La monnaie unique europeenne et sa relation au ... - Eumed.net

unique, vis-à-vis d’un tel positionnement pour lequel l’Europe n’a pas à
faire de complexes. Ce serait le rôle des hommes politiques Européens…
mais nous sommes tous un peu prisonniers de « l’ambiguïté de la
monnaie » ! Cependant, d’une part les hommes politiques Européens
devraient pouvoir intervenir en amont dans la discussion, sur la définition
du cadre d’analyse dans lequel on pourrait analyser les résultats… sans
intervenir d’aucune manière sur l’appréhension et la définition de ratios et
outils d’analyse de ces résultats. Ils pourraient ainsi rassurer les hauts
fonctionnaires de la Banque Centrale sur l’existence d’une conscience
politique, en faveur de la défense, l’illustration voire la promotion de
conceptions sur les droits de propriété, donc notamment sur un certain
nombre de droits sociaux, de droits économiques et sociaux, considérés
dans leur dimension historique et concrète, que l’Europe devrait appuyer,
qu’elle serait autorisée à soutenir voire qu’elle pourrait incarner.
Dans ces conditions, et compte tenu du faible nombre relatif d’
« eudoxies » - visions cohérentes actives justifiant une vision générale de
la société, sens justifiant des directions dans la théorie et dans l’action
sociale – ayant cours en ce qui concerne l’Europe (ou y-a-t-il au contraire
tellement d’eudoxies dans ce domaine pour que nous en soyons
conscients, mais nous ne croyons pas cela, car le critère de la cohérence
est dur à atteindre), émanant de nos hommes et de nos femmes
politiques, il nous semblerait que la Banque Centrale Européenne fait un
travail difficile, et donc relativement remarquable. Forcément
conservatrice dans un contexte où les incertitudes concernent jusqu’au
problème de l’identité, elle est donc prudente et cela on ne pourrait pas
forcément le lui reprocher. Bien sûr, la jeunesse de l’euro et le souhait de
stabiliser ses débuts et de prendre des marques plus fermes par rapport à
cela, pourraient justifier une telle prudence, mais il y a aussi d’autres
raisons.
Une Banque Centrale peut avoir en particulier – c’est le cas de la
Banque Centrale Américaine – trois types d’objectifs : stabilité des prix,
politique de la croissance et de l’emploi, fixation et orientation des taux
d’intérêt. Ce dernier objectif prend une importance d’autant plus
importante voire démesurée qu’aujourd’hui les taux d’intérêt du marché
atteignent vite une cible mondiale. Que peut-on dire à ce sujet ? A la
critique généralement faite que la B.C.E. gère seulement l’inflation et ne
gère malheureusement pas la croissance et l’emploi, à la différence de ce
qui se passe aux Etats-Unis, on peut ajouter qu’un problème non moins
fondamental est celui, non pas seulement de la générosité – qui reste
dans le meilleur cas impuissante si on n’en n’a pas les moyens -, mais
aussi de la puissance : la puissance de fixer les taux d’intérêts mondiaux
de telle manière que l’Europe puisse les orienter en fonction de ses
propres cycles économiques, et non pas subir les fluctuations imprévues
du marché mondial. D’où une prédiction qui ne coûte rien : le jour où l’Europe –
et non pas les Etats-Unis – fixera les taux d’intérêt mondiaux, l’euro
La monnaie unique européenne. européenne.
Tome IV Philippe Jourdon / 1998