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LEO SPITZER<br />
Comme on l’a dit, Newton usait régulièrem<strong>en</strong>t du mot<br />
medium, qu’il écrivît <strong>en</strong> anglais ou <strong>en</strong> latin, pour r<strong>en</strong>voyer à l’air,<br />
à l’espa<strong>ce</strong>, à l’éther. En latin classique, le substantif medium avait<br />
une double référ<strong>en</strong><strong>ce</strong> spatiale : le <strong>ce</strong>ntre d’un objet, et le point<br />
intermédiaire (une région, une substan<strong>ce</strong>) <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux objets ou<br />
plus 32 . Il paraîtrait évi<strong>de</strong>nt que le second s<strong>en</strong>s fût à la base <strong>de</strong><br />
l’aetherial (etc.) medium <strong>de</strong> Newton : l’air flottant <strong>en</strong>tre tous les<br />
corps. Mais il y a davantage qu’une référ<strong>en</strong><strong>ce</strong> spatiale : Newton<br />
est principalem<strong>en</strong>t intéressé par les propriétés fonctionnelles<br />
<strong>de</strong> l’éther, et medium signifie alors plutôt « (ag<strong>en</strong>t) intermédiaire »<br />
[intermediary (ag<strong>en</strong>t)] que « moy<strong>en</strong> » [intermediate]. Pour un tel<br />
usage <strong>de</strong> medium, on peut trouver son autorité, et <strong>ce</strong>lle <strong>de</strong> ses<br />
précurseurs scolastiques, dans <strong>de</strong>s expressions <strong>de</strong> l’époque<br />
post-classique latine telles que : « <strong>de</strong>us… vos… dignos… faciat<br />
vitae perpetuae per medium ({§d ¥|«§…|ß`»)… Christi” (canon.<br />
Turner, I,2,1,p.32 hh 20). Ici nous avons l’exemple d’une interprétation<br />
fonctionnelle d’une relation spatiale : <strong>ce</strong>lui qui se<br />
trouve « <strong>en</strong>tre » établit les relations <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s unités autrem<strong>en</strong>t<br />
isolées, et sert d’intermédiaire, <strong>de</strong> « medium » <strong>de</strong> communication<br />
ou <strong>de</strong> transmission d’influ<strong>en</strong><strong>ce</strong>s 33 . Cette interprétation<br />
fonctionnelle s’est poursuivie durant la Latinité (cf. ut nihil agat<br />
in distans nisi per aliquid medium cité plus haut — quoique la<br />
relation spatiale soit plus évi<strong>de</strong>nte). Ainsi le terme medium<br />
conv<strong>en</strong>ait admirablem<strong>en</strong>t pour désigner l’éther qui était considéré<br />
par Newton ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t comme un convoyeur, un<br />
transmetteur <strong>de</strong> for<strong>ce</strong>s attractives 34 (cf. le mezzo <strong>de</strong> Léonard<br />
« d’où provi<strong>en</strong>t l’impulsion du mouvem<strong>en</strong>t »).<br />
Cep<strong>en</strong>dant, <strong>ce</strong>la ne signifie pas que le medium <strong>de</strong> Newton<br />
doive être au fond et tout le temps défini comme « moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />
transmission <strong>de</strong>s influ<strong>en</strong><strong>ce</strong>s » — ou par une expression similaire<br />
; au vu <strong>de</strong> son aetherial medium, une telle traduction serait<br />
au mieux maladroite — et au vu d’autres cas et particulièrem<strong>en</strong>t<br />
dans l’Optique, medium ne pourrait assurém<strong>en</strong>t pas être traduit<br />
si précisém<strong>en</strong>t, car <strong>ce</strong> substantif ne désignait pas exclusivem<strong>en</strong>t<br />
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