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178<br />

CONFÉRENCE<br />

termes suivants : « Mais tu cantes et lis ore <strong>de</strong> tel grammaire / Dont tu ne<br />

verras ja Jesu <strong>en</strong>s el viaire / Au jour du jugem<strong>en</strong>t » — une seule action<br />

condamnable est vue alors à l’aune d’un cadre moral, et l’image <strong>de</strong><br />

« réciter une grammaire » s’offre spontaném<strong>en</strong>t au poète médiéval. (Une<br />

variante <strong>de</strong> « réciter sa grammaire » : « réciter, prier selon un cal<strong>en</strong>drier »,<br />

employée métaphoriquem<strong>en</strong>t pour « m<strong>en</strong>er une <strong>ce</strong>rtaine vie », cf. la<br />

scène dans une églogue espagnole <strong>de</strong> Lucas Fernan<strong>de</strong>z, dans laquelle<br />

un berger, incapable <strong>de</strong> reconnaître un ermite qu’il r<strong>en</strong>contre, lui dit :<br />

« Gran famulario / <strong>de</strong>beis ser. ¿ Rezais ’n ese cal<strong>en</strong>dario ? ¿ Sois bisodia<br />

o sois almario ? » J. E. Gillet, Hisp. Rev., XL, 69, interprète le passage :<br />

« Tu dois être un grand érudit… Es-tu un fantôme, ou bi<strong>en</strong> un exorciste<br />

<strong>de</strong>s âmes ? » ; ainsi la question « ¿ Rezais ’n ese cal<strong>en</strong>dario ? » doit signifier<br />

« Mènes-tu <strong>ce</strong> g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> vie ? ») — Il existe égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s déviations<br />

facétieuses <strong>de</strong> <strong>ce</strong> motif (grammatical) : et <strong>en</strong> premier lieu, les énumérations,<br />

sous formes <strong>de</strong> calembours, <strong>de</strong> cas grammaticaux qu’on trouve<br />

dans les Vagant<strong>en</strong>poesie latines (cf. Frantz<strong>en</strong>, Neophil., V, 58 et 357) et<br />

aussi parfois romanes (cf. Levy, Prov. Suppl.-Wb. s.v. g<strong>en</strong>itiu ; Go<strong>de</strong>froy,<br />

Compl. s.v. ablatif ; Dicc. hist. <strong>de</strong> la l<strong>en</strong>gua esp., s.vv. ablativo, accusativo ;<br />

Dicc. val.-cat.-balear. s.v. ablatiu, et FEW s.vv. ablativus, accusativus), —<br />

au moy<strong>en</strong> <strong>de</strong>squelles l’auteur médiéval peut associer ses p<strong>en</strong>sées dans<br />

le cadre grammatical : « Vocativos oculos, / ablativos loculos / gerunt<br />

mulieres. / Si dativus fueris, / g<strong>en</strong>itivus fieri poteris… ». À nouveau, il y<br />

a un jeu avec les conjugaisons verbales tel qu’on le r<strong>en</strong>contre par<br />

exemple dans Milagros <strong>de</strong> Ber<strong>ce</strong>o, st. 238, où un sénateur romain très<br />

influ<strong>en</strong>t est décrit comme ayant « <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>do pr<strong>en</strong>dis bi<strong>en</strong> usada la mano<br />

» : par la conjugaison du verbe latin « voler » on r<strong>en</strong>d euphémiquem<strong>en</strong>t<br />

et ironiquem<strong>en</strong>t compte <strong>de</strong> sa manie du vol ; (<strong>ce</strong> g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> caricature<br />

populaire et bêtem<strong>en</strong>t scolaire [of class-room work] se retrouve jusqu’à<br />

l’époque classique espagnole : [cf. C. Fontecha, Glosario <strong>de</strong> vo<strong>ce</strong>s com<strong>en</strong>tadas…,<br />

p. 306] L. <strong>de</strong> Ubeda : « ni otras sci<strong>en</strong>cias sino conjugar a rapio<br />

rapis por meus mea meum » ; Cervantes, Entremés <strong>de</strong>l rufián viudo, l. 254 :<br />

« si vi<strong>en</strong>e alguno al rapio rapis, que me aguar<strong>de</strong> un poco », où, s’ajoutant<br />

à <strong>ce</strong>la, l’orateur, un coiffeur, joue sur la ressemblan<strong>ce</strong> <strong>en</strong>tre le latin<br />

rapere et l’espagnol rapar — « raser »). Et Eustache Deschamps a fustigé<br />

la simonie sur le nom do das : cf. O. Müller, Das lat. Einschiebsel, Zürich,<br />

1919, p. 114). — De plus, je voudrais attirer l’att<strong>en</strong>tion sur <strong>ce</strong>rtaines<br />

expressions mo<strong>de</strong>rnes, dont l’origine remonte à <strong>de</strong> réelles pratiques<br />

médiévales, et qui désign<strong>en</strong>t le « blâme », la « <strong>ce</strong>nsure » ; à l’origine, un<br />

reproche individuel était inséré dans un cadre systématique — généralem<strong>en</strong>t<br />

liturgique. C’est ainsi que <strong>de</strong>s expressions alleman<strong>de</strong>s telles que<br />

jemand eine Lektion geb<strong>en</strong>, abkapiteln, abkanzeln, die Levit<strong>en</strong> les<strong>en</strong> (cf. Fr.

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