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Sylvia a tenu à m’accompagner, bien résolue à « voir la tête de cette ordure ».<br />
Moi aussi, il me tarde d’être face à lui, pourtant, <strong>je</strong> roule calmement sans exprimer<br />
la moindre excitation. À l’entrée de Trappes, Sylvia crie « Passe ! » mais <strong>je</strong> choisis<br />
de m’arrêter alors que le feu vient à peine de passer à l’orange.<br />
J’étais resté éveillé toute la nuit. Les cachets de Sylvia n’avaient pas réussi à<br />
vaincre mon énervement extrême et <strong>je</strong> m’étais résigné à attendre son réveil, assis<br />
dans le salon, incapable de m’endormir. Vers 3 heures, j’a<strong>vais</strong> tenté de joindre la<br />
gendarmerie mais le garçon de garde m’avait dit que le commandant Peyrot était<br />
rentré chez lui, avant d’ajouter qu’ils avaient placé le gars en cellule. « Je peux vous<br />
dire qu’il a tout reconnu. C’est une affaire réglée, monsieur Rodriguez. » D’une<br />
voix reconnaissante, <strong>je</strong> l’a<strong>vais</strong> remercié avant de raccrocher. J’a<strong>vais</strong> renoncé à<br />
demander l’identité de l’homme, tellement j’étais persuadé qu’il s’agissait de<br />
Boulard.<br />
Lorsque à son réveil Sylvia m’avait découvert dans le salon, elle avait aussitôt<br />
compris :<br />
– Ils l’ont arrêté.<br />
– Oui, enfin. Nous y sommes, Sylvia.<br />
Puis j’a<strong>vais</strong> ajouté :<br />
– Ils m’ont dit qu’il a avoué. Ils m’attendent à la gendarmerie ce matin.<br />
J’a<strong>vais</strong> alors pris ma femme dans mes bras, incapable de retenir mes larmes.<br />
C’était si bon de la sentir contre moi. Elle n’avait pas pleuré et elle s’était<br />
contentée de dire :<br />
– Je viens avec toi. C’est pas le moment de craquer, Antonio. <strong>Ce</strong> n’est pas encore<br />
fini, avait-elle chuchoté en me serrant de toutes ses forces.<br />
À ces mots, j’a<strong>vais</strong> compris que <strong>je</strong> devrais à tout prix remplir ma promesse.<br />
Elle avait téléphoné à l’hôpital pour dire qu’elle ne viendrait pas ce matin et elle<br />
était remontée dans la chambre en disant : « Ne pars pas sans moi. » À 7 heures,<br />
Sylvia était redescendue avec Priscilla. J’a<strong>vais</strong> servi un café, et nous avions regardé<br />
notre petite manger ses céréales avec appétit, sans prononcer un mot. Puis nous<br />
l’avions accompagnée à pied à l’école, tenant chacun Priscilla par une main.<br />
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