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174<br />

CONFÉRENCE<br />

implique le repos, tout comme ambi<strong>en</strong>te implique le mouvem<strong>en</strong>t.<br />

L’histoire du mot mom<strong>en</strong>tum, comme une contrepartie dynamique du<br />

con<strong>ce</strong>pt aristotélici<strong>en</strong> <strong>de</strong> Δ∑√ç (qui signifiait pour Aristote seulem<strong>en</strong>t<br />

la capacité à être mû), offre un exemple caractéristique <strong>de</strong> substituts<br />

terminologiques similaires déterminés par <strong>de</strong> nouvelles con<strong>ce</strong>ptions<br />

physiques » (cf. égalem<strong>en</strong>t l’ouvrage d’Olschki, Galilei und seine Zeit,<br />

1927, p. 253 sq.). Pour autant, il me semble que la continuité lexicologique<br />

n’est pas sans signification : toute création nouvelle a partie<br />

liée avec <strong>de</strong>s traditions linguistiques qu’elle suit. Même si la con<strong>ce</strong>ption<br />

<strong>de</strong> Galilée du √|ƒ§Ä¤∑μ n’est plus <strong>ce</strong>lle <strong>de</strong> Platon ni d’Aristote, le<br />

mot ambi<strong>en</strong>te est pourtant et <strong>ce</strong>rtainem<strong>en</strong>t une continuation du mot<br />

grec, <strong>en</strong> tant qu’il est prolongé dans l’usage <strong>en</strong> latin médiéval et<br />

r<strong>en</strong>aissant <strong>de</strong> ambi<strong>en</strong>s ; ambi<strong>en</strong>s = id quod ambit — <strong>ce</strong> que ne peut<br />

contester le Professeur Olschki. — Dès lors, grâ<strong>ce</strong> à l’inv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong><br />

Galilée, <strong>ce</strong> fut l’itali<strong>en</strong>, comme nous l’avons dit, qui, le premier parmi<br />

les langues nationales, adopta ambi<strong>en</strong>s. Michaelsson note <strong>ce</strong> fait et,<br />

puisque selon lui l’itali<strong>en</strong> ambi<strong>en</strong>te a une connotation d’imprécision,<br />

il cite von Wartburg pour dire que l’itali<strong>en</strong> est par nature « moins cartési<strong>en</strong><br />

» que les autres langues. Mais « l’imprécision » d’ambi<strong>en</strong>te est à<br />

interroger, même aujourd’hui. Au début, c’était un terme purem<strong>en</strong>t<br />

sci<strong>en</strong>tifique, dans quelque langue qu’il apparût. C’était un mot néolatin<br />

avec les connotations les plus précises, et donc suffisamm<strong>en</strong>t<br />

« cartési<strong>en</strong> » — même pour <strong>ce</strong>ux qui limiterai<strong>en</strong>t <strong>ce</strong>tte épithète au<br />

royaume seul <strong>de</strong> la « clarté » et <strong>de</strong> la « raison ». — Au sujet du jugem<strong>en</strong>t<br />

porté par Michaelsson sur la langue itali<strong>en</strong>ne, il y a un grand<br />

danger à faire <strong>de</strong> telles généralisations apparemm<strong>en</strong>t « idéalistes », <strong>en</strong><br />

particulier quand elles vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sous la plume d’un positiviste tel<br />

que von Wartburg (lequel montrerait sans aucun doute que même les<br />

positivistes peuv<strong>en</strong>t faire preuve <strong>de</strong> souplesse d’esprit). En <strong>ce</strong> s<strong>en</strong>s, la<br />

cause <strong>de</strong> « l’idéalisme » lui-même est sérieusem<strong>en</strong>t mise à mal : à prés<strong>en</strong>t<br />

les opposants <strong>de</strong> l’idéalisme, désarmés, ac<strong>ce</strong>pt<strong>en</strong>t <strong>de</strong> telles généralisations<br />

« sci<strong>en</strong>tifiques », sans se r<strong>en</strong>dre compte que <strong>ce</strong> qui pourrait<br />

passer comme un aperçu* (<strong>ce</strong> qui peut être instructif par son<br />

auda<strong>ce</strong> même) n’est <strong>en</strong> réalité ri<strong>en</strong> <strong>de</strong> plus qu’une édulcoration à la<br />

manque d’une vérité ! L’histori<strong>en</strong> <strong>de</strong>s idées ne peut pas insister trop<br />

fortem<strong>en</strong>t sur <strong>ce</strong>tte nouvelle superstition, <strong>ce</strong> « folklore linguistique ».<br />

— De plus, Michaelsson, <strong>en</strong> faisant appel à <strong>ce</strong>tte généralisation pour<br />

étayer son interprétation « imprécise » d’ambi<strong>en</strong>te, semblerait suggérer<br />

l’absur<strong>de</strong> conclusion selon laquelle toute langue qui conti<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />

expressions imprécises doit être imprécise elle-même : non sci<strong>en</strong>tifique,<br />

non classique. Tous les peuples, <strong>de</strong> tout temps, n’ont-ils pas eu

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