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LEO SPITZER<br />
185<br />
confirmé par l’analyse livrée par Brugmann (analyse corroborée par<br />
B<strong>en</strong>v<strong>en</strong>iste, Origines <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s noms, p. 98) au sujet du *medhios<br />
indo-europé<strong>en</strong>, racine supposée <strong>de</strong> ¥Ä«∑», medius, etc. Selon lui, son<br />
origine rési<strong>de</strong>rait dans un *me-dhi — avec un radical me- (cf. le grec ¥|-<br />
…c) suivi d’une terminaison adverbiale, et signifiant « au milieu »* : c’est<br />
<strong>de</strong> <strong>ce</strong>la qu’aurait été extraite la forme adjectivale *medhios qui r<strong>en</strong>voie à<br />
l’attribut d’une « appart<strong>en</strong>an<strong>ce</strong> à (quelque chose) au milieu » (cf. le grec<br />
{|∂ß∑» = « relié au droit », dérivé du locatif *{Ä∂§ = « à droite »).<br />
33 Cette évolution fonctionnelle <strong>de</strong> l’idée d’intermédiaire est un phénomène<br />
courant. En itali<strong>en</strong>, le seul mot mezzo a longtemps recouvert<br />
les <strong>de</strong>ux significations (d’après Tommaseo-Bellini dont les exemples<br />
s’étal<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Dante à Galilée) ; <strong>en</strong> français mo<strong>de</strong>rne, le moy<strong>en</strong>* (= angl.<br />
« means ») est fondé sur Afr. moy<strong>en</strong> (= « intermédiaire » [intermediate]).<br />
En anglais, on doit non seulem<strong>en</strong>t comparer « intermediate » — « intermediary<br />
» mais aussi « mean » — « means » ; <strong>de</strong> plus, quoique le substantif<br />
medium se soit exclusivem<strong>en</strong>t limité à une signification fonctionnelle,<br />
l’adjectif, lui, a gardé l’idée d’« intermédiaire » (<strong>de</strong> même que<br />
le français avec l’adjectif moy<strong>en</strong> par opposition au nom le moy<strong>en</strong>). —<br />
Le substantif anglais medium (comme means) est réservé à l’inanimé,<br />
par opposition à « intermédiaire » [intermediary] : le « medium » <strong>de</strong> l’impression,<br />
<strong>de</strong> l’aquarelle, etc. Il existe un cas, il est vrai, où on l’applique<br />
à une personne : un « medium » spiritiste — mais <strong>ce</strong>tte personne n’est<br />
qu’une chose qui permet passivem<strong>en</strong>t à la communication <strong>de</strong> passer ;<br />
sa fonction est <strong>ce</strong>lle d’un canal à travers quoi le « flui<strong>de</strong> mediumnique<br />
» <strong>en</strong>tre les esprits et les vivants est <strong>ce</strong>nsé s’écouler. Le mot n’est pas<br />
attesté dans <strong>ce</strong> s<strong>en</strong>s avant 1853, mais déjà au dix-huitième siècle, la voie<br />
était préparée par les théories <strong>de</strong> Swe<strong>de</strong>nborg (cf. Bloch s.v. medium,<br />
qui remarque que le terme français a suivi le mot anglais dès 1856) ; il<br />
est intéressant <strong>de</strong> voir que <strong>ce</strong>t emploi <strong>de</strong> medium, illustrant le passage<br />
d’un terme technique à un royaume spirituel, était précédé par un<br />
emploi dont le mysticisme s’appuyait sur <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>ts physiques<br />
<strong>de</strong> <strong>ce</strong> g<strong>en</strong>re. — Un dérivé tardif du √|ƒ§Ä¤∑μ apparaît peut-être dans le<br />
périsprit <strong>de</strong>s spiritistes : comm<strong>en</strong>taire d’E. Bosc (Dict. <strong>de</strong>s sci<strong>en</strong><strong>ce</strong>s<br />
occultes, 1896) : « le corps <strong>de</strong> l’homme comporte une sorte d’<strong>en</strong>veloppe<br />
subtile dénommée double aïthérique [remarquer <strong>ce</strong>tte forme grecque !]<br />
et périsprit par les spirites ».