conditionsde logement et d’assainissement adéquates et l’accès aux services de santé et d’enseignementsont primordiales pour assurer la survie et le développement de l’enfant.4
- Page 2: CADRE DE DEVELOPPEMENTDE LA STRATEG
- Page 7 and 8: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 10: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 15 and 16: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 17 and 18: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 19 and 20: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 22 and 23: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 26 and 27: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 28 and 29: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 30 and 31: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 32 and 33: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 34 and 35: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 36 and 37: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 38 and 39: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 40 and 41: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 42 and 43: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 44 and 45: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 46 and 47: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 48 and 49: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 50 and 51: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 52 and 53: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 54 and 55: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 56 and 57: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 58 and 59: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 60 and 61: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 62 and 63: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 64 and 65: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 66 and 67: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 68 and 69: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 70 and 71: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 72 and 73: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 74 and 75:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 76 and 77:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 78 and 79:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 80 and 81:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 82 and 83:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 84:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 87 and 88:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 89 and 90:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 91 and 92:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 93 and 94:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 95 and 96:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 97 and 98:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 99 and 100:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 101 and 102:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 103 and 104:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 105 and 106:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 107 and 108:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 110 and 111:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 112 and 113:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 114 and 115:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 116 and 117:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 118 and 119:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 120 and 121:
Etat des lieux, défis et perspecti