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– Sur quoi elle est si à cheval, Mme Rodriguez ?<br />
– Vous tenez vraiment à le savoir, monsieur Boulard ?<br />
– Vous n’êtes pas obligé.<br />
– Obligé, non. Mais <strong>je</strong> <strong>vais</strong> vous le dire.<br />
J’ai retiré ma main, réalisant que <strong>je</strong> l’a<strong>vais</strong> laissée tout ce temps posée sur sa<br />
cuisse. Il m’a encore fixé avec la même intensité.<br />
– Ma femme, monsieur Boulard, elle veut que <strong>je</strong> la venge. Elle veut que <strong>je</strong> tue<br />
l’<strong>assassin</strong> de notre fils.<br />
<strong>Ce</strong>tte fois, <strong>je</strong> ne suis pas parvenu à soutenir son regard, et <strong>je</strong> me suis tourné en<br />
direction de l’entrée de l’immeuble. A-t-il vu la fine transpiration sur mon front ? Je<br />
ne sais pas, car il a continué sur le même ton :<br />
– Je lui ai juré que <strong>je</strong> le <strong>tuer</strong>ais. Et <strong>je</strong> le ferai. Vous pouvez en être sûr, monsieur<br />
Boulard.<br />
Je transpirais de plus en plus, mais <strong>je</strong> suis parvenu à lui demander s’il savait qui<br />
c’était, d’une voix faible, sans oser le regarder. Je comprenais que mon attitude<br />
pouvait me trahir, mais <strong>je</strong> n’a<strong>vais</strong> qu’une hâte : qu’il disparaisse maintenant. Il ne<br />
descendait toujours pas de la voiture et, assis à mes côtés, <strong>je</strong> sentais qu’il me<br />
regardait. Il est resté silencieux quelques secondes, avant de dire, énigmatique :<br />
– J’y travaille, monsieur Boulard, j’y travaille. J’honorerai ma promesse, ça, vous<br />
pouvez en être certain.<br />
Puis il est sorti, après m’avoir remercié de l’avoir raccompagné. Il s’est éloigné,<br />
avant de revenir soudain sur ses pas. Il m’a fait signe de baisser la vitre.<br />
– <strong>Ce</strong>t homme, monsieur Boulard, <strong>je</strong> crois même que <strong>je</strong> l’ai trouvé.<br />
J’ai juste eu la force d’ajouter :<br />
– À demain, Antonio.<br />
Je ne sais pas s’il a entendu, mais il m’a fait un vague signe de la main, sans se<br />
retourner. Je n’ai pas aimé la façon dont il a prononcé mon nom : « monsieur<br />
Boulard ». J’ai essuyé la transpiration sur mon front tout en quittant ce quartier de<br />
minables. J’ai tenté de me rassurer : il n’était pas possible que cet imbécile m’ait<br />
trouvé. Il avait seulement cherché à m’impressionner et avait joué au père justicier.<br />
Il m’avait raconté son histoire à la con parce qu’il était à bout et qu’il avait besoin<br />
de parler. Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Les flics pataugeaient et il était<br />
impossible qu’il ait pu résoudre l’affaire tout seul.<br />
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