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LEO SPITZER<br />

123<br />

(Cf. égalem<strong>en</strong>t Strabon, II, 3, 6 : « Indos Aethiopibus praestare…<br />

quia robustiores sint minusque aeris siccitate adusti. »)<br />

De même chez Aristote (√|ƒ® ⇛μ z|μÄ«|›», p. 782, b31), on<br />

nous dit que π aéƒ π √|ƒ§Ä¤›μ est la cause originelle <strong>de</strong> « l’humidité<br />

» <strong>de</strong>s Scythes et <strong>de</strong>s Thra<strong>ce</strong>s, et <strong>de</strong> la « sécheresse » <strong>de</strong>s Éthiopi<strong>en</strong>s<br />

: les Grecs, vivant <strong>en</strong>tre les régions plus froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’Europe<br />

et le climat plus chaud <strong>de</strong> l’Asie, possè<strong>de</strong>nt un ¥Ä«∑μ <strong>de</strong> disposition<br />

— ne tombant ni dans un courage extrême et une p<strong>en</strong>sée<br />

trop étroite (une caractéristique europé<strong>en</strong>ne), ni dans <strong>ce</strong>tte p<strong>en</strong>sivité<br />

mêlée <strong>de</strong> couardise (typique <strong>de</strong>s Asiatiques). Voilà qui<br />

annon<strong>ce</strong> clairem<strong>en</strong>t la théorie <strong>de</strong> Montesquieu sur l’influ<strong>en</strong><strong>ce</strong> du<br />

climat (ou <strong>de</strong> la nature) sur le corps et l’esprit <strong>de</strong> l’homme 2 .<br />

« Climat », suivant l’opinion <strong>de</strong>s Anci<strong>en</strong>s, a donc la même<br />

efficacité générale pour les êtres vivants que <strong>ce</strong>lle qu’on a coutume<br />

d’assigner au « milieu »* : il transforme les conditions <strong>de</strong><br />

vie, et la vie elle-même. Diller parle du « milieu* (climatique) »<br />

<strong>de</strong>s philosophes antiques ; Poll<strong>en</strong>z, dans son Hippocrates, <strong>de</strong><br />

la « Schrift über die Umwelt ». Mais je dirais que le terme grec<br />

(aéƒ) π √|ƒ§Ä¤›μ est toujours trop i<strong>de</strong>ntifié à l’« air » matériel<br />

pour être rapproché du con<strong>ce</strong>pt <strong>de</strong> milieu* <strong>de</strong> Taine — <strong>ce</strong>t<br />

« <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> conditions… » (Montesquieu, si souv<strong>en</strong>t désigné<br />

comme le précurseur <strong>de</strong> Taine, s’inscrivait bi<strong>en</strong> plus dans la tradition<br />

d’Hippocrate ; ses chapitres <strong>de</strong> L’Esprit <strong>de</strong>s lois inspirés<br />

par le philosophe grec <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t l’« air », le « climat » exclusivem<strong>en</strong>t<br />

et spécifiquem<strong>en</strong>t comme <strong>de</strong>s facteurs déterminants <strong>de</strong> la<br />

constitution et du caractère <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts peuples). En même<br />

temps, <strong>ce</strong>t aéƒ √|ƒ§Ä¤›μ était pourvu <strong>de</strong> qualités confinant au<br />

spirituel : puisque l’air avait une influ<strong>en</strong><strong>ce</strong> dans l’acte <strong>de</strong> per<strong>ce</strong>voir,<br />

il finit par évoquer une espè<strong>ce</strong> <strong>de</strong> « Welt-Seele ». C’est<br />

pourquoi on trouve dans le Timée <strong>de</strong> Platon (33b) que le<br />

Démiurge a créé le Mon<strong>de</strong> comme « un tout parfait composé <strong>de</strong><br />

tous les tout », ayant la forme d’une sphère, étant donné que<br />

c’est la plus parfaite <strong>de</strong>s formes, et la plus adaptée au mon<strong>de</strong> :

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