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LEO SPITZER<br />

liness] métaphysique et pratique coexistait avec une finitu<strong>de</strong> cosmologique<br />

» (p. 142). Cela dit, il faut préciser que si le christianisme<br />

est lié à l’autre mon<strong>de</strong>, son Dieu ne l’est pas. Au contraire<br />

(comme on le voit chez Dante), Il est <strong>de</strong> <strong>ce</strong> mon<strong>de</strong>, même si<br />

extra-terrestre. La Terre et tout <strong>ce</strong> qu’elle conti<strong>en</strong>t, aussi bi<strong>en</strong><br />

que le ciel qui la surplombe, sont le fruit <strong>de</strong> ses mains — et<br />

l’objet <strong>de</strong> ses p<strong>en</strong>sées. À nouveau, le Professeur Lovejoy oppose<br />

la cosmologie médiévale à l’art médiéval :<br />

Et — à la différ<strong>en</strong><strong>ce</strong> <strong>de</strong>s villes et <strong>de</strong>s autres réalités médiévales —<br />

<strong>ce</strong> schéma cosmique avait les qualités ess<strong>en</strong>tielles d’une œuvre d’art<br />

classique : <strong>en</strong> effet, on peut dire que l’univers est la réalité la plus<br />

classique qui soit au Moy<strong>en</strong> Âge. Les hommes préférai<strong>en</strong>t adorer<br />

Dieu dans <strong>de</strong>s églises gothiques, <strong>ce</strong> qui n’est pas surpr<strong>en</strong>ant,<br />

puisque c’était <strong>en</strong> fait un édifi<strong>ce</strong> grec.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, je p<strong>en</strong>se que <strong>ce</strong> n’est pas vraim<strong>en</strong>t la flèche gothique<br />

poignardant et transperçant le ciel (<strong>ce</strong>tte tardive manifestation<br />

d’un Un<strong>en</strong>dlichkeitsdrang allemand), comme c’est le cas<br />

dans l’église romaine primitive avec son imposante clôture du<br />

Saint <strong>de</strong>s Saints ou dans la coupole byzantine, image finie du<br />

mon<strong>de</strong> infini 24 , qui manifeste les parallèles typiquem<strong>en</strong>t médiévaux<br />

et méditerrano-ori<strong>en</strong>taux avec la cosmologie inspirée <strong>de</strong>s<br />

Grecs. À la lumière <strong>de</strong> <strong>ce</strong>s réflexions, l’anomalie dont parle le<br />

Professeur Lovejoy me semble s’effa<strong>ce</strong>r. Le Moy<strong>en</strong> Âge est<br />

davantage grec dans son aspect philosophique et dans son art<br />

qu’on ne l’admet généralem<strong>en</strong>t. Son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sée est allé à<br />

la r<strong>en</strong>contre du visible et du fini, comme le montre sa capacité à<br />

voir, comme chez les Grecs, les abstractions comme <strong>de</strong>s personnalités<br />

ou <strong>de</strong>s allégories bi<strong>en</strong> définies.<br />

Ainsi, <strong>de</strong>s expressions telles qu’aer ambi<strong>en</strong>s, locus ambi<strong>en</strong>s,<br />

qu’on trouve à la R<strong>en</strong>aissan<strong>ce</strong>, conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> elles <strong>de</strong>s connotations<br />

<strong>de</strong> bi<strong>en</strong>faisan<strong>ce</strong>, d’autolimitation heureuse, <strong>de</strong> finitu<strong>de</strong>.<br />

Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, pour les p<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> la R<strong>en</strong>aissan<strong>ce</strong> qui aspi-<br />

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