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ce que nous savions déjà : que la mort de Victor nous accompagnerait jusqu’à la<br />
nôtre. Que ce fils perdu serait toujours là, présent, que chaque fois où nous<br />
penserions à lui, la douleur renaîtrait.<br />
Une nuit, pour la première fois depuis la mort de Victor, <strong>je</strong> me suis rapproché de<br />
Sylvia. Sans prononcer un mot elle m’a pris sur elle, et j’ai joui en retenant un cri de<br />
joie. <strong>Ce</strong> <strong>soir</strong>-là, ce cri n’était pas celui du plaisir, mais celui de l’espoir. J’ai cru que<br />
Sylvia allait me suivre dans la voie de l’apaisement, mais <strong>je</strong> me suis trompé.<br />
Nous avons peu parlé sur le chemin du retour, écoutant Priscilla jouer à l’arrière<br />
avec ses poupées. <strong>Ce</strong> n’est qu’à l’approche de la maison que Sylvia a eu ces mots<br />
que <strong>je</strong> n’oublierai jamais :<br />
– Antonio, tu ne peux pas laisser l’<strong>assassin</strong> de ton fils continuer à vivre. Tu dois<br />
le retrouver et lui faire payer son crime. Il faut qu’il crève, cette ordure.<br />
Nous étions arrivés et <strong>je</strong> n’ai pas eu le temps de répondre, ou plutôt <strong>je</strong> ne le<br />
pou<strong>vais</strong> pas.<br />
J’ai compris qu’elle n’avait pensé qu’à ça pendant nos trois semaines de<br />
vacances, qu’il n’y aurait que ça qui pourrait peut-être la sauver.<br />
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