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Ce soir je vais tuer l'assassin - Jacques Expert

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– Il faut attendre le commandant, il ne va pas tarder, nous prévient un <strong>je</strong>une gars<br />

qui relève à peine la tête quand nous nous présentons.<br />

Il désigne des chaises en plastique blanc, les mêmes que celles où j’ai passé la<br />

nuit, le <strong>soir</strong> de l’<strong>assassin</strong>at de mon fils. Nous patientons en nous tenant par la main.<br />

<strong>Ce</strong>lle de Sylvia est chaude, elle s’impatiente et voudrait que j’exige de voir le<br />

salaud qui a tué notre petit. Nous levons les yeux chaque fois que la porte s’ouvre.<br />

<strong>Ce</strong> ne sont que des gens qui viennent porter plainte, et nous les écoutons se lamenter<br />

pour un vol de sac à main dans une voiture, un passeport disparu, un vol de scooter.<br />

Ils disent qu’ils viennent pour l’assurance. Entre eux, ils racontent que leur « plainte<br />

ne servira à rien », que « les escrocs s’en tirent toujours ».<br />

– Attendez là, on va vous recevoir, leur répond le <strong>je</strong>une gendarme en désignant<br />

les chaises blanches.<br />

Et bientôt, nous sommes une dizaine à patienter. Le commandant Peyrot arrive<br />

enfin, il nous sourit et nous serre longuement la main.<br />

– Venez avec moi.<br />

Il est rasé de près, impeccable dans son uniforme, l’air sérieux et amical, comme<br />

toujours. Il nous invite à nous asseoir. Dans son bureau aussi, les chaises sont en<br />

plastique blanc.<br />

– La nuit a été courte, affirme-t-il en préambule, mais notre homme a fini par<br />

craquer.<br />

Il sort une épaisse chemise grise sur laquelle est inscrit « Affaire Victor<br />

Rodriguez », et montre du doigt le bas de la troisième page :<br />

– C’est sa déposition, il a signé ici. Ses aveux sont extrêmement circonstanciés.<br />

J’aperçois une signature à l’encre noire et <strong>je</strong> demande :<br />

– Qui c’est ?<br />

Je n’ai en tête que le souvenir du visage transpirant de trouille de ce salaud de<br />

Boulard.<br />

– Un certain Antoine Demay, vingt-huit ans, sans emploi.<br />

Je pense : « un chômeur », avant de réaliser que ce n’est pas Boulard qu’ils ont<br />

arrêté. Le commandant poursuit d’une voix neutre en parcourant le dossier :<br />

– Il a été appréhendé hier à un contrôle routier, en état d’ébriété, avec un gramme<br />

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