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Ce soir je vais tuer l'assassin - Jacques Expert

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qu’il n’a rien fait, que ce n’est pas lui l’<strong>assassin</strong> du petit Rodriguez, personne ne le<br />

croit. Son refus de reconnaître la vérité l’a rendu encore plus méprisable, haïssable.<br />

Il survit dans son appartement misérable depuis plusieurs semaines. Cinquante-sept<br />

jours exactement, qu’Antonio a comptés un à un, comme une souffrance, presque<br />

heure après heure, dans l’attente de sa délivrance.<br />

Quand ils ont appris sa libération, Sylvia et Antonio n’ont pas compris. Il a fallu<br />

que leur avocat, puis le commandant Peyrot leur expliquent que l’accusation tenait<br />

toujours et qu’il serait condamné. Pourtant, ils se sont sentis humiliés. Puis,<br />

soudain, Sylvia a changé d’avis. <strong>Ce</strong>tte libération était leur chance, l’<strong>assassin</strong> de leur<br />

fils n’était plus protégé par la prison. Elle n’a pas eu besoin de le répéter, et Antonio<br />

a pu lire à chaque instant dans le regard de sa femme le rappel impérieux de sa<br />

promesse. Le <strong>soir</strong> même de sa libération, il est allé chercher le fusil à la cave et l’a<br />

nettoyé sous ses yeux. Et là, dans la cuisine, il a vu Sylvia revivre, le bonheur qu’il<br />

a lu dans son regard a définitivement scellé sa détermination.<br />

Le froid de la nuit ne l’atteint pas. Il pousse la lourde porte vitrée et commence à<br />

monter l’escalier, sans s’apercevoir qu’une feuille de papier gras reste collée à son<br />

pied droit. Antonio reconnaît la porte sur laquelle les mots « salaud » et<br />

« <strong>assassin</strong> », inscrits à la peinture rouge, n’ont pas été effacés. Rouge comme le<br />

sang, mais Antonio n’y voit que la couleur du vélo de son fils. Il sonne, un coup<br />

bref puis un second plus appuyé, le fusil posé sur le côté. Tout est silencieux,<br />

jusqu’à cette voix, une voix de femme qui demande :<br />

– Qui c’est ?<br />

Il se sent observé par l’œilleton.<br />

– Qu’est-ce que vous voulez ? répète la voix.<br />

– C’est la police, répond simplement Antonio.<br />

À ces mots, la porte s’entrouvre, et il pénètre dans l’appartement, le fusil à la<br />

main. La rousse ne réalise pas sur-le-champ son erreur et dit seulement :<br />

– Il dort.<br />

<strong>Ce</strong> n’est qu’en apercevant le fusil qu’elle se met à hurler. Antonio entend une<br />

voix d’homme crier depuis la pièce du fond :<br />

– Putain, qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi ce bordel ?<br />

<strong>Ce</strong>tte voix est celle de l’<strong>assassin</strong> de son fils. Il écarte la femme avec son arme,<br />

repousse brutalement un <strong>je</strong>une qui tente de s’interposer et se dirige d’un pas assuré<br />

vers la pièce du fond, le fusil prêt à tirer et le doigt sur la détente. Il aperçoit Demay,<br />

encore allongé dans le lit, qui demande :<br />

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