La monnaie unique europeenne et sa relation au ... - Eumed.net

En clair, les emplois perdus à court terme, sont remplacés par de
nouveaux emplois plus qualifiés plus tard. Et même si, « à long terme
nous sommes tous morts » (KEYNES), on veut bien croire que le
phénomène de « destruction créatrice » propre à l’innovation selon
SCHUMPETER, permette le phénomène de croissance (SCHUMPETER,
« Théorie de l’évolution économique », 1912).
B) La théorie historique de SCHUMPETER, et les preuves économétriques
allant avec le modèle de SOLOW, nécessitent un approfondissement
des conditions notamment sociales de cette affirmation, afin de la
confirmer :
Une telle précaution est utile afin de vérifier cette théorie désormais
célèbre. En effet, il y a des nuances, et des contradictions.
Tout d’abord, nous rappelons qu’il convient de bien séparer la théorie de
SOLOW de celle de SCHUMPETER, car elles ne s’inscrivent pas dans le
même cadre d’analyse… Mais la conclusion mise en avant par ces deux
auteurs de façon identique, est bel et bien l’importance de l’innovation
technologique dans le processus de croissance. (Cette innovation était de
nature surtout industrielle chez ces deux auteurs, car à l’époque de leurs
théories, l’industrie poussait l’économie et notamment ses phénomènes de
crédit qui permettent d’investir dans l’avenir. Dans une économie
aujourd’hui poussée par les services, la question se repose différemment,
comme nous le verrons tout à l’heure). Selon SOLOW, la croissance est
expliquée à court terme par les innovations, et à long terme par la
démographie. C’est donc qu’on n’est pas totalement délivré d’une
hypothèse de base majeure dans la théorie fondatrice de SCHUMPETER et
des principaux économistes : il faut distinguer croissance économique et
croissance démographique !
Mais on peut aussi interpréter la théorie de SOLOW selon l’idée qu’il peut y avoir un
continuum harmonieux entre croissance économique et croissance démographique, et
qu’à long terme on peut compter sur le fait que la croissance démographique
s’accompagnera des qualifications qu’il faut. Le long terme ne reste-t’il pas néanmoins,
après KEYNES, supposé hasardeux ?
EASTERLIN, spécialiste du sujet « démographie et croissance
économique », pense quant à lui, que, vers 1870 (début de la phase A du
troisième KONDRATIEFF), ce sont désormais les qualifications qui
expliquent les fluctuations longues de la croissance, et non plus les
facteurs quantitatifs de la force de travail, directement reliés à la
démographie. Mais ce sous-jacent reste potentiellement menaçant : la
reprise de la croissance favorise la reprise de la démographie, ce qui vingt
ans plus tard pose des problèmes sur le marché du travail, un manque de
postes disponibles, du chômage, et une chute de la croissance. Si on place
le problème au niveau mondial, on sait que ce tournant qui s’est passé
dans nos pays développés, a tardé dans d’autres pays, notamment du
La monnaie unique européenne. européenne.
Tome IV Philippe Jourdon / 1943