Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’Ivoire4.2.2 La Caisse Générale de Retraite des Agents de l’Etat (CGRAE)La CGRAE a été créée en 1997 21 pour prendre en charge la gestion des pensions de retraitedes agents de l’administration publique, gérés auparavant (de 1964 à 1977) par le Ministère desAffaires Economiques et du Plan. Elle est sous la double tutelle du Ministère d’Etat, Ministère d’Etat,Ministère de l’Emploi, des Affaires Sociales et de la Solidarité (tutelle technique) et du Ministère del’Economie et des Finances (tutelle financière). Comme dans le cas de la CNPS, la CGRAE gère unrégime de retraite de base qui est obligatoire et par répartition.La population cible de la CGRAE comprend les fonctionnaires de l’Etat actifs et pensionnés. Lescotisations de retraite sont constituées de 12% du salaire de l’agent versés par l’employeur et de 6%prélevés sur le salaire de l’agent, soit un niveau de cotisation de 18%. Au 31 décembre 2010, ondénombrait 123 structures affiliées au régime de retraite de la CGRAE, environ 170 000 cotisants etenviron 70 000 bénéficiaires de prestations (Niankan, 2011).Les différentes prestations offertes aux assurés de la CGRAE sont de deux types : les prestationsviagères échelonnées dans le temps et les prestations à paiement unique. Les prestations viagèresdécoulent du régime obligatoire des pensions et sont payées mensuellement aux bénéficiaires. Ondistingue la pension d’ancienneté, la pension proportionnelle, les allocations viagères et les pensionsde réversion (du conjoint survivant, des orphelins mineurs et des ascendants). A l’exception de lapension temporaire d’orphelin qui s’éteint avec la majorité de l’enfant bénéficiaire, toutes les autresprestations sont viagères. Les prestations à paiement unique sont des prestations réglées en uneseule fois. Il s’agit du capital décès (allocations accordées aux ayants cause de fonctionnairesdécédés en activité), des indemnités de départ volontaire, du remboursement des cotisations à6% versées par les employés (dans le cas où les agents cessent leurs fonctions avant d’obtenirune pension) et des invalidités temporaires. Le régime du CGRAE inclut aussi des prestations auxfamilles sous forme d’allocations familiales (fixées au niveau très faible de 2 500 FCFA par enfant etpar mois) et de majorations familiales.A l’instar de la CNPS, la CGRAE est devenue structurellement déficitaire en raison denombreux facteurs, parmi lesquels : les tendances démographiques (notamment la croissancerapide du nombre de retraités et l’augmentation de l’espérance de vie) ; l’augmentation du montantde la rente moyenne ; les prestations non contributives ; les arriérés de paiements de cotisations parcertaines entreprises et institutions publiques ; le gel des effets financiers des avancements dans lafonction publique (en vigueur depuis les années 80), qui gèle aussi automatiquement le niveau decotisation ; et le paramétrage incohérent du régime. Selon l’étude actuarielle de la CGRAE, le ratiode dépendance démographique (prise en charge d’un pensionnaire par 2,44 actifs) est largementinférieur à la norme de 4 à 5 actifs par bénéficiaire pour assurer l’équilibre du régime, et le délaide récupération des cotisations versées au régime de retraite ressort à seulement 3,8 années,comparé à l’espérance de vie au départ en retraite, qui est de 16 ans pour les hommes et 19 anspour les femmes (cité par Gueu Yra, 2008). Au cours de l’exercice 2010, les différentes prestationsexécutées se chiffraient à 121,5 milliards de FCFA mais le niveau de cotisations n’était que de 75milliards de FCFA (Niankan, 2011). Il se dégage de ces données un déficit d’environ 46,5 milliardsde FCFA. Selon la même source, en l’absence de réforme, ce déficit atteindra le niveau de 266milliards de FCFA, soit 1% du produit intérieur brut (PIB), en 2050.La CGRAE propose donc une réforme en profondeur du régime par répartition. Cette réforme,qui n’est pas encore validée par l’Etat, consisterait à corriger les paramètres suivants du régimede retraite de base : augmentation de l’âge de la retraite ; augmentation du taux des cotisations ;réduction des pensions de réversion ; révision du salaire de référence pour le calcul des pensions ;changement du mode de revalorisation des pensions ; suppression des majorations pour famillenombreuse ; et réduction du montant des prestations ou rentes à servir. La CGRAE propose aussides réformes institutionnelles en vue de se doter d’un statut d’institution de prévoyance sociale,jouissant d’une réelle autonomie administrative et financière.21 Ordonnance n° 77-206 du 5 avril 1977.33
Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’IvoireMalgré la cohérence des raisons économiques et financières justifiant ces mesures deredressement, elles impliquent une détérioration du niveau de vie de la majorité des retraités.C’est pour faire face à cette réalité que la CGRAE envisage aussi de mettre en place un régimede retraite complémentaire par capitalisation, pour compenser la baisse des prestations ou rentesoccasionnée par une réforme paramétrique du régime par répartition (Niankan, 2011). Toutefois, leplan de réforme inclut aussi certaines mesures qui prennent le contre pied de la vision humaniste dela protection sociale et devraient être l’objet d’une réflexion plus approfondie. Il s’agit notamment dela réduction des pensions de réversion, de la réduction du taux d’annuité et de la suppression desmajorations pour famille nombreuse.Certaines autres dispositions règlementaires existantes ont besoin de modification pourmieux protéger les droits des femmes et des enfants, notamment en ce qui concerne la levéede la condition de mariage civil pour permettre un plus large accès aux allocations familiales et auxpensions de réversion aux veuves et aux orphelins (Gueu Yra, 2008).4.2.3 Les « mutuelles » professionnellesLes mutuelles professionnelles sont relativement nombreuses en Côte d’Ivoire, mais ellesne couvrent également qu’une infime minorité de la population exerçant dans le secteurformel, principalement le secteur public, où elles sont responsables de l’assurance maladie. Lesplus anciennes, actives et connues sont : la Mutuelle Générale des Fonctionnaires de Côte d’Ivoire(MUGEFCI), le Fonds de Prévoyance Militaire (FPM) et le Fonds de Prévoyance de la Police Nationale(FPPN). Ces structures ont en commun la couverture des risques sanitaires et sociaux des membreset de leurs ayants droits. Ce ne sont pas de vraies « mutuelles », l’adhésion étant obligatoire pourles employés dans les institutions concernées. Avant la création de la MUGEFCI, les fonctionnairesdes administrations et établissements publics administratifs de l’Etat en activité ou à la retraite ainsique les membres de leurs familles (épouses et enfants à charge) avaient droit à la gratuité desconsultations, des soins médicaux et dentaires, et des médicaments dans les formations sanitairespubliques. 22 Lorsque cette gratuité des soins de santé accordée aux fonctionnaires et agents del’Etat a été supprimée, la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l’Etat (MGFAE) a étémise en place pour compenser la perte de cet avantage. Créée par le Président de la Républiqueen 1973, la Mutuelle était gérée par une Direction du Ministère de la Fonction Publique. 23 Mais 16ans plus tard, en 1989, l’Etat se désengage de la MGFAE et confie sa gestion aux organisationssyndicales des fonctionnaires. Ainsi est né la MUGEFCI comme institution de droit privé.La MUGEFCI se distingue des deux autres mutuelles professionnelles par le fait qu’elle aplus d’adhérents, offre une gamme variée de prestations et est la plus ancienne. Elle gère troisrégimes, tous selon le système de tiers payant : un régime de base (avec environ 240 000 cotisantset 600 000 bénéficiaires) et deux régimes complémentaires, Ivoir’Santé et Ivoir’Prévoyance, qui,en raison de leurs niveaux de cotisation relativement élevés, ont peu d’adhérents. A son assembléegénérale d’août 2011, la MUGEFCI a présenté un bilan financier excédentaire. Les difficultés de laMUGEFCI sont essentiellement liées à la fraude. En effet, de nombreux cas de fraudes sont constatésau niveau de l’utilisation des cartes de la mutuelle : certains assurés font bénéficier frauduleusementleurs proches non assurés des prestations offertes par la MUGEFCI (Gueu Yra, 2008).Le FPM a été créé pour toutes les catégories d’agents des Forces Armées Nationales ayantle statut de militaire. L’adhésion à ce fonds est obligatoire, par conséquent systématique pourtout militaire. Malgré l’existence de l’Hôpital Militaire d’Abidjan, ce fonds offre des prises en chargepour la couverture gratuite des frais de soins médicaux dans les autres hôpitaux publics et dans lesecteur privé. Le fonds prend en charge la totalité du coût des soins des militaires (hospitalisation,médicament, examens) et de leurs épouses et enfants.22 Article 32 du Décret n° 65-195 du 12 juin 1965 portant règlementation sur la rémunération et les avantages matériels divers alloués auxfonctionnaires.23 Sur rapport conjoint des Ministres de la Fonction Publique, de la Santé Publique et de la Population, de l’Economie et des Finances, et du Travailet des Affaires Sociales, le Président Félix Houphouët-Boigny prit le Décret n° 73-176 du 27 avril 1973, portant création de la Mutuelle Généraledes Fonctionnaires et Agents de l’Etat (MGFAE).34
- Page 2:
CADRE DE DEVELOPPEMENTDE LA STRATEG
- Page 7 and 8: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 10: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 15 and 16: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 17 and 18: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 19 and 20: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 22 and 23: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 24 and 25: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 26 and 27: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 28 and 29: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 30 and 31: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 32 and 33: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 34 and 35: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 36 and 37: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 38 and 39: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 40 and 41: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 42 and 43: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 44 and 45: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 46 and 47: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 48 and 49: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 50 and 51: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 52 and 53: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 56 and 57: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 58 and 59: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 60 and 61: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 62 and 63: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 64 and 65: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 66 and 67: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 68 and 69: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 70 and 71: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 72 and 73: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 74 and 75: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 76 and 77: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 78 and 79: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 80 and 81: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 82 and 83: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 84: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 87 and 88: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 89 and 90: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 91 and 92: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 93 and 94: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 95 and 96: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 97 and 98: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 99 and 100: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 101 and 102: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 103 and 104: Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 105 and 106:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 107 and 108:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 110 and 111:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 112 and 113:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 114 and 115:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 116 and 117:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 118 and 119:
Etat des lieux, défis et perspecti
- Page 120 and 121:
Etat des lieux, défis et perspecti