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22 février, 0 h 55<br />
Demay entend lui aussi le téléphone sonner dans la poche de l’homme qui le tient<br />
au bout de son fusil et qui dit : « Ne bouge pas, ordure. » Il entend la grosse rousse<br />
et son fils taper contre la porte fermée à clef. <strong>Ce</strong>t homme, il l’a reconnu aussitôt, et<br />
il comprend pourquoi il est là, une arme à la main. Il hurle :<br />
– Appelez les flics ! Putain, vite ! Il va me flinguer.<br />
Antonio Rodriguez prend le téléphone, il entend sa femme demander : « Où estu,<br />
Antonio ? » Il ne répond pas, mais elle a compris : « Je t’aime, mon amour. Je<br />
serai toujours à tes côtés. »<br />
Dans l’écouteur, Sylvia perçoit les pleurs et les supplications de Demay : « <strong>Ce</strong><br />
n’est pas moi, <strong>je</strong> le jure. Ne tire pas. Pitié ! » Elle l’entend encore hurler : « Les<br />
flics. Appelez les flics. » Et encore : « Pitié ! »<br />
Demay se roule aux pieds d’Antonio, il tente de s’y accrocher et supplie.<br />
Antonio le repousse :<br />
– Relève-toi, maintenant.<br />
Demay recule, se lève comme le lui demande l’homme.<br />
Au téléphone, Sylvia dit simplement d’une voix douce :<br />
– Épargne-le, ce n’est pas lui l’<strong>assassin</strong> de notre fils.<br />
– <strong>Ce</strong> n’est pas possible ! hurle Antonio.<br />
– Si, mon amour, ce n’est pas lui.<br />
– Et les gendarmes ?<br />
– Ils se trompent, <strong>je</strong> le sais. Pars maintenant. Je t’attends.<br />
Antonio regarde Demay. Il est pitoyable et supplie toujours, il jure qu’il n’a pas<br />
tué le petit, il urine sous lui. Antonio se contente de dire : « Tu as de la chance » et,<br />
ignorant la porte qui a fini par céder et le gamin qui tente de l’arrêter, il s’éloigne<br />
sans un mot, le téléphone toujours collé à l’oreille. Avant de raccrocher, il entend sa<br />
femme lui dire : « Merci, mon amour. »<br />
Sylvia repose le combiné, elle pleure, mais son angoisse a disparu, et elle attend<br />
son mari. Elle lui dira qu’elle veut quitter tout ce malheur et rentrer au pays pour y<br />
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