Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoiremême tranche d’âge (10,4% pour les personnes âgées de 30 à 34 ans en 2005). Les femmes enâge de procréation sont sujettes aux risques de la mortalité maternelle (543 décès pour 100 000naissances vivantes).Les personnes âgées n’ont souvent pas de support familial et sont sujettes aux risquescroissants de maladies et de handicaps, avec des besoins importants en médicamentset consultations médicales. Comme les enfants, les personnes âgées de plus de 65 ans, quiconstituent 2,7% de la population, sont plus fortement concentrées dans les premiers déciles deconsommation. L’absence de pensions sociales de vieillesse et la nature payante de presque tousles services sanitaires les rendent particulièrement vulnérables.3.2.4 La vulnérabilité liée au genreLe statut de subordination de la femme dans la culture prédominante, la division traditionnelledu travail, les discriminations de genre (notamment par rapport à la scolarité) et le lourd fardeaudu rôle reproductif de la femme mettent les filles et les femmes dans une situation globalementdésavantageuse par rapport aux garçons et aux hommes et les rendent plus vulnérables à touteune série de risques.Les risques de non scolarisation ou d’abandon scolaire sont plus élevés pour les filles quepour les garçons. Selon le <strong>Rap</strong>port d’Etat du Système Educatif Ivoirien (RESEN), en 2009, une fillea 66% de chances d’avoir accès à la première année de l’école primaire (CP1) contre 76% pourun garçon. Ces inégalités s’accentuent tout au long du système d’enseignement. Dans le secondcycle du secondaire, les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles (Tableau 3.7).A l’âge adulte, beaucoup moins de femmes que d’hommes savent lire ou écrire. En 2008, selonl’ENV, le taux net d’alphabétisation (pour la population âgée de 15 ans et plus) était 56,1% chez leshommes et seulement 36,8% chez les femmes.Tableau 3.7 Disparités filles/garçons dans le système d’enseignement (%), 2009AccèsPrimaireAchèvementprimaireAccèsSecondaire IAchèvementSecondaire IAccèsSecondaire IIAchèvementSecondaire IIGarçons 76 52 44 30 28 21Filles 66 39 31 16 14 9<strong>Rap</strong>portgarçons/filles1,15 1,33 1,42 1,88 2,00 2,33Source : RESEN 2009.Les femmes ont également moins d’opportunités professionnelles et économiques que leshommes. Il y a une prédominance des hommes travaillant dans l’agriculture d’exportation (cacao,café, coton, anacarde, palmier), où ils sont sept fois plus nombreux que les femmes, selon l’ENVde 2008. Les femmes se consacrent davantage à l’agriculture vivrière (17% contre 13% pour leshommes). Le chômage touche plus les femmes de condition pauvre que les hommes pauvres (10%contre 8%), et la part des inactifs est presque deux fois plus élevée chez les femmes que chez leshommes (23% contre 13%). Il y a une différence fondamentale dans l’accès à la terre et au créditselon le genre. Dans l’ensemble, les ménages ayant un homme comme chef ont globalement plusde chance d’avoir accès à la terre que leurs homologues femmes chefs de ménage, bien que l’écartsoit plus accentué dans le Centre Ouest, le Nord et le Sud. La propriété foncière étant souvent unecondition d’accès au crédit, les femmes ont également moins d’accès au crédit.Bien que les taux de pauvreté soient similaires que les ménages ayant un homme ou unefemme comme chef, les chefs de ménages qui sont veuves ont connu un accroissement plusrapide de la pauvreté que les autres femmes chefs de ménages (Banque Mondiale, 2010a). Il est25
Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoireà noter que 43% des chefs de ménages de sexe féminin sont veuves et que, comme il a déjà étésignalé dans la section 3.1.2, les veuves sont très souvent dépossédées de leurs biens, notammentdans les sociétés matrilinéaires.Les autres risques encourus par les femmes, tels que l’excision, les violences conjugales, les abussexuels et l’exploitation sexuelle, ont aussi été mis en relief dans la section 3.1.2 et ne seront pasrépétés ici.3.2.5 La vulnérabilité et le capital humainLe capital humain est l’ensemble des capacités qu’un individu acquiert par l’accumulationdes connaissances et de savoir-faire. Le capital humain exprime ainsi l’idée d’un stock decapacités imputé à une personne et pouvant être accumulé, par l’instruction ou par d’autres moyensmoins formels. Le manque d’instruction ou un faible niveau d’instruction est ainsi une source devulnérabilité des individus car il les rend moins capables d’éviter, d’atténuer ou de s’adapter auxdifférents risques, qu’ils soient de nature économique, sanitaire ou socioculturelle. L’investissementdans l’éducation, y compris par des mesures de protection sociale qui facilitent l’accès des pluspauvres à l’école, est ainsi une stratégie de choix pour réduire la vulnérabilité à long terme. Lasensibilisation, par exemple sur la nutrition ou la protection contre le VIH/SIDA, joue aussi un rôleimportant dans la réduction de certains risques.L’augmentation de la pauvreté a frappé surtout les ménages ayant les chefs les moinsinstruits. L’analyse de la pauvreté réalisée par la Banque Mondiale (2010a) a montré que l’incidencede pauvreté a augmenté le plus pour les ménages ayant des chefs avec moins de sept ansd’instruction (+300% de 1985 à 2008). Pour les ménages dont les chefs ont 15 ans d’instruction,l’incidence de pauvreté n’a guère changé.Le niveau d’instruction a aussi des impacts sur d’autres risques sociaux, tout en étantgénéralement moins déterminant que le niveau de richesse. Par exemple, plus la mère estinstruite, plus son enfant a de chances de fréquenter l’école. Le taux net de scolarisation primaireest deux fois plus élevé pour les enfants de mères ayant atteint le secondaire ou plus (92,2%) quepour les enfants de mères non instruites (48,6%). Ce taux est 75,8% pour les enfants de mère ayantfréquenté le primaire. Selon des analyses de régression logistique (Banque Mondiale, 2010b), unefemme ayant fréquenté l’enseignement secondaire ou supérieur aurait un ratio de probabilité (oddsratio) deux fois supérieur d’accoucher avec l’assistance de personnel qualifié qu’une femme sansaucune instruction (1,3 fois plus dans le cas d’une femme ayant l’enseignement primaire). C’estdonc un facteur important même si le facteur économique est de loin le plus important, le ratio deprobabilité Q5/Q1 étant de 15,2.3.2.6 Maladies chroniques, dont le SIDA, et handicapsLes maladies chroniques, telles que le SIDA, la tuberculose et la lèpre, rendent les ménagesplus vulnérables, diminuant leur capacité productive et augmentant leurs besoins médicaux. En2009, l’ONUSIDA a estimé à 164 000 le nombre de personnes qui ont besoin d’ARV, dont 14 000enfants de moins de 15 ans (CNLS, 2011). Ces personnes, déjà malades du SIDA, constituent34% des personnes vivant avec le VIH et environ 0,01% de la population. Même si ce dernier chiffreparaît très faible, il sera en hausse dans les prochaines années, compte tenu du taux de prévalencedu VIH, avec des conséquences graves pour la capacité productive et le bien-être des personnesconcernées et des autres membres de leurs ménages. Une étude en 2000 a montré que, parmi unéchantillon de PVVIH connaissant leur statut et consultant pour des soins, 30% avaient perdu leursemplois (Juillet et al, 2001, cité dans Banque Mondiale, 2010b). Une enquête ménage réalisée en2007, avant l’introduction des ARV, auprès de 1 451 adultes séropositifs a trouvé que 68% desménages ayant des PVVIH faisaient face à des dépenses catastrophiques 13 .13 Selon la définition de l’OMS : plus de 40% des dépenses non alimentaires.26
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