La monnaie unique europeenne et sa relation au ... - Eumed.net

pas forcément bienvenue. En clair, il y a un rapport de force, et la vision
de ce partenariat est dominée par l’Europe. Pourtant, l’intégration de ces
sous-régions dans un véritable espace de stabilité et de prospérité ne
pourra jamais se faire de la même façon que ce fut le cas pour les pays de
l’Europe des vingt cinq.
Pour le moment, une certaine ambiguïté sur le sort qui sera réservé
à ces pays reste entière, parce qu’ils héritent d’une situation qu’ils n’ont
pas voulu, dans le cadre d’attributions antérieures qu’ils n’ont pas
nécessairement ressenties comme favorables de la part de l’Europe, et au
nom d’une vision bien Européenne. En effet, l’entrée dans l’Europe de
l’Espagne, du Portugal et de la Grèce, dans les années quatre vingt, a
rejeté les pays du Maghreb ainsi que la Turquie dans le Club des pays
appelés à patienter pour profiter des effets du Grand Marché 1789 . De plus,
les échanges entre ces pays restent limités : ceux-ci cherchent plutôt à se
tourner vers l’Europe (et vers leurs anciennes colonies) « pays par pays ».
La vision Européenne provient sans doute d’intentions généreuses, mais
devrait plus, dans l’avenir, prendre en compte ces réalités. Telle qu’elle
est exprimée notamment par la Commission de Bruxelles, elle peut ne pas
paraître parfaitement claire, car on peut supposer aussi qu’elle aurait été
développée en réaction et par une forme de concurrence politique avec les
Etats-Unis d’Amérique, qui ont quant à eux développé le projet d’un
« Grand Moyen-Orient », aux frontières plus vastes et plus complexes que
les trois sous régions du Partenariat euro méditerranéen. Le projet
Européen aurait t’il vocation à s’inscrire à l’intérieur du projet Américain ?
Une telle formulation serait maladroite ! Mais on peut comprendre le
questionnement de pays du Sud se demandant sous quelle(s) forme(s)
future(s) ils seront rattachés à l’Europe – ou si on les contient à la
frontière, dans le contexte de concurrence sur des projets politiques que
l’on vient d’évoquer -, et si ils peuvent, par exemple, espérer un jour y
adhérer. Evidemment, cette dernière question ne serait pas la priorité des
quinze prochaines années 1790 . Mais il conviendrait de se renseigner. En
fait, pour que le projet Européen paraisse complètement « franc du
collier » - paraisse respecter les « valeurs Européennes » proclamées
désormais dans le domaine public, depuis le commencement de ce débat
sur ce projet de Constitution Européenne -, il conviendrait de recenser les
facteurs de blocage permettant d’énoncer un verdict éventuel de
« divergence » entre les valeurs, politiques, sociales et sociétales, de
1788 Même si c’est la Libye qui a refusé. Mais la « structure » de ce refus pose questions
en chaîne, qui seront à interroger dès lors que la volonté d’influence Européenne en
Méditerranée ne serait pas marquée essentiellement par l’économie… du point de vue de
la région Méditerranéenne et pourquoi pas du continent Africain, sur la stratégie duquel
la Libye a longtemps affirmé vouloir peser… !
1789 A tel point que certaines personnes dans ces pays ont cru découvrir, il y a quelques
années, qu’ils étaient considérés comme des « voisins » de l’Europe, alors qu’ils avaient
toujours cru en faire ou devoir en faire partie !
1790 Dans le cadre du phasage pour les cinquante prochaines années, périodes de dixdouze
(cycle économique des affaires), ou quinze ans, que nous présentons dans ses
grandes lignes à l’intérieur de notre Chapitre III-3).
La monnaie unique européenne. européenne.
Tome IV Philippe Jourdon / 1987