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LEO SPITZER<br />

sci<strong>en</strong>tifiques grecs, « toute chose est remplie <strong>de</strong> Dieu » (Thalès),<br />

et que la sci<strong>en</strong><strong>ce</strong> naturelle <strong>de</strong>s Grecs n’est pas dénuée <strong>de</strong><br />

convictions religieuses ; L. E<strong>de</strong>lstein, Bulletin of the History of<br />

Medicine, a insisté sur <strong>ce</strong> point : « …c’est <strong>ce</strong>la le rationalisme et<br />

l’empirisme grecs : ils sont influ<strong>en</strong>cés par les idées religieuses.<br />

Dieu et Son action sont <strong>de</strong>s pouvoirs admis par les physici<strong>en</strong>s<br />

tant dans leur théorie que dans leur pratique. » Le livre hippocratique<br />

sur la Maladie Sacrée affirme : « Cette maladie provi<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s mêmes origines que les autres, <strong>de</strong>s choses qui vont et vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

dans le corps, du froid, du soleil, et du mouvem<strong>en</strong>t in<strong>ce</strong>ssant<br />

et changeant <strong>de</strong>s v<strong>en</strong>ts. — Ces choses sont divines. » Pour les<br />

physici<strong>en</strong>s qui ont suivi Platon et Aristote, la nature divine du<br />

soleil, <strong>de</strong>s étoiles et du climat n’est pas à remettre <strong>en</strong> cause, et,<br />

<strong>de</strong> même, les for<strong>ce</strong>s du mon<strong>de</strong> inférieur — l’air et l’eau — ne<br />

sont pas privées <strong>de</strong> <strong>ce</strong>tte nature (voir par exemple Platon, Lois,<br />

X, 8996 ; Aristote, Du Ciel, 288 a4-5). Pausanias écrit : « À Esculape,<br />

ils [les Phénici<strong>en</strong>s] assignai<strong>en</strong>t Apollon comme père, mais<br />

aucune femme mortelle comme mère. Esculape est l’air, apportant<br />

la santé à l’humanité aussi bi<strong>en</strong> qu’à tous les animaux ;<br />

Apollon est le soleil, et est appelé le père d’Esculape à bon<br />

droit car le soleil, <strong>en</strong> adaptant sa course aux saisons, insuffle sa<br />

for<strong>ce</strong> à l’air ». On compr<strong>en</strong>d que <strong>de</strong> telles con<strong>ce</strong>ptions <strong>de</strong> l’« air »<br />

et du √μ|◊¥`, et <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong><strong>ce</strong> du √|ƒ§Ä¤∑μ, soi<strong>en</strong>t teintées <strong>de</strong><br />

connotations religieuses.<br />

La con<strong>ce</strong>ption du √|ƒ§Ä¤∑μ que l’on trouve dans la Physique<br />

d’Aristote est particulièrem<strong>en</strong>t importante ; <strong>en</strong> effet, il faut<br />

remarquer que le Stagirite parle <strong>de</strong> l’espa<strong>ce</strong> comme d’un lieu<br />

(…∫√∑») 6 , comme d’un «Ë¥`, une sorte <strong>de</strong> corps physique plus<br />

que mathématique 7 , puisqu’il compare l’espa<strong>ce</strong> à un vase, et les<br />

objets à <strong>de</strong>s liqui<strong>de</strong>s qui y serai<strong>en</strong>t cont<strong>en</strong>us (la langue grecque<br />

associe √|ƒ§Ä¤|§μ à √|ƒ§∑¤ç — « la peau du fruit ») 8 . L’espa<strong>ce</strong> compr<strong>en</strong>d<br />

à la fois les limites du corps cont<strong>en</strong>ant le plus éloigné<br />

et <strong>ce</strong>lles du corps cont<strong>en</strong>u ; la limite <strong>de</strong> l’espa<strong>ce</strong> universel est<br />

la <strong>de</strong>rnière sphère du ciel, l’<strong>en</strong>veloppe ultime pour ainsi dire,<br />

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