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m’inquiète :<br />
– <strong>Ce</strong> n’est pas fini, Antonio. Tu n’as pas oublié ta promesse ?<br />
– Non, mon amour, <strong>je</strong> n’ai pas oublié. Je n’ai même pensé qu’à ça quand nous<br />
étions en face de lui. Je le ferai, <strong>je</strong> te l’ai promis.<br />
Il ajoute, comme s’il cherchait à me rassurer :<br />
– C’est une ordure et il n’a pas le droit de vivre.<br />
<strong>Ce</strong>s mots me frappent au cœur. Je réalise que sa conviction a faibli. Je comprends<br />
qu’il aurait suffi que <strong>je</strong> dise : « Abandonne et attendons le procès », pour qu’il se<br />
sente délivré. Mais moi <strong>je</strong> ne serai délivrée que lorsque cet homme sera mort, et,<br />
serrés l’un contre l’autre, nous le savons tous les deux. Je suis incapable d’admettre<br />
que le tueur de mon fils reste en vie, alors <strong>je</strong> lui demande s’il a compris pourquoi <strong>je</strong><br />
suis redescendue. Mais il préfère répondre :<br />
– Non, dis-le-moi.<br />
– Je suis allée lui dire que tu allais le <strong>tuer</strong>. Je n’ai rien dit d’autre, seulement :<br />
« Mon mari va te <strong>tuer</strong>, ordure. » Et <strong>je</strong> lui ai craché au visage. Tu ne peux pas<br />
imaginer à quel point j’étais heureuse à ce moment-là.<br />
Je l’attire à moi pour le serrer encore plus fort et <strong>je</strong> m’entends murmurer :<br />
– Ne m’abandonne pas, Antonio. Ne m’abandonne pas...<br />
Son odeur, l’odeur de l’homme que j’ai toujours aimé, <strong>je</strong> l’emporte avec moi<br />
tandis que <strong>je</strong> m’éloigne d’un pas rapide en direction de l’hôpital. Quand <strong>je</strong> pénètre<br />
dans le bâtiment, Antonio n’a toujours pas démarré. Je l’imagine prostré au volant,<br />
se demandant comment il va bien pouvoir respecter sa promesse, sachant qu’il ne<br />
pourra pas y échapper.<br />
Je ne le permettrai pas, j’attendrai le temps qu’il faudra mais <strong>je</strong> veux qu’il nous<br />
venge. <strong>Ce</strong> monstre, l’<strong>assassin</strong> de mon Victor, sortira un jour de prison.<br />
J’attendrai le temps qu’il faudra, mais <strong>je</strong> sais que, ce jour-là, Antonio, mon mari,<br />
le <strong>tuer</strong>a. Il ne peut pas en être autrement.<br />
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