You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
– Il nie maintenant.<br />
Je refuse de penser que le doute puisse s’insinuer en elle, surtout pas maintenant,<br />
alors que <strong>je</strong> suis prêt. Heureusement, elle se reprend :<br />
– <strong>Ce</strong>tte ordure n’a même pas le courage de ses actes.<br />
Je repense à ce que m’a dit M. Boulard tout à l’heure, qu’à ma place, il <strong>tuer</strong>ait ce<br />
fumier. Alors <strong>je</strong> me tourne vers elle, presque fâché :<br />
– Sylvia, ce Demay a <strong>assassin</strong>é notre fils. Si ça se trouve, il va réussir à attendrir<br />
le tribunal et il s’en tirera avec des broutilles. Moi, <strong>je</strong> ne veux pas de ça. Je veux<br />
qu’il crève. Il n’a pas le droit de continuer à vivre après ce qu’il nous a fait.<br />
Je m’interromps un instant, puis <strong>je</strong> saisis ses mains et répète :<br />
– Je veux qu’il crève.<br />
Il faut qu’elle sente que rien ne me fera changer d’avis, surtout pas ce doute que<br />
<strong>je</strong> sens s’insinuer en elle, et encore moins l’idée d’être jugé à mon tour. Faut-il que<br />
<strong>je</strong> lui rappelle la promesse qu’elle m’a arrachée ? que <strong>je</strong> lui parle de ces mois passés<br />
à supporter son impatience ? que <strong>je</strong> lui répète que <strong>je</strong> me fous pas mal d’aller en<br />
prison car <strong>je</strong> sais que la vengeance, seule, nous sauvera ? que <strong>je</strong> lui interdise<br />
désormais d’exprimer la moindre hésitation puisque ma décision est prise ? Je lui<br />
dis tout cela d’une traite, sans lui laisser le temps d’intervenir.<br />
J’ai peur qu’elle s’effondre en pleurs, mais ma détermination l’emporte, et dans<br />
ses yeux secs, il n’y a que de la haine :<br />
– Merci, mon amour. Merci pour ce que tu vas faire. Tu as raison, ce salaud ne<br />
mérite pas de vivre. Je serai toujours à tes côtés, Antonio, quoi qu’il arrive<br />
maintenant. Je t’aime.<br />
Après quelques instants de silence, elle finit par dire :<br />
– Je <strong>vais</strong> me coucher.<br />
Je tends la bouche, mais elle se contente de m’embrasser sur le front. J’aurais tant<br />
aimé sentir ses lèvres. Je murmure :<br />
– Je t’aime aussi, mon amour.<br />
Je l’entends s’éloigner vers la salle de bains où elle va prendre ses pilules, tandis<br />
que me reviennent les mots de M. Boulard, comme un encouragement. Je ne peux<br />
m’empêcher de penser que, moi aussi, j’aurais peut-être été pris par le doute si <strong>je</strong> ne<br />
lui a<strong>vais</strong> pas parlé ce <strong>soir</strong>.<br />
Je remonte mon arme avec application. Demain, j’irai acheter des cartouches,<br />
105