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ne commets pas cette erreur. Au contraire, <strong>je</strong> profite de mon avantage pour lui<br />
demander :<br />
– Qu’allez-vous faire maintenant que Demay est libre ?<br />
– Je ne sais plus vraiment. Qu’est-ce que vous feriez, vous, monsieur Boulard ?<br />
– Je ne peux pas répondre à votre place. Mais <strong>je</strong> sais ce que <strong>je</strong> ferais.<br />
Il me regarde pour la première fois depuis qu’il est monté dans ma voiture. Il<br />
supplie presque.<br />
– Vous feriez quoi, s’il vous plaît ?<br />
– Vous tenez vraiment à le savoir ?<br />
– S’il vous plaît.<br />
– Eh bien, <strong>je</strong> respecterais la promesse faite à ma femme. Pas seulement parce que<br />
j’aurais juré de nous venger, mais parce que <strong>je</strong> ne supporterais pas de savoir que<br />
l’<strong>assassin</strong> de mon fils est en liberté, qu’il picole, bouffe, se balade et baise pendant<br />
que <strong>je</strong> pleure. Oui, Rodriguez, si vous voulez vraiment savoir ce que <strong>je</strong> ferais, <strong>je</strong><br />
vous dis que <strong>je</strong> <strong>tuer</strong>ais ce fumier, et sans le moindre regret. Tout simplement parce<br />
qu’il le mérite.<br />
Il me prend dans ses bras et s’effondre en sanglots. Je reconnais aussitôt l’odeur<br />
de l’atelier qui imbibe ses vêtements.<br />
– Merci, monsieur Boulard. Sûr, <strong>je</strong> <strong>vais</strong> liquider ce fumier.<br />
– Il a tué votre gamin, Antonio, vous ne pouvez pas pardonner cela, il doit crever.<br />
En le regardant monter dans sa mau<strong>vais</strong>e voiture (sa caisse doit bien avoir une<br />
dizaine d’années mais elle est encore en bon état, il est vrai que les Portugais sont<br />
des bricoleurs-nés et qu’ils entretiennent leurs bagnoles mieux que leurs femmes !),<br />
<strong>je</strong> ne peux m’empêcher de penser : « Quel pauvre type, ce Rodriguez, il fonce vers<br />
les emmerdes avec ses promesses à la con. Avec un peu de chance, il va passer à<br />
l’acte dès ce <strong>soir</strong>. » Je vois d’ici la tronche de Christine quand elle apprendra que<br />
Demay a été liquidé !<br />
Je <strong>je</strong>tte un œil sur l’horloge du tableau de bord : <strong>je</strong> serai rentré à l’heure et <strong>je</strong> ne<br />
donnerai pas à Christine l’occasion de me tirer la gueule. Je <strong>vais</strong> manger chaud,<br />
madame Boulard ! Je mets la radio sur Nostalgie et <strong>je</strong> chante à tue-tête des tubes de<br />
C. Jérôme. <strong>Ce</strong> type nous a vraiment quittés trop tôt !<br />
Finalement, tout bien pesé, j’ai bien fait de m’arrêter ce <strong>soir</strong>. J’en ai été quitte<br />
avec un bon coup de chaud, mais, franchement, ça en valait la peine, et j’ai assez<br />
bien maîtrisé... Même s’il faut que <strong>je</strong> parvienne à mieux contrôler mon émotivité.<br />
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