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– Les gamins, il faudrait les attacher, m’avait dit Mme Pémalloux.<br />
– N’hésitez surtout pas à faire appel à moi, avait ajouté son mari.<br />
J’a<strong>vais</strong> répondu que ce ne serait pas utile, mais j’a<strong>vais</strong> bien vu que pour rien au<br />
monde ils n’auraient voulu être à ma place. Sylvia m’appelait régulièrement.<br />
J’espérais tant qu’elle m’annonce qu’il était revenu, <strong>je</strong> me faisais une joie à l’avance<br />
de lui passer un savon, de le priver de vélo pendant un mois. Mais non, elle voulait<br />
seulement savoir si j’a<strong>vais</strong> du nouveau. Il fallait que <strong>je</strong> la rassure encore et encore.<br />
– Tu es allé voir à l’ancien lavoir ?<br />
– Non, pas encore.<br />
– On ne sait jamais...<br />
J’a<strong>vais</strong> compris à quoi elle pensait. En y arrivant, <strong>je</strong> n’a<strong>vais</strong> qu’une crainte :<br />
apercevoir le corps de mon fils flottant dans la rivière. J’étais soulagé, presque<br />
heureux, car Victor n’y était pas, mais, à la maison, Sylvia s’affolait. J’a<strong>vais</strong> crié<br />
dans le téléphone :<br />
– Calme-toi, c’est pas comme ça qu’on le retrouvera.<br />
– Oui, oui. Excuse-moi, <strong>je</strong> suis tellement inquiète.<br />
– Je <strong>vais</strong> le retrouver. Je te le promets.<br />
J’a<strong>vais</strong> mis tant de conviction dans cette promesse qu’elle avait fini par se<br />
calmer, mais aujourd’hui cette promesse me paraît tellement déri<strong>soir</strong>e...<br />
Elle m’avait ensuite suggéré d’aller à la gendarmerie. Ils m’avaient<br />
immédiatement pris au sérieux. Plusieurs hommes avaient été appelés pour<br />
participer aux recherches. J’étais toujours aussi inquiet mais, au moins, <strong>je</strong> ne me<br />
sentais plus seul. J’ai passé la nuit à suivre leurs efforts, et Sylvia continuait de me<br />
téléphoner. Elle suppliait que <strong>je</strong> vienne la chercher, mais j’ai refusé car il fallait<br />
qu’elle reste à la maison pour la petite, pour attendre Victor. Quand, vers 7 heures,<br />
un grand type blond en uniforme s’était approché de moi, dans un silence général,<br />
j’a<strong>vais</strong> compris. Il s’était présenté :<br />
– Bonjour, monsieur Rodriguez. Je suis le commandant Antoine Peyrot. Je dirige<br />
la section de recherches.<br />
– Bonjour.<br />
J’a<strong>vais</strong> compris, mais sans doute parce que <strong>je</strong> refusais d’entendre l’inéluctable,<br />
j’a<strong>vais</strong> aussitôt demandé s’ils avaient du nouveau. Il avait répondu sans me quitter<br />
des yeux :<br />
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