La monnaie unique europeenne et sa relation au ... - Eumed.net

I. On peut, aujourd’hui, globalement considérer
l’innovation comme le facteur décisif de la
croissance économique :
A) La théorie historique de SCHUMPETER, montre la capacité de
l’économie à évoluer dans ce sens :
SCHUMPETER, dans « Business Cycles » (1939), reprend la théorie des
cycles de KONDRATIEFF et distingue deux phases. En phase A, les
secteurs ayant connu leur apogée dans le passé, connaissant une baisse
de productivité : ils sont donc concurrencés par de nouveaux secteurs,
basés sur de nouveaux produits encore en phase de conception, et qui
donc ont plus de mal à trouver des crédits auprès des banques. Ils doivent
parfois licencier du personnel. Il y a du chômage. L’ensemble de ces
facteurs explique le ralentissement de la croissance, qui stagne. En phase
B, les nouveaux secteurs ont enfin pu obtenir des crédits. On peut former
du personnel à leurs nouveaux produits et à leurs nouvelles conceptions.
Ces secteurs embauchent du personnel. Le couple, formation sur les
innovations / crédit, et les effet d’échelle, permettent une augmentation
de la productivité, et donc une forte croissance de l’économie. La phase A
connaît donc une croissance intensive, c’est-à-dire que la croissance
repose sur une bonne utilisation de facteurs rares (capital, travail). Alors
que B repose davantage sur une croissance extensive à base d’utilisation
de facteurs abondants (travail, matières premières) sans intensité
capitalistique particulière.
L’histoire va dans le sens de la théorie de SCHUMPETER. Le premier cycle
de KONDRATIEFF, à la fin du dix-huitième siècle, a vu la révolution de la
machine à vapeur, qui a fortement touché le textile. Puis, on a eu le
chemin de fer. A la fin du dix-neuvième siècle, on a connu l’électricité et la
sidérurgie, qui ont créé beaucoup d’emplois. Avec les trente glorieuses, on
accueillit l’automobile, le pétrole, la chimie. Dans le futur KONDRATIEFF
annoncé par DOCKES & ROZIER, LORENZI, on prévoit l’épanouissement
des sons, des images, de l’informatique.
Ainsi, SCHUMPETER donne une explication historique et économique
magistrale, à la théorie ancienne de RICARDO : les innovations créent de
l’emploi et donc favorisent le potentiel de croissance de l’économie.
Il convient de nuancer cette affirmation. Une première version de RICARDO, au début du
dix-neuvième siècle, avait vu cet auteur expliquer que de la crise sortent des innovations
qui créent des emplois à terme, au lieu d’en détruire comme le sens commun pousse les
gens à le croire à l’occasion de chaque grande crise (« les machines remplacent les
travailleurs »). Mais une seconde version de RICARDO, quelques années plus tard, avait
vu cet auteur beaucoup plus nuancé à ce sujet.
La monnaie unique européenne. européenne.
Tome IV Philippe Jourdon / 1942