Ce soir je vais tuer l'assassin - Jacques Expert

– Je suis crevé. Je vais dormir comme un bébé, moi, ce soir !
Je m’installe dans le salon pour écouter la radio, le laissant dîner seul. Je
l’entends ouvrir une bouteille de vin et crier :
– Christine, viens. Ils en parlent à la radio.
Comme je ne bouge pas, il monte le son et hurle encore :
– Le type, il s’appelle Demay. C’est un chômeur de vingt-huit ans.
Et d’ajouter, triomphant :
– Ils disent que ce fumier est bon pour les assises.
Je me précipite dans la cuisine :
– Jean-Pierre, arrête de crier et baisse la radio, tu vas réveiller les enfants. Ils ont
école demain.
Il obéit, éteint la radio et me dit à voix basse :
– Qu’est-ce que tu peux être rabat-joie, toi ! On dirait que tu n’es pas contente
qu’ils aient serré ce type-là. Pourtant, j’avais l’impression que l’affaire te
passionnait.
En le voyant vider son verre d’un trait, je ne l’ai jamais trouvé aussi méprisable.
Il a un sourire narquois, l’air de dire : « Tu vas maintenant arrêter de me faire chier
avec Rodriguez. »
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