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fouetter aujourd’hui.<br />
– Oui, <strong>je</strong> m’en occupe sans faute. Merci, monsieur l’agent. C’est grave ?<br />
– Quoi ?<br />
– L’accident.<br />
– Avancez !<br />
Et, d’un geste impatient, il me fait signe de dégager. J’ai envie de filer mais,<br />
comme les autres, <strong>je</strong> ne peux pas m’empêcher de ralentir à la hauteur de l’accident.<br />
La première chose que <strong>je</strong> vois, c’est la petite bicyclette rouge posée à l’arrière de la<br />
fourgonnette des gendarmes. Ils sont bien une dizaine dispersés dans le champ de<br />
maïs. Je me demande ce qu’ils peuvent bien chercher. Je suis certain de ne pas avoir<br />
laissé d’indices. Ma voiture est intacte, à l’exception du phare fendu et des rayures<br />
sur le côté. Pour l’avoir si souvent vu à la télé, et notamment dans Les <strong>Expert</strong>s, ma<br />
série préférée, <strong>je</strong> sais qu’avec un seul fragment ils peuvent remonter jusqu’au<br />
propriétaire de la voiture. Je transpire et, pour la première fois depuis hier <strong>soir</strong>, <strong>je</strong><br />
réalise que <strong>je</strong> ne suis pas à l’abri. J’ai envie de dégueuler, <strong>je</strong> voudrais m’arrêter,<br />
mais surtout pas là, si près de l’accident. Mon comportement pourrait les intriguer,<br />
et il y a aussi ces putains de traces sur ma voiture. Ils ne me croiraient pas si <strong>je</strong> leur<br />
expliquais que j’a<strong>vais</strong> trouvé ma voiture dans cet état. Je me connais, <strong>je</strong> craquerais.<br />
Il faut vite que <strong>je</strong> m’éloigne.<br />
Je surveille la scène dans le rétro et <strong>je</strong> sursaute au bruit de la sirène de<br />
l’ambulance qui me rattrape et me double en direction de Plaisir, vers le centre<br />
hospitalier Charcot, sans doute.<br />
Le gamin va leur raconter quel type de voiture l’a renversé, et alors ce sera la<br />
chasse aux Renault Espace vert foncé. Je serai confondu par les marques à l’avant et<br />
j’irai en taule, avec un délit de fuite en prime. Je ne pou<strong>vais</strong> quand même pas<br />
m’arrêter avec ce que j’a<strong>vais</strong> pris ! Quatre pastis, ce n’est pas grand-chose, mais ils<br />
auraient vite fait de me charger pour conduite en état d’ébriété. Non, j’ai bien fait de<br />
filer. C’est quand même la preuve que j’a<strong>vais</strong> toute ma tête, hier <strong>soir</strong>, que <strong>je</strong> n’étais<br />
pas bourré.<br />
Il faut vraiment que <strong>je</strong> m’arrête, sinon <strong>je</strong> <strong>vais</strong> gerber dans la voiture. Je trouve<br />
une place de stationnement dans Plaisir et, accroupi derrière la portière, caché des<br />
véhicules qui passent, <strong>je</strong> vomis mes céréales et mon café du matin.<br />
<strong>Ce</strong>la m’a fait du bien, j’ai repris mes esprits. En regagnant ma place par le côté<br />
passager, <strong>je</strong> constate que ma chemise est trempée. Il ne faut plus que <strong>je</strong> m’affole. Ils<br />
n’auront rien. Je ne suis qu’un conducteur de Renault Espace vert foncé parmi des<br />
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