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Christine m’a appelé à trois reprises aujourd’hui, à croire qu’elle me suit à la<br />
trace. La première fois, c’était vers 14 heures. Je finissais de dé<strong>je</strong>uner avec Noémie<br />
qui, exceptionnellement, n’avait pas été retenue par le boss... J’ai préféré lui dire<br />
que <strong>je</strong> dé<strong>je</strong>unais seul. Elle m’a demandé ce qu’il y avait au menu et si <strong>je</strong> n’a<strong>vais</strong> pas<br />
vu sa broche de diamants. La deuxième fois, vers 16 heures, pour m’informer<br />
qu’elle l’avait retrouvée. Et enfin, la troisième, un peu avant 18 heures, pour me<br />
dire que Demay avait été libéré la veille au <strong>soir</strong>.<br />
– Demay, tu sais, celui qui est accusé d’avoir renversé le petit Rodriguez.<br />
C’est tout juste si elle n’a pas ajouté : « Demay, tu sais, celui qui paie à ta place. »<br />
Elle ne réussira pas à me déstabiliser, et <strong>je</strong> me contente de lui répondre d’une voix<br />
assurée :<br />
– Je sais. On ne parle que de ça ici.<br />
Je lui ai bien cloué le bec. Elle pensait me surprendre. C’est raté ! Je reste de<br />
marbre, comme un simple témoin de ce « terrible » drame. Mais elle n’abandonne<br />
pas aussi facilement, la vieille carne. Elle me reproche alors de ne pas l’avoir<br />
appelée pour l’informer et elle glisse d’un air de ne pas y toucher :<br />
– Tu sais à quel point cette affaire m’intéresse.<br />
Ça, c’est un message qui m’est personnellement destiné. Sous ses airs de saintenitouche,<br />
c’est une sacrée maligne, ma femme. Je ne relève pas, et maintenant <strong>je</strong><br />
sais esquiver, chaque fois qu’elle vient, par la bande, évoquer cette putain d’affaire.<br />
Depuis cette nuit où elle a prétendu savoir que c’était moi qui a<strong>vais</strong> provoqué<br />
l’accident, elle n’en a plus jamais parlé. Nous faisons comme s’il ne s’était rien<br />
passé et, de mon côté, <strong>je</strong> fais en sorte de traiter cela comme un épisode sans<br />
importance, une parenthèse nocturne. J’a<strong>vais</strong> juré sur mes gosses, puisqu’elle l’avait<br />
exigé, et il n’était pas question qu’on reparle de ses soupçons « ridicules ». Mais<br />
cette femme est perfide, bien plus que <strong>je</strong> ne l’aurais jamais imaginé. Elle y revient<br />
régulièrement par de petites allusions. Elle laisse traîner le journal à la page où il est<br />
écrit que « le tueur présumé du petit Victor Rodriguez est revenu sur ses aveux ».<br />
Elle me demande plusieurs fois par semaine des nouvelles du « papa de ce pauvre<br />
petit <strong>assassin</strong>é », car elle suit l’affaire de très près. Et sa dernière marotte est : « Il<br />
faudrait peut-être changer de voiture. »<br />
Bref, elle me cherche, mais elle ne me trouvera pas. Je ne suis quand même pas<br />
assez idiot. Alors j’évite, <strong>je</strong> change rapidement de su<strong>je</strong>t, <strong>je</strong> fais l’indifférent, celui<br />
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