Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoire4.6 La protection sociale dans le secteur de l’éducationLe <strong>Rap</strong>port d’Etat du Système Educatif Ivoirien (RESEN) a mis en évidence « un problèmesérieux d’accès à l’école » et alerté sur les risques élevés de non scolarisation déjà mentionnésdans la section 3.1.2. Cette étude approfondie a montré, sur la base des données de l’enquêteMICS de 2006, que la probabilité de la génération d’âge scolaire d’aller une fois à l’école n’a étéque de l’ordre de 70%. « En effet, si 70% d’une génération a un jour accédé à l’école (certains d’entreeux pouvant d’ailleurs la quitter prématurément), cela signifie qu’il y a environ 30% desenfants qui n’y sont jamais allés » (RCI, 2009c, p. 32). Le RESEN a montré en outre que la probabilitéd’accéder à chaque classe successive du système d’enseignement général diminue, en raison deforts taux de déperdition, de 70% en première année (CP1) à 46% en dernière année du cycleprimaire (CM2). Ainsi, environ un enfant sur trois qui a accès au primaire n’atteint pas la fin du cycle.La majorité de ces enfants, ainsi que ceux qui n’ont jamais eu accès à l’école, serontanalphabètes à l’âge adulte. La probabilité d’accès continue à diminuer au secondaire, dû à uneperte de 12 points de pourcentage dans la transition primaire-secondaire et à des taux élevésde déperdition à l’intérieur de chacun des deux cycles du secondaire.Cette situation sombre a encore empirée ces dernières années du fait de la crise postélectorale.Le conflit a conduit à la fermeture et au pillage des écoles et à la migration de milliersd’enseignants des zones les plus touchées. Au plus fort de la crise, environ un million d’enfants ontété déscolarisés (MEN et al, 2011).L’accès à l’enseignement est marqué aussi par de fortes inégalités, surtout selon le niveaude richesse familiale. Le RESEN a constaté que le système éducatif ivoirien était l’un des moinséquitables d’Afrique. En plus de disparités significatives selon le genre, l’analyse a montré desdisparités selon le milieu de résidence et surtout selon les quintiles de richesse d’une intensitéencore plus forte. La Figure 4.1 montre l’évolution de ces disparités en termes de taux d’accèset d’achèvement selon le niveau d’enseignement. Tandis que le ratio filles/garçons diminue de0,87 (accès primaire) à 0,43 (achèvement secondaire), le ratio rural/urbain tombe beaucoup plusprécipitamment, de 0,82 à 0,17. Les disparités d’offre scolaire peuvent en partie expliquer lesdisparités géographiques, notamment au niveau secondaire. Les disparités régionales sont aussiimportantes dès l’accès au primaire, où on peut constater des taux variant de 84% à Abidjan etdans les régions du Sud et du Centre-Ouest à seulement 35% dans la région Nord et 41% dansle Nord-Ouest.51
Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’IvoireFigure 4.1Disparités des taux d’accès et d’achèvement scolaire selon le genre,le milieu de résidence et le niveau de richesse, 2006Source : RESEN 2009, à partir des données du MICS 2006 (RCI, 2009c).Cependant, ce sont les disparités selon le niveau de richesse des ménages qui sont de loin les plusfrappantes. Le taux d’accès au primaire des enfants du premier quintile n’est que 51%, par rapportà 89% pour les enfants du cinquième quintile, ce qui donne le ratio de 0,57 indiqué dans laFigure 4.1. Les ratios Q1/Q5 diminuent à 0,33 pour l’achèvement du primaire, 0,29 pour l’accès aupremier cycle du secondaire et 0,12 pour l’achèvement du premier cycle du secondaire. Lesenfants vivant dans des ménages appartenant au quintile le plus pauvre n’ont pratiquement aucunechance d’achever le deuxième cycle du secondaire (1 sur 100). Cette analyse montre clairementl’importance du facteur économique au niveau des ménages dans l’accès des enfants à l’écoleet ainsi la pertinence de mesures de protection sociale qui visent à réduire les barrières financières.Les frais liés à la scolarisation restent élevés. Le RESEN a estimé que, en 2007, les dépensessupportées par les familles (inscription, frais de scolarité, fournitures, uniforme, etc.) représentaient27% des dépenses totales (publiques plus privées) au primaire, 46% au collège et 44% au lycée.Les dépenses familiales annuelles par élève augmentent rapidement selon le niveau des études, de28 037 FCFA au primaire à 97 914 FCFA au collège et 146 762 FCFA au lycée. Il est à noter quele préscolaire, dominé par le secteur privé, est presque trois fois plus coûteux aux familles(75 292 FCFA par enfant) que le primaire, ce qui explique en grande partie pourquoi seulement1,3% des enfants scolarisés à ce niveau appartiennent au quintile le plus pauvre. Le niveau dedépense familiale est beaucoup plus élevé en milieu urbain et parmi les plus riches. Selon desestimations de 2002, présentées dans le RESEN, la dépense familiale moyenne par élève auprimaire augmente de 14 751 FCFA dans les deux premiers quintiles, à 19 677 FCFA dans lestroisième et quatrième quintiles et à 54 274 FCFA dans le cinquième quintile.En plus de ces frais directs, il faut tenir compte du fait que, pour les ménages les plus pauvres,la scolarisation implique également des coûts d’opportunité. Pour ces ménages en effet, lascolarisation entre en concurrence avec le travail des enfants. Selon l’enquête MICS de 2006,35,3%des enfants âgées de 5 à 14 ans travaillent, et 51,9% de ces enfants travailleurs ne fréquentent pasl’école. 3636 Ces données sont basées sur la définition suivante d’enfant « travailleur » utilisée dans l’enquête MICS : tout enfant âgé de 5 à 11 ans quieffectue au moins une heure de travail rémunéré ou 28 heures de corvées ménagères par semaine ; et tout enfant âgé de 12 à 14 ans quieffectue au moins 14 heures de travail rémunéré ou 28 heures de corvées ménagères par semaine (MEMPD/INS et <strong>UNICEF</strong>, 2007).52
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