Éditions amourcomplice.com - Le vertige de l'amour complice
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LES ÉMOTIONS<br />
À force <strong>de</strong> désirer toujours plus, la cupidité <strong>de</strong>vient une qualité, Avoir plus et ne rien<br />
partager nous procure un plaisir qui nous fait croire que plus on A, plus on Est.<br />
Pour cela on développe <strong>de</strong>s <strong>com</strong>portements susceptibles d’atteindre cet objectif, on doit<br />
tromper les clients, éliminer les concurrents, exploiter les salariés, envier ceux qui ont plus<br />
et se méfier <strong>de</strong> ceux qui ont moins, ne jamais être satisfait pour que le désir soit sans fin.<br />
L’égoïsme est le pilier <strong>de</strong> cette morale.<br />
En même temps, il nous faut refouler toute une part <strong>de</strong> nous-même, car la morale sociale<br />
implique d’être solidaire <strong>de</strong>s autres pour vivre ensemble en harmonie. Nous avons honte <strong>de</strong><br />
cette personnalité que nous cachons, nous vivons dans le mon<strong>de</strong> du paraître et jamais dans<br />
celui <strong>de</strong> l’être. Notre seule consolation est <strong>de</strong> penser que tout le mon<strong>de</strong> est pareil et vit le<br />
même drame intérieur quand il en a conscience.<br />
<strong>Le</strong> désir <strong>de</strong> possession peut, dans certains cas, virer à la pathologie. C’est ce que les<br />
psychanalystes appellent le caractère anal. Dans ce cas, toute l’énergie vitale <strong>de</strong> l’individu<br />
ainsi que tous ses gestes, ses paroles et son activité, sont orientés vers l’Avoir plus,<br />
l’épargne, l’accumulation d’argent et <strong>de</strong> biens matériels. C’est le caractère <strong>de</strong>s avares qui<br />
est généralement associé à d’autres traits obsessionnels <strong>com</strong>me la manie <strong>de</strong> l’ordre,<br />
l’exactitu<strong>de</strong>, l’entêtement poussé jusqu’au paroxysme. La rétention <strong>de</strong> biens et<br />
d’informations est sa <strong>de</strong>vise.<br />
<strong>Le</strong> désir <strong>de</strong> possession nous procure un malin plaisir, il est profondément enraciné en<br />
nous, et il nous faudrait faire <strong>de</strong> très gros efforts sur nous-même pour l’atténuer.<br />
D’autant que, si la jalousie ou l’envie, le mensonge ou la méfiance sont <strong>de</strong>s défauts aux<br />
yeux <strong>de</strong>s autres, ils sont les « qualités » <strong>de</strong> l’ac<strong>com</strong>plissement <strong>de</strong> notre désir <strong>de</strong> possession.<br />
Ils nous permettent d’Avoir plus.<br />
Et si on change, si on <strong>de</strong>vient plus confiant, ce sont les autres qui nous possé<strong>de</strong>ront !<br />
Pour résoudre ce problème, il faudrait que tout le mon<strong>de</strong> change en même temps, ce qui<br />
est impossible car cette transformation dépend d’une démarche individuelle, d’une<br />
introspection lente et difficile qui nous permet <strong>de</strong> modifier le penchant naturel et instinctif<br />
<strong>de</strong> notre personnalité. Pour cela nous <strong>de</strong>vons tenter <strong>de</strong> relativiser les choses, avoir une<br />
appréciation différente quant à notre réel besoin <strong>de</strong> sécurité, où notre crainte d’un manque<br />
matériel ou affectif semble renouer avec <strong>de</strong>s peurs ancestrales. Il est certain que dans un<br />
passé très lointain, une explosion <strong>de</strong> colère ou <strong>de</strong> rage pouvait conférer un avantage décisif<br />
pour la survie face à un prédateur, mais qu’en est-il aujourd’hui ?<br />
Alors ? Il faut pourtant bien que quelqu’un <strong>com</strong>mence plutôt que <strong>de</strong> rester dans cette<br />
impasse paranoïaque où tout le mon<strong>de</strong> se méfie <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>. Un jour ou l’autre, la<br />
minorité <strong>de</strong>viendra majorité.<br />
Dans notre langage, il faudrait que le verbe Être prenne plus d’importance que le<br />
verbe Avoir. Il vaut mieux Être plus qu’ Avoir plus.<br />
On dit souvent que Dieu Est, et non que Dieu A. Et puis, il y a aussi une chose qui est<br />
sûre, après notre mort, on n’emporte pas ce que l’on A avec soi, si on emporte quelque<br />
chose, ça ne peut être que ce que l’on Est (notre âme éventuellement). En ce qui concerne<br />
l’éternité, il vaut mieux parier sur Être plus que sur Avoir plus. Ceux qui échappent <strong>de</strong><br />
justesse à la mort en sont convaincus, ils sortent <strong>com</strong>plètement transformés <strong>de</strong> cette<br />
expérience. Au moment du bilan final, ils découvrent qu’ils ne sont rien, même s’ils ont<br />
beaucoup, ils déci<strong>de</strong>nt alors <strong>de</strong> modifier <strong>com</strong>plètement leur relation aux autres, <strong>de</strong> ne plus<br />
se <strong>com</strong>porter n’importe <strong>com</strong>ment.<br />
[On est tellement porté par le désir <strong>de</strong> possession que l’on finit par croire que l’on Est ce<br />
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