Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’IvoireEncadré 4.3Les projets pilotes de transferts en espècesLa Côte d’Ivoire n’a pas encore établi de larges programmes de transferts en espèces visant à renforcerla capacité des pauvres et à leur permettre de sortir de leur situation de vulnérabilité de manière durable.Ces types de programmes, très répandus en Amérique Latine et de plus en plus mis en place en Afrique,notamment dans le Ghana voisin, requièrent des transferts réguliers et prévisibles sur le moyen ou long termeafin de permettre aux bénéficiaires non seulement d’augmenter leur consommation courante mais aussid’épargner, d’acheter des intrants agricoles ou de lancer des AGR, d’augmenter leur productivité et d’investirdans leurs enfants (améliorations nutritionnelles, accès aux services sanitaires et meilleure fréquentation etperformance scolaire).En Côte d’Ivoire, plusieurs ONG ont lancé à titre expérimental de petits projets de transferts en espèces aulieu des transferts en nature plus habituels dans le contexte humanitaire. Cependant, ce sont des projets detrès courte durée et très localisés, plutôt que des programmes qui peuvent réellement transformer à termela situation des bénéficiaires. Ce sont en effet des projets humanitaires conçus dans un contexte d’urgence.Suite à une étude de faisabilité en mai 2011, le PAM a lancé un projet pilote de transferts en espèces dansdeux quartiers d’Abidjan parmi les plus affectés par la crise postélectorale, Abobo et Yopougon. Justifié parla situation précaire des populations de ces quartiers, ainsi que par le bon fonctionnement des marchés,qui rend la modalité de transfert en espèces faisable et plus flexible pour les bénéficiaires que les rationsalimentaires, ce projet est aussi de nature ponctuelle. Le projet a fourni des transferts (de 33 000 FCFApar ménage et par mois) à 10 444 ménages soit 52 220 bénéficiaires pendant deux mois, à la suite d’unprocessus de ciblage à la fois géographique (au niveau commune puis au niveau quartier) et catégoriel,donnant la priorité aux ménages dirigés par des femmes sans autres membres actifs et avec des enfants demoins de 5 ans, ainsi qu’aux ménages dépendants de la solidarité communautaire, identifiés sur base d’uneenquête de ménage (PAM, 2011a, 2011b). Selon le Questionnaire de suivi post distribution (PDM) réaliséauprès des bénéficiaires, 64 pour cent de la somme perçue par les ménages a été utilisée dans l’achat denourriture. Selon la même source, cette assistance financière a amélioré la situation alimentaire des ménagesbénéficiaires. En effet, la part des dépenses alimentaires dans le revenu des ménages a connu une baissesignificative, passant de 41 à 35 pour cent.Une intervention ponctuelle de ce type ne peut que donner des résultats mitigés et à un coût très élevé,étant donné l’importance des investissements requis pour le mettre sur pied (étude préliminaire, recherchede partenaires opérationnels, enquête auprès des ménages, sélection et enregistrement des bénéficiaires,création de systèmes de gestion, paiements via la téléphonie mobile, suivi et évaluation). Le projet se justifieprincipalement par l’opportunité d’apprentissage en matière de transferts en espèces, notamment en ce quiconcerne les mécanismes et critères de ciblage et l’expérience de la modalité de paiement des transferts enpartenariat avec la compagnie de téléphonie mobile MTN. Les leçons tirées de cette expérience pourraientcontribuer à la réflexion en Côte d’Ivoire sur l’opportunité et la faisabilité de mettre en place un programmelarge de transferts en espèces comme instrument de lutte contre la pauvreté à long terme.4.3.1 L’aide humanitaireLes programmes humanitaires, financés essentiellement par l’aide extérieure, ont été de largeéchelle en 2011 compte tenu de la gravité de la situation humanitaire déclenchée par la crisepostélectorale. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a augmenté la distribution alimentairegénérale dans l’ouest et le nord du pays, ainsi que dans quelques quartiers d’Abidjan, pourrépondre aux besoins alimentaires des centaines de milliers de personnes déplacées du fait de lacrise postélectorale. Cette aide a bénéficié à plus de 250 000 personnes (272 000 en août 2011).Chaque ménage de cette population devait recevoir des rations complètes (riz, haricots, CSB,huile et sel) pour 5 personnes. Cependant, la mise en œuvre a été perturbée par des rupturesde stocks dans la chaine d’approvisionnement du PAM, de sorte que le PAM se trouve parfoisobligé de réduire les rations d’une partie des bénéficiaires. Ce programme devrait en principeprendre fin lorsque les déplacés auront réussi à se rétablir dans leurs zones d’origine et àrelancer leurs activités productives. Bien que ce processus soit déjà en cours, il ne sera pasentièrement achevé avant au moins quelques mois encore compte tenu des pertes de biens subiespar les déplacés, y compris en intrants et équipements agricoles, et du climat d’insécurité quiprévaut toujours dans certaines zones, notamment dans l’Ouest.37
Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoire4.3.2 Transferts alimentaires dans le cadre de programmes nutritionnelsDes transferts alimentaires ciblés à des groupes vulnérables sont effectués dans le cadrede programmes nutritionnels. Comme dans le cas de l’aide alimentaire générale, la plupart desprogrammes nutritionnels sont limités dans l’espace (ciblage géographique sur les zones dedéplacement ou de forts taux de malnutrition) et limités dans le temps. Ces programmes sontégalement dépendants du niveau de ressources mobilisées par les pays donateurs. Les principauxprogrammes de ce type visent à prévenir ou à répondre à la malnutrition chez les groupesparticulièrement vulnérables comme les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes ouallaitantes, les personnes âgées et les patients atteints du VIH/SIDA.• Cantines pour groupes déplacés à risques (enfants, femmes et personnes âgées).Dans le cadre de l’action humanitaire, le PAM et l’ONG française Action Contre la Faim (ACF)organisent, depuis avril 2011, à titre préventif, des cantines dans les sites de déplacementdans l’ouest accessibles aux femmes enceintes et allaitantes, aux enfants de 0 à 59 moiset aux personnes âgées. Un repas chaud (CSB+, huile) a été fourni une fois par jour à environ17 000 personnes par mois. L’activité était prévue jusqu’au 24 septembre 2011, mais a étérenouvelée. Selon l’enquête SMART réalisée mi-2011, le taux de malnutrition aiguë globaledans la zone d’intervention est de 4%, alors que ce taux atteint 7% dans certaines autreszones. Le PAM est ainsi en discussion avec les autorités pour éventuellement rediriger leprogramme vers les zones où les taux de malnutrition sont les plus élevés.• Prise en charge des enfants malnutris. Un protocole national existe pour la prise encharge de la malnutrition infanto-juvénile. Alors que l’<strong>UNICEF</strong> et ses partenaires assurentla prise en charge de la malnutrition aiguë sévère, le PAM et ses partenaires (plus de60 ONG) assurent la prise en charge de la malnutrition aiguë modérée, dont le nombred’enfants atteints est estimé à 159 000. Toutefois les activités ne couvrent pas encorel’ensemble du pays, faute de centres nutritionnels. La mise en place ou le renforcement deces centres, rattachés aux centres de santé, nécessite des formations, de l’équipement etdes intrants. L’OMS et l’<strong>UNICEF</strong> ont proposé d’appuyer un plan de formation (dans le cadredu Cluster humanitaire sur la nutrition). Actuellement le PAM et ses partenaires fournissentdu Plumpy’Sup à un total de 8 000 à 9 000 enfants de 6 à 59 mois en malnutrition aiguëmodérée dans quelques sites dans le nord et l’ouest. Ce programme est en place depuisavril 2011 et a été assuré jusqu’en décembre 2011.• Transferts alimentaires aux personnes accompagnant les enfants hospitalisés enmalnutrition aiguë sévère. Le PAM fournit une ration d’appui à ces personnes pour réduire lerisque de départ précoce des enfants sous traitement.• Transferts alimentaires aux femmes enceintes malnutries. Les femmes bénéficiairessont identifiées au niveau des centres de santé sur base du périmètre brachial (selonle protocole national). Le PAM et ses partenaires leur fournissent une ration individuellede CSB+ et d’huile chaque semaine ou quinzaine jusqu’à l’accouchement. Plus de 10 000femmes bénéficient de cette assistance (dans les mêmes centres nutritionnels que pourle traitement de la malnutrition aiguë modérée).• Transferts alimentaires aux patients sous ARV malnutris. Le PAM et ses partenairesfournissent une ration individuelle (CSB+, huile) aux patients atteints du VIH/SIDA soustraitement antirétroviral (ARV) malnutris pendant 3 ou 6 mois afin d’assurer la réussitedu traitement.4.3.3 Les secours aux indigentsLes secours aux personnes démunies existent depuis des années mais sont devenusquasi inexistants. L’aide aux personnes démunies, qui est régie par le décret n° 67-524 du28 novembre 1967 portant réglementation de l’octroi des secours, est de très petite envergure,voire presque dérisoire par rapport à l’ampleur de la pauvreté dans le pays. Il s’agit de l’octroi de38
- Page 2:
CADRE DE DEVELOPPEMENTDE LA STRATEG
- Page 7 and 8: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 10: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 15 and 16: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 17 and 18: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 19 and 20: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 22 and 23: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 24 and 25: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 26 and 27: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 28 and 29: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 30 and 31: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 32 and 33: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 34 and 35: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 36 and 37: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 38 and 39: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 40 and 41: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 42 and 43: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 44 and 45: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 46 and 47: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 48 and 49: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 50 and 51: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 52 and 53: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 54 and 55: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 56 and 57: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 60 and 61: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 62 and 63: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 64 and 65: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 66 and 67: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 68 and 69: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 70 and 71: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 72 and 73: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 74 and 75: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 76 and 77: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 78 and 79: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 80 and 81: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 82 and 83: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 84: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 87 and 88: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 89 and 90: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 91 and 92: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 93 and 94: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 95 and 96: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 97 and 98: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 99 and 100: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 101 and 102: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 103 and 104: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 105 and 106: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 107 and 108: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 110 and 111:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 112 and 113:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 114 and 115:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 116 and 117:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 118 and 119:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 120 and 121:
Etat des lieux, défis et perspecti