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LEO SPITZER<br />
Beuve) 1 . Mais personne, à ma connaissan<strong>ce</strong>, n’a reconnu la filiation<br />
qui existe <strong>en</strong>tre le mot <strong>de</strong> Taine et le mot <strong>de</strong>s Anci<strong>en</strong>s. Quel<br />
était <strong>ce</strong> mot ?<br />
En grec, on trouve une expression, π √|ƒ§Ä¤›μ aéƒ ou …ª<br />
√|ƒ§Ä¤∑μ, signifiant littéralem<strong>en</strong>t « <strong>ce</strong> qui <strong>en</strong>toure, <strong>en</strong>veloppe »<br />
(du verbe √|ƒ§-Ĥ|§μ), et utilisée pour désigner l’air <strong>en</strong>vironnant :<br />
l’espa<strong>ce</strong>, le ciel, l’atmosphère, le climat — le « milieu »* cosmique<br />
<strong>de</strong> l’homme ; selon Anaximène, …ªμ ≤∫«¥∑μ √μ|◊¥` ≤`® aéƒ<br />
√|ƒ§Ä¤|§, « l’univers est <strong>en</strong>touré d’esprit et d’atmosphère ».<br />
L’idée que l’atmosphère ou le climat a une influ<strong>en</strong><strong>ce</strong> sur la<br />
constitution humaine était connue d’Hippocrate, qui s’attachait<br />
dans sa p<strong>en</strong>sée à l’air que l’homme respire ; dans un comm<strong>en</strong>taire<br />
du traité d’Hippocrate intitulé √|ƒ® ⁄Õ«|›˛ aμ¢ƒ‡√∑υ, on<br />
r<strong>en</strong>contre l’affirmation suivante : π {Å ˆK√√∑≤ƒc…ä» x∑Õ≥|…`§<br />
«υμ{§`…ߢ|«¢`§ …` …Ëμ â‡›μ «‡¥`…` …° …∑◊ √|ƒ§Ä¤∑μ…∑˛ å¥k˛<br />
aă∑˛ ≤`…`«…c«|§, que l’on retrouve plus tard dans une traduction<br />
latine sous <strong>ce</strong>tte forme : « Voluit Hippocrates hoc in loco<br />
aeri nos ambi<strong>en</strong>ti corpora comparari ». Hans Diller, dans Die<br />
Überlieferung <strong>de</strong>r hippokratisch<strong>en</strong> Schrift √|ƒ® aă›μ Ã{c…›μ …∫√›μ<br />
(Leipzig, 1932, p. 171) affirme que l’expression aéƒ å¥k» √|ƒ§Ä¤›μ<br />
(« climat ») était précédée par ʃ`§ (« les saisons », à l’origine),<br />
un terme courant chez Gali<strong>en</strong> (ainsi que chez Hérodote ;<br />
√μ|◊¥` ou ø aμ`√μ|Õ∑¥|μ dans le traité d’Hippocrate susnommé)<br />
; Diller date <strong>ce</strong> « Schlagwort » d’une évolution du quatrième<br />
siècle au plus tard. Il explique le rempla<strong>ce</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> aéƒ<br />
par <strong>de</strong>s termes plus anci<strong>en</strong>s <strong>en</strong> r<strong>en</strong>voyant à l’évolution <strong>de</strong> la<br />
spéculation climatologique, du sta<strong>de</strong> qu’elle avait atteint chez<br />
Hippocrate (qui attribue les maladies épidémiques à l’air vicié)<br />
jusqu’au sta<strong>de</strong> plus ré<strong>ce</strong>nt <strong>de</strong> la p<strong>en</strong>sée grecque qui con<strong>ce</strong>vait<br />
l’air comme sujet à <strong>de</strong>s « altérations » (~…|ƒ∑§‡«|§») : les qualités<br />
physiologiques et psychologiques <strong>de</strong> l’homme dép<strong>en</strong><strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />
« formes » changeantes <strong>de</strong> l’air : « Damit wird die Luft… zu einer<br />
Substanz, die die Skala aller möglich<strong>en</strong> Erscheinungsform<strong>en</strong><br />
abschliesst » (remarquons que la <strong>de</strong>rnière expression <strong>de</strong> Diller<br />
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