Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’IvoireEn termes d’impact, une étude comparative des écoles avec cantines et des écoles sans cantinessur la période de 1999 à 2002 suggère des effets positifs des cantines sur la scolarisation et laréussite scolaire. Il y a eu un taux d’accroissement moyen des enfants scolarisés de 12,5% dansles écoles avec cantines contre -1,4% dans les écoles sans cantines, un taux d’abandon moyenannuel de 3% contre 5,9% et un taux moyen de réussite au Certificat d’Etudes PrimairesElémentaires (CEPE) de 66,6% contre 61,2% (PNUD, 2003, cité dans MEN, n.d. b).Cependant, le Ministère de l’Education Nationale est conscient de quelques faiblesses descantines. Les rations envoyées aux cantines par le Ministère fournissent actuellement en moyenne40 repas sur 100 jours scolaires par année (celles du PAM fournissent entre 60 et 100 repasselon la disponibilité des vivres) en raison des perturbations déclenchées par le conflit.En outre, la pratique actuelle de prélèvement de 25 FCFA par repas, appelée contribution financièrecommunautaire (CFC), qui s’applique dans toutes les cantines quelles que soient leur sourced’appui, pourrait aller à l’encontre de l’objectif d’alléger la pression du coût de l’éducation sur lesménages pauvres. Comme il a été observé par N’da et Tebi dans leur étude approfondie sur lescantines en Côte d’Ivoire : « Si l’on n’y prend garde, la sélection se fait en fonction de l’argentet donc de ceux qui peuvent payer quotidiennement et qui ne sont peut-être pas parmi les enfantsqui avaient besoin de la cantine pour se présenter comme égaux devant l’école » (1998, p. 86).Dans quelques zones, des élèves identifiés comme étant issues de familles très démuniesbénéficient d’exemptions du paiement de la CFC. Le Plan d’Actions à Moyen Terme dusecteur de l’éducation prévoit le renforcement du programme de cantines scolaires comme unedes mesures clées pour inciter la demande scolaire. Il s’agit surtout de l’extension des cantinesde 40 à 100 jours scolaires par année, surtout dans les zones ayant les niveaux les plus élevésde pauvreté et les taux d’accès et d’achèvement les plus faibles. En ce qui concerne le prélèvementde 25 FCFA par repas, une étude est prévue par le Service National des Cantines Scolairesdu MEN en vue de comprendre mieux si celui-ci constitue une barrière pour les plus pauvreset ainsi de déterminer l’opportunité de maintenir cette contribution financière.La distribution de manuels et kits scolaires est mise en œuvre à l’échelle nationale, mais sonefficacité est quelquefois compromise par les retards de livraison aux écoles. En réduisantle coût de la scolarisation, ce programme d’envergure nationale et universelle (donc non ciblée)vise à améliorer l’accès, la rétention et l’apprentissage des élèves. La distribution des kits (cahiers,stylos, crayons, gomme blanche, etc.), qui sont légèrement différents selon les cycles du primaire(CP, CE et CM), bénéficient à environ 2 millions d’enfants dans plus de 9 000 écoles primairespubliques. En 2010, 2,2 millions de kits ont été achetés, à un coût de 3,4 milliards de FCFA.Les manuels sont prêtés aux enfants à raison de 250 FCFA par manuel pour l’année scolaire.Des études ont démontré le coût-efficacité de ces interventions (Razafindramary et de Galbert, 2010).Cependant, l’arrivée tardive des ouvrages dans les écoles, qui a été constatée par exempleen 2010, combinée aux taux élevés de déperdition, contribuent à réduire l’impact sur les résultatsscolaires.Des mesures de petite envergure ont été prises en faveur de la scolarisation des OEV.Des actions ciblées à cette catégorie d’enfants sont menées par les structures de proximitéétablies par la Direction de la Mutualité et des Œuvres Sociales en Milieu Scolaire (DMOSS) duMinistère de l’Education Nationale (voir ci-dessous), en liaison avec le Ministère de la Santé etde la Lutte contre le VIH/SIDA et en partenariat avec le PN-OEV. De 2008 à 2011, les structureslocales de la DMOSS ont distribué 1833 kits scolaires en faveur des OEV. Le Plan d’Actionsà Moyen Terme du secteur de l’éducation propose d’élargir la distribution de kits à 10 000 OEVpar an. Le PN-OEV a mis en place en 2008 un programme d’octroi de bourses aux OEV dufait du VIH/SIDA, les candidatures étant soumises par les « plateformes » de coordination localedu PN-OEV. Cependant, le nombre de bénéficiaires est extrêmement réduit. Selon la Sous Directiondes Actions Sociales en Milieu Scolaire du DMOSS, seules 70 bourses ont été octroyées auxélèves du secondaire et de l’enseignement technique avec l’appui des ONG entre 2008 et 2011.55
Etat des lieux, défis et perspectives de renforcement de la protection sociale en Côte d’IvoireL’éducation intégratrice est encore à l’état embryonnaire et nombre d’enfants handicapésrestent exclus. Quelques initiatives sont en place pour assurer l’accueil et l’encadrement desenfants handicapés dans les écoles ordinaires, mais elles restent très isolées. 37 Un programmeplus ambitieux d’éducation intégratrice devait être lancé en 2011 (MFFAS, 2010k) mais reste enattente, faute de financement notamment. L’insuffisance de personnel qualifié demeure égalementl’une des difficultés majeures pour assurer convenablement l’intégration des enfants et adolescentshandicapés dans le système éducatif.Des actions spécifiques promeuvent la scolarisation des filles, mais ne sont pas bienintégrées dans la planification sectorielle. La plupart des mesures et initiatives susmentionnéescontribuent indirectement à promouvoir l’égalité des chances entre filles et garçons, notammentau primaire. Il existe aussi un Plan stratégique de l’éducation des filles (UNGEI et al, 2007), maisce plan semble peu pris en compte dans la planification sectorielle plus large, malgré la prisede quelques décisions visant en particulier les filles : le maintien d’internats pour des filles ausecondaire et une proposition récente (incluse dans le nouveau Plan d’actions à moyen termeet pour financement du Fonds Catalytique) de distribution de rations sèches à 5 000 filles inscritesau niveau CM du primaire dans les zones rurales ayant des taux de scolarisation fémininetrès faibles.Des mesures sont proposées pour lever les obstacles à l’accès liés à l’état civil. Environ15 000 enfants par an voient leur inscription à l’école refusée par manque d’acte de naissance(acte requis pour l’inscription au CP1). Les 15 212 refus d’inscription pour ce motif à la rentrée2008 ont représenté environ 17% des 89 809 enfants de 6 ans n’ayant pas eu accès au CP1cette année-là, selon les données de l’Observatoire du CP1 (un outil de collecte d’informationsrelatives aux difficultés d’accès à la première année du primaire, appuyé par le PNUD) (MEN et al,2010). Pour lever cet obstacle, le Ministère de l’Education Nationale a demandé aux directeursdes écoles de ne plus faire obstacle à l’inscription des enfants au CP1 pour défaut d’actede naissance, tout en établissant des relations avec le projet de modernisation de l’état civilen Côte d’Ivoire (MECCI) de façon à explorer des solutions pratiques à long terme. Cependant,la mise en application dépend de la bonne volonté des directeurs des écoles, ainsi que dunombre de places disponibles à la rentrée scolaire. Le problème se pose avec acuité lors desexamens du CEPE, pour lequel l’acte de naissance est requis, conduisant à l’exclusion de milliersd’enfants chaque année et contribuant ainsi aux taux élevés de déperdition scolaire.La libéralisation de la tenue scolaire a été renversée en septembre 2011. Le port de l’uniformea été libéralisé en septembre 2002 dans le but d’alléger les charges financières des parentsd’élève. Cependant, cette mesure n’a pas été respectée partout, au détriment des ménagespauvres, et le 7 septembre 2011, le Ministère de l’Education Nationale a pris le pas de restaurerle port obligatoire de l’uniforme. L’arrêté n’a pas expliqué la raison de ce changement de politique.Selon des cadres du Ministère, cette mesure a été adoptée dans un souci de réduction desécarts sociaux. Cependant, aucune mesure d’accompagnement, comme la mise sur pied d’unprogramme de distribution gratuite d’uniformes aux enfants de ménages pauvres (à l’instar de cequi existe au Ghana, par exemple) a été adoptée.D’autres mesures protectrices ont été prises, notamment l’interdiction des punitions physiqueset la mise en place d’un réseau de travailleurs sociaux en milieu scolaire. L’interdiction despunitions physiques et humiliantes à l’endroit des élèves des établissements scolaires « sousquelque forme que ce soit » a été établie par l’Arrêté n° 0075/MEN/DELC du 28 septembre 2009.Il est à noter que cet arrêté apporte aussi d’autres protections aux élèves, en interdisant derenvoyer un élève de l’école, du collège ou du lycée pour non paiement des cotisations du COGESou « de toutes autres formes de cotisation », ou pour manque de matériel, et en insistant que« le recouvrement des cotisations doit être fait avec la collaboration des parents d’élèves touten préservant l’intérêt supérieur de l’enfant d’aller à l’école ».37 On peut noter par exemple l’initiative du Centre d’Education de Formation et d’Insertion des Aveugles de Toumodi, le cas de Sikensi (deuxinitiatives soutenus par le Gouvernement), ainsi que l’aménagement de certains établissements scolaires dans neuf Directions Régionales del’Education Nationale (en collaboration avec l’Alliance Save the Children).56
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